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Comme Pierre – Homélie Sts Pierre et Paul 2025

Comme Pierre – Homélie Sts Pierre et Paul 2025

Il y a 21 ans, je célébrai ma première messe en cette fête des saints Pierre et Paul.

J’étais prêtre depuis 24 h et j’entendais Jésus dans l’Évangile m’adresser cette parole « suis-moi » et moi tout feu tout flamme comme Pierre, plein de la grâce de l’ordination (celle que tu recevras Jean-Baptiste dans quelques heures) moi, je lui ai répondu, bien entendu Seigneur, je veux te suivre. Je voulais le suivre, je voulais le servir avec toute la fougue de la jeunesse, le suivre, l’aimer, donner ma vie pour lui, plein de projet, de grand désir, de convertir le monde entier en commençant par Toulouse. 

C’est vrai de moi il y a 21 ans.

Mais je pense que c’est vrai de chaque couple dans cette église ! Souvenez-vous le jour de votre mariage le jour de votre oui, comme votre cœur était embrasé d’amour.

C’est vrai de chaque catéchumène ! Souvenez-vous le jour où vous avez rencontré le Seigneur, où il est venu frapper à la porte de votre cœur et « votre cœur n’était il pas tout brûlant. » 

C’est vrai de chaque néophyte ! Le jour de votre baptême, vous vous êtes dit, Seigneur, je te suivrai partout où tu iras, jamais je ne t’abandonnerai. 

Au début de notre chemin, nous sommes tous comme Pierre, nous sommes de feu, d’un feu que Dieu est venu lui-même allumer en nous. 

Être de feu

Et c’est bon d’être ardent au début de notre vie à la suite du Christ.

Et c’est bon d’être plein de rêves… et parfois d’illusion. 

Et c’est bon de s’enthousiasmer. 

Et c’est bon de croire en soi et en l’autre. 

Et c’est bon de croire que rien ne nous résistera.

Et c’est bon de croire que le monde nous appartient.

Sinon on ne partirait jamais, 

Sinon on ne s’engagerait jamais 

On resterait sur son rocher, comme une huître, une vie à se nourrir de ce qui passe à notre portée.

Avouez qu’une vie d’huître ou de moule ça ne fait pas rêver….

Il faut un peu de folie pour donner sa vie par amour.

Il faut un peu d’audace pour s’engager à la suite du Christ.

Il faut un peu de confiance pour partir sans savoir où il nous conduira. 

Cette folie, cette audace, cette confiance Dieu nous les donnent pour commencer le chemin avec lui, pour nous lancer et comme Pierre nous commençons le chemin à la suite du Christ,

Comme Pierre

Comme Pierre, nous l’écoutons

Comme Pierre, nous le fréquentons 

Comme Pierre, nous nous mettons à son école

Comme Pierre, nous cherchons à l’imiter 

Et comme Pierre un jour nous nous opposerons à Lui « Passe derrière moi satan, tes pensées ne sont pas mes pensées »

Au début, nous croyons toujours que jamais nous ne l’abandonnerons. Mais évidemment que nous abandonnerons le seigneur, évidemment qu’arrive un jour dans notre vie où nous sommes fatigués, un jour où nous sommes déçus, un jour où nous sommes blessés, un jour où nous doutons, de nous, de l’autre ou de Dieu, évidemment qu’il y a un jour où comme Pierre, nous le trahirons « non, je ne connais pas cet homme » 

Le jours des larmes

Ce jour arrive dans notre vie de prêtre, dans notre vie d’époux, dans notre vie d’épouse, dans notre vie de chrétien, ce jour arrive toujours et ce jour est décisif. 

Car nous pouvons bien faire cette promesse au Seigneur, je ne t’abandonnerai jamais » cette promesse, elle ne tient que sur notre volonté, nos petites forces, nos illusions en sommes ; Ce n’est pas à nous de faire une promesse au Seigneur, c’est à nous d’accueillir sa promesse, c’est lui qui le premier nous a dit « jamais je ne t’abandonnerai » et cette promesse, elle ne passe pas, Dieu est fidèle à sa promesse. 

Au début du chemin, nous lui disions, je veux faire de grandes choses pour toi, après l’épreuve nous l’entendons nous dire « laisse-moi faire de grandes choses en toi et d’abord laisse-moi détruire l’édifice que tu t’es construit, il est branlant, il est fragile  parce qu’il y a trop de toi et pas assez de moi. » 

Et s’il est bon d’être ardent au début de notre vie à la suite du Christ, il est meilleur de le laisser brûler en nous. 

Et s’il est bon d’être plein de rêves et parfois d’illusion, il est meilleur d’accueillir la réalité, notre réalité

Et s’il est bon de s’enthousiasmer, il est meilleur de L’accueillir.

Et s’il est bon de croire en soi et en l’autre, il est meilleur de croire en Lui, de mettre notre foi en Dieu et en Dieu seul.

Et s’il est bon de croire que rien ne nous résistera, il est meilleur de ne pas Lui résister, de céder au Seigneur afin qu’il brise notre armure

Et s’il est bon de croire que le monde nous appartient, il est meilleur d’appartenir à Jésus.

Car il est bon de partir, mais il est meilleur de durer, de persévérer, de le suivre jusqu’au bout.

Et entre le départ et le but, il y a ce jour de l’épreuve, ce jour des larmes.

Ouverts à la grâce

Et le jour où cela arrive Seigneur donne-moi de ne pas me révolter, de ne pas me dérober, de ne pas désespérer, ni de moi, ni de toi Seigneur ; donne-moi de ne pas me détourner de ton regard afin de pleurer, comme Pierre. 

Comme Pierre un jour, nous pleurerons devant le visage de Jésus, son visage maculé de son sang, de ses larmes et de nos crachats. 

Et ces pleurs ouvrent nos cœurs à sa grâce. 

Et son regard, son regard aimant nous inonde de sa grâce. 

Car ce que Jésus veut éprouver en nous ce n’est pas notre force, mais notre faiblesse. Ces larmes elles sont le signe que nous nous sommes laissé vaincre par sa miséricorde et c’est alors que s’ouvre pour nous le deuxième appel, le deuxième « suis-moi », le deuxième oui, le oui du pauvre. 

Car aujourd’hui, nous sommes au chapitre 21 de l’évangile de saint Jean, le dernier chapitre, la toute fin de l’histoire. 

Le premier « suis-moi » , il était au premier chapitre. 

Il était au même endroit : Sur les bords du lac de Galilée 

Mais entre les deux « suis moi », il y a trois ans, il y a le chemin, il y a la chute, il y a les pleurs.

Le deuxième appel

Alors, au bord du lac, avant de lui demander à nouveau « suis-moi » Jésus pose à Pierre une seule question

Jésus nous pose une question, une seule question, la seule question qui vaille: « m’aimes-tu ? » 

Car la seule chose dont le Christ a besoin, c’est de notre amour, 

Il ne veut pas de notre force.

Il ne veut pas de nos talents.

Il ne veut pas de nos grandes œuvres.

Il ne veut pas de nos idées géniales  

Il ne veut que notre faiblesse pour nous remplir de sa force. 

Il ne veut que notre amour, cet amour qu’il faut nous arracher du cœur « Seigneur, tu sais tout, tu sais bien que je t’aime » 

Et comme Pierre, pécheur pardonné 

Et comme Pierre au cœur blessé, blessé et guéri

Et comme Pierre pauvre et disciple 

Et comme Pierre dans la vérité dépouillée 

Et comme Pierre à qui il ne reste que sa faiblesse et son immense amour, son pauvre amour, son amour nu 

Comme à Pierre, il nous dira, il nous redira, « suis-moi. »

Et comme pierre ne nous appuyant que sur son amour 

Comme Pierre plein de joie 

Comme Pierre, nous le suivrons 

jusqu’au bout.

Abbé Simon d’Artigue