On a du mal à obéir, non ?
Les enfants à leurs parents.
Le citoyen à la loi.
L’automobiliste au gendarme.
L’élève à sa maîtresse.
Les prêtres à leur évêque.
Pourquoi avons-nous tant de mal à obéir ?
Peut être simplement, parce que nous n’avons pas appris.
Parce que nous sommes libres ! Et que nous croyons tous que la liberté, c’est de faire ce que je veux.
Certainement aussi, parce que nous pensons avoir raison contre tous ou en tout cas plus que les autres
La désobéissance
En fait, il nous vient de loin ce désir de désobéir, il nous vient de la genèse, il est inscrit en nous depuis le péché originel, depuis que nos premiers parents, Adam et Ève ont préféré écouter la voix du serpent plutôt que celle de Dieu et depuis nous traînons avec nous cette désobéissance.
Or, c’est épuisant de désobéir.
Et d’un autre coté c’est dangereux d’obéir à n’importe qui, d’obéir aveuglement.
Et nous sommes écartelés, alors pour éviter ce tiraillement entre la désobéissance anarchique et épuisante et l’obéissance aveugle, il faut choisir à qui nous voulons obéir. et pour cela, pour nous apprendre à choisir, pour nous apprendre à obéir, nous avons une maîtresse , une maitresse d’obéissance, celle que l’Église nous donne aujourd’hui: Marie à Cana « Tout ce qu’il vous dira faites le »
Y a-t-il une seule personne au monde dont vous pourriez dire « Tout ce qu’il vous dira, faites-le. »?
Imaginez que M. Bayrou vous le dise de M. Macron « tout ce qu’il vous dira faite le » ben non, il n’est pas Jupiter, il peut se tromper et donc m’entraîner avec lui dans sa chute.
Imaginez que votre patron vous le dise de votre manager « Tout ce qu’il vous dira, faites-le. » Ben non, éventuellement ok pour ce qui concerne mon boulot et encore, mais pour le reste ça va, je me débrouille
Imaginez Antoine Dupont dire au reste de l’équipe du stade, « tout ce que vous dira Mola faites le », ben non, ils veulent garder une part de liberté pour pouvoir improviser, s’adapter à l’adversaire et puis Mola il n’est pas sur le terrain, « c’est nous qui jouons. »
Et il faut bien avouer que même pour Jésus nous avons des réticences, nous faisons ce qu’il nous dit la plupart du temps, parce que nous sommes catholiques, parce que nous croyons en Lui, parce que nous avons confiance en Lui.
en qui mets tu ta confiance?
Nous avons plus confiance en Lui qu’en M. Macron parce que Jésus ne peut ni se tromper ni nous tromper.
Nous avons plus confiance en Lui qu’en notre patron, parce qu’il ne nous a pas promis de nous faire gagner de l’argent, mais il nous promet la vie en plénitude et que c’est ce à quoi, notre cœur aspire, vivre, vivre pleinement.
Nous avons plus confiance en Lui qu’en Ugo Mola parce qu’il ne nous regarde pas du bord du terrain, mais parce qu’il est avec nous jusqu’à la fin des temps, parce qu’il est embarqué avec nous dans la barque, parce qu’il ne nous abandonnera jamais.
Nous avons confiance en Lui et nous faisons ce qu’il nous dit.
Nous faisons ce qu’il nous dit, mais parfois, nous échouons.
Nous faisons ce qu’il nous dit, mais parfois, nous résistons.
Nous faisons ce qu’il nous dit, tant que ça nous semble raisonnable.
Nous faisons ce qu’il nous dit, tant qu’on le comprend.
Nous faisons ce qu’il nous dit, tant que ça ne nous dérange pas trop en fait.
Nous faisons ce qu’il nous dit tant que nous maîtrisons les choses.
Tout?
Mais marie ne dit pas « ce qu’il vous dira faites le » mais « tout ce qu’il vous dira faites le », c’est là la différence, le « tout »
Vous êtes catholique et vous êtes prêt à suivre Jésus, mais jusqu’à un certain point, ensuite nous posons nos limites, parce qu’il ne faut pas pousser, nous obéissons, mais pas en tout, nous lisons la Parole de Dieu, mais pas toute, nous trions, il y a tel ou tel verset que nous évitons soigneusement parce qu’il nous demanderait trop, je sais pas, tenez par exemple:
« Si tu as quelque chose contre ton frère, va trouver ton frère et dis-le-lui. »
« Si ton œil t’entraîne au péché, arrache-le. »
« Pardonne à celui qui t’a fait du tort. »
« Jésus se leva, avant l’aube. Il se rendit dans un endroit désert, et là, il priait. »
« J’étais un étranger et vous m’avez accueilli. »
« Donne ton nécessaire et pas seulement ton superflu. »
« Prends ta croix et suis moi »
« Bénissez ceux qui vous maudissent. »
Vous savez toutes ces paroles, que nous évitons, que nous interprétons à notre sauce ou que nous n’entendons même pas. Attention je ne dis pas que tous ici, nous n’entendons pas toutes ces paroles, il y en a certainement la plupart d’entre celles que je viens de citer où le Seigneur est déja venu vous convertir, où il a travaillé votre coeur mais il en reste une, une ou deux à laquelle vous résistez. Je ne sais pas laquelle, il n’y a que Dieu et vous qui savez où se situe cette résistance. et dans la prière chacun de nous dit « Seigneur ce que tu me dis je le fais, pas tout mais presque tout » et Marie, Marie qui prie pour nous, nous dit dans la prière « tout ce qu’il vous dira faites le » pas presque tout, non, tout.
Le mauvais vin
Et tant que nous résistons nous aurons du vin, mais du mauvais vin et un jour, il s’épuisera.
Le tout, c’est ce plus que le Seigneur nous demande, le saut de la foi, il ne nous y contraindra jamais il demande l’obéissance, la libre obéissance, l’obéissance jusqu’au bout et pour cela il nous enseigne, il nous donne la meilleure des enseignante Marie « tout ce qu’il vous dira faites le »
La véritable transformation de nos coeurs, la véritable conversion, elle vient du « tout »
Pourquoi ?
Parce qu’il faut la foi
Parce qu’il faut un abandon
Parce qu’il faut la confiance pour oser ce tout
Car il vient toujours ce moment dans notre vie où nous manquons de vin
Il y a un moment dans notre vie où on risque de finir à l’eau plate.
Et une vie entière a l’eau plate, ce n’est pas la joie.
Vous savez ce moment de votre vie ou vous sentez que vous risquez de vous installer.
Ce moment de votre vie où la routine gagne
Ce moment de votre vie où l’habitude prend la place de l’audace.
Ce moment de votre vie ou le confort prend la place de l’aventure, et je ne parle pas là d’aller au bout du monde, non je parle de cette aventure qu’évoque Bernanos, la sainteté, car dit-il: « la sainteté est une aventure, elle est même la seule aventure »
Alors à ce moment, écoutez Marie, écoutez-la vous dire « Tout ce qu’il vous dira, faites-le. »
« Tout »
Jusque-là Seigneur, je t’ai écouté, mais je vois bien ce que j’ai gardé de coté, je vois bien ce que je n’ai pas voulu te donner, je vois bien quand j’ai résisté, quand je n’ai pas voulu t’obéir, obéir jusqu’au bout.
Nous n’avons pas osé obéir jusqu’au bout, nous n’avons pas osé offrir parce que nous regardions ce que cette obéissance risquait de nous enlever. Trop souvent, on focalise sur ce qu’on risque de perdre en oubliant ce que nous allons gagner « mais Dieu n’enlève rien, il donne tout. »
Alors si Jésus te demande d’aimer, aime.
Si jésus te demande de pardonner, pardonne.
Si jésus te demande de trancher, tranche.
Si jésus te demande de donner, donne.
Si jésus te demande d’accueillir, accueille.
Si jésus te demande de servir, sers.
Si jésus te demande de le suivre, suis-le.
A Cana
Et rappele-toi que c’est à Cana que Marie a prononcé cette parole : « Tout ce qu’il vous dira, faites-le. »
À Cana Dieu, n’enlève rien, il donne tout.
A cana, Jésus sauve la fête.
Là où le vin était épuisé, il donne le vin le meilleur et il le donne en abondance.
Jésus veut aussi sauver nos vies.
Jésus veut aussi répandre la joie dans nos cœurs.
Il nous demande juste cette obéissance.
Car l’obéissance fait des miracles et celle qui nous le dit, c’est Marie,
celle qui au jour de l’Annonciation avait elle aussi des réticences « comment cela va-t-il se faire ? »
Celle qui nous le dit, c’est celle qui posait des limites au Seigneur « je ne connais pas d’homme »
Celle qui nous le dit, c’est celle qui a écouté la voix du seigneur « que tout m’advienne selon ta parole »
Celle qui nous le dit, c’est celle qui dans son magnificat chante « le Seigneur fit pour moi des merveilles »
Celle qui nous le dit, c’est Marie qui a obéit à Dieu
Marie dont l’obéissance a porté le plus beau des fruits : Jésus notre sauveur
Alors, « Tout ce qu’il vous dira, faites-le. »
Abbé Simon d’Artigue