La 1ère lecture est assez étrange. Ce n’est vraiment pas quelque chose qu’on a l’habitude d’entendre dans la liturgie. Abraham prend 5 animaux, et il les partage en 2.
Les exégètes nous disent que c’est un texte assez ancien qui parle de la manière dont un pacte était conclu. Les contractants passaient entre les animaux et ils appelaient le sort fait à ces animaux sur eux s’ils rompaient le pacte.
Abraham tombe dans un sommeil mystérieux à ce moment-là. Le même sommeil d’Adam lorsque Dieu crée la femme. C’est un sommeil qui le coupe de tout et qui l’amène au centre, à Dieu lui-même. Ensuite, Dieu passe entre les animaux, sous la forme d’un « brasier » et d’une « torche ». Finalement, Dieu conclut le pacte avec Abraham et sa descendance.
Pourtant, on le sait bien. Du côté de Dieu, l’alliance n’est pas rompue, mais de notre côté… Alors se réalise l’impensable et l’inimaginable : pour Dieu, nous sommes tellement importants que nous devenons dignes de la Passion de Jésus Christ. Dieu s’incarne, devient fils d’Abraham, et il a lié sa destinée à l’Alliance qu’il a conclu. Il accepte le sort des animaux le vendredi saint en mourant sur la croix, par amour pour nous.
Dieu le Père est lié substantiellement à Dieu le Fils, et Jésus Christ, Dieu Fils, est venu s’incarner. Il a lié sa destinée à la nôtre, fils d’Abraham. Ce brasier et cette torche qui passent entre les animaux à l’époque, c’est la même nuée qui passe dans l’évangile et qui dit « Celui-ci est mon Fils, celui que j’ai choisi : écoutez-le ! »
Ce Dieu d’amour s’est montré fidèle à l’alliance qu’il avait conclue, fidèle de son côté, mais aussi du nôtre. Sa fidélité appelle notre fidélité. Lui a été fidèle à sa promesse, et sa fidélité a été tenue jusqu’au bout. Dieu a été fidèle de son côté, mais aussi du nôtre en devenant héritier de la promesse.
Alors nous aussi soyons fidèles dans les petites choses du quotidien. C’est dans les petites choses que le Seigneur nous attend, afin qu’on puisse être fidèle dans les grandes. Le Seigneur nous invite à de petites choses régulières, pas de grandes ponctuelles. Il vaut mieux prier 10 min par jour qu’une heure par mois par exemple.
Le Seigneur est fidèle à son Alliance, et il l’est jusqu’au bout. Il nous invite à la même fidélité. Peut-être que pour certains, la fidélité est moins difficile que pour d’autres. Je pense particulièrement à vous catéchumènes et néophytes d’un côté, et vous chrétiens depuis le plus jeune âge.
De manière générale (évidemment je n’en fais pas un absolu), il est plus facile de durer dans la foi quotidienne quand on y baigne depuis toujours. Quand vous demandez le baptême ou la confirmation, c’est une grande chose que vous demandez ; et après, ça peut être plus difficile de durer dans le temps. Ce n’est pas facile de se convertir et vous avez un grand mérite de prendre ce chemin du baptême.
Mais nous qui sommes chrétiens depuis longtemps, nous avons le devoir d’aider nos frères et sœurs à durer dans la fidélité des petites choses. Nous devons tous nous engager auprès des catéchumènes pour les connaître, les aider à avancer dans les mystères chrétiens, et dans la fidélité à Jésus Christ.
C’est dans ce sens que notre curé appelle chacun de nous à ce que l’accueil ne soit pas juste un mot sympathique, mais qu’il s’incarne. C’est là aussi où nous mettons en place les Barnabé pour nous entraider. Les vieux aident les jeunes à tenir dans le temps ; les jeunes aident les vieux à rallumer la flamme missionnaire qui s’épuise.
Dieu a été fidèle à son alliance. Par sa fidélité, il nous sauve. Nos fidélités participent au salut du monde. Et toi, et moi, arrivons-nous à entretenir ces fidélités ?
Mt 25, 21 : « Très bien, serviteur bon et fidèle, tu as été fidèle pour peu de choses, je t’en confierai beaucoup ; entre dans la joie de ton seigneur. »
Abbé Vincent du Roure