On a commencé le carême il y a 5 jours.
On va faire un petit point… Où est-ce que vous en êtes ?
Vous êtes bien partis ??
Là, il y en a quelques-uns qui baissent la tête…
Vous vous rendez compte que depuis mardi gras rien n’a changé.
En fait, vous n’êtes pas encore entré dans le carême, c’est un classique.
C’est la tactique du diable la plus classique, la base, nous planter dès le début pour nous décourager tout de suite et qu’on se dise intérieurement, de toute manière ça sert à rien, même pas la peine d’essayer…
Oui, parce qu’il n’y a rien qui énerve plus le démon qu’un catholique qui fait son carême
Au début du carême le démon, il est tendu, il voit ces centaines de cœurs, les vôtres, décidés à se tourner vers Dieu, à se convertir, à croire à l’évangile (oui, c’est ce que vous avez entendu mercredi.)
Oui, parce que c’est ça le carême, pas tant des efforts, que se tourner vers Dieu, alors bien sur se tourner vers Dieu ça demande quelques efforts en effet !
Le démon n’aime pas le carême
Donc le démon n’aime pas le carême.
Il n’aime pas parce que ça lui rappelle de mauvais souvenirs, ça lui rappelle la branlée qu’il a prise quand il a voulu s’attaquer à Jésus au désert, KO en trois rounds : Premier round, il tente une attaque au ventre, deuxième round, il essaie de viser à la tête, troisième round tentative de direct au cœur, et vous savez quoi ? Aucun de ses coups n’a porté, il n’a pas touché une seule fois, il était là avec ses petits bras chétifs à faire des moulinets dans le vide et là, riposte de Jésus : Pim, pam, poum, au tapis, KO, c’est réglé, c’est propre, next !
Du coup à chaque carême, comme pour commémorer sa défaite sur le Fils de Dieu oui, il est un peu tordu le démon, il commémore ses défaites.) Il va au désert pour tenter de faire tomber les fils de Dieu, nous.
Et vu qu’il manque totalement d’originalité, il tente les trois mêmes vielles ruses, les mêmes tentations, il n’a aucune originalité
Les trois tentations
Il attaque toujours pareil : au ventre, à la tête et au cœur.
Vous les connaissez ses trois tentations.
Le ventre, c’est la gourmandise et la sensualité
La tête, c’est L’orgueil et le pouvoir
Le cœur, c’est le doute
Nous les connaissons et pourtant, parfois nous nous laissons attraper.Vous savez pourquoi ? Parce que nous n’avons pas le bon entraîneur ! Le bon entraîneur, c’est celui qui a déjà remporté la victoire, celui qui connaît les faiblesses de l’adversaire. Le bon entraîneur, c’est Jésus !
En face de chaque tentation, il nous propose une arme et une stratégie pour combattre. Alors apprenons de lui : une tentation, une arme, une stratégie.
le ventre
La première tentation, c’est celle du ventre, celle du corps tout entier en fait. Notre corps, c’est le lieu du don de soi et du service, c’est avec ton corps que tu aimes en acte et en vérité, le démon va donc chercher à nous faire perdre la maîtrisée de nous-même, en nous ramollissant ou en nous rendant addicts, en nous soumettant à nos passions : La colère, la paresse, la sensualité pour qu’elles prennent toutes la place et nous gouvernent, nous faisant ainsi perdre notre liberté.
Première tentation le ventre, première arme de Jésus : le jeûne : « L’homme ne vit pas seulement de pain. » Attention le jeûne ce n’est pas une espèce de privation horrible de ce que vous aimez, le jeûne, c’est un sacrifice, c’est-à-dire une offrande pour faire quelque chose de sacré, c’est ça étymologiquement le sacrifice, faire du sacré, tu offres une petite privation et Dieu va faire quelque chose de grand de ta vie. Vous le savez avec Dieu, c’est toujours plus grand, disproportionné. (Quitte ta maison, tu recevras au centuple, la piquette de Cana qui se transforme dans le vin le meilleur, quand il multiplie les pains, il en reste douze corbeilles…)
Et un conseil, faits porter ton jeûne sur le lieu de ta tentation, sois précis.
Si tu es paresseux, jeûne de grasse matinée et réveille toi à la seconde ou ton réveil sonne
Si tu passes trop de temps sur tes écrans jeune de réseau sociaux et coupe ton téléphone à 10 h le soir
Si tu es gourmand, jeune d’alcool ou de sucre. Une tentation, une arme, une stratégie, et la stratégie de Jésus face à cette première tentation « l’homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole sortant de la bouche de Dieu. » Jésus ne discute pas avec le démon, il écoute son Père et il cite la parole de Dieu, celle qui habite son cœur de fils. Alors toi, fais comme Jésus, face à la tentation, ne prêtez pas attention à elle, plus on la regarde plus elle grossit, plus on la combat frontalement plus on lui donne de l’importance, plus on la muscle. Vous connaissez ce dicton toulousain les jours de vent d’autan « on ne discute pas avec le vent, on ferme sa fenetre. » Face à la tentation, il faut fermer sa fenêtre, il faut s’en foutre, ne pas la regarder, mais se tourner vers Dieu, vers sa parole qui nous indique toujours le chemin.
la tête
Première tentation, le ventre, deuxième tentation, celle de la tête, la tête, le lieu de l’intelligence, du pouvoir et de l’orgueil.
Le démon va nous gonfler la tête et il a toujours la même stratégie : si tu fais ça, tu auras ça et tu seras quelqu’un, quelqu’un d’important, quelqu’un qui compte. Ça avait déjà marché avec Adam : Si tu manges du fruit de l’arbre, tu auras la connaissance du bien et du mal et tu seras comme Dieu : tu fais, tu as, tu es. Il tente encore avec Jésus : Si tu te prosternes devant moi, tu auras tous les royaumes de la terre et tu seras le maître du monde. Le péché ça commence toujours par un tout petit truc, juste croquer la pomme, se prosterner devant le diable, un geste anodin, un petit rien.
Et jésus de sortir sa deuxième arme : l’humilité, « C’est devant le Seigneur ton Dieu que tu te prosterneras, à lui seul, tu rendras un culte. »
Oui, je me prosterne, mais devant Dieu, Dieu seul.
À votre avis pourquoi est ce qu’on s’agenouille à la consécration, ce n’est pas pour faire plus tradi. C’est que cet agenouillement, c’est le signe d’humilité par excellence. Cet agenouillement devant notre Dieu, il nous garde de tous les autres agenouillements serviles : l’agenouillement devant l’agent, devant le pouvoir, devant une promotion, devant les puissants. Cet agenouillement, c’est l’agenouillement des hommes libres, c’est l’agenouillement du vieillard Mardochée (dans le livre d’Esther) qui refuse de s’incliner devant le tyran de Suse, Assuerus qui le menace de mort et Mardochée lui répond « je ne me prosternerai devant personne, sauf devant mon Seigneur »
Une tentation, une arme, une stratégie et face au péché la stratégie, c’est d’éloigner l’occasion de pêcher, si la pomme te tente et que tu sens que tu vas croquer dedans, éloigne la pomme ou éloigne toi de la pomme, je dis la pomme, mais ça peut être ton ordinateur, ton portable, une bouteille ou Juliette. C’est Jésus qui nous dit ça à propos de l’infidélité : celui qui regarde une femme avec envie à déjà commis l’adultère dans son cœur, si ton œil t’entraîne au péché arrache le, si ta main t’entraîne au péché, coupe la. Alors plutôt que de finir borgne ou manchot tranche ce qui pourrait te faire chuter, tranche vigoureusement, tranche dès que tu te rends compte qu’il y a un risque pour ton âme et écoute ceux qui te mettent en garde. Car le démon va chercher à t’enfermer dans ton orgueil en te faisant croire que tu ne risques rien, que tu es à l’abri, que tu es fort, que tu vas y arriver tout seul : mensonge !!
le coeur
Troisième tentation : celle qui touche au cœur, la tentation du doute. Le diable cherche toujours à nous faire douter, à nous faire douter de nous-même, à nous faire douter de l’autre, à nous faire douter de Dieu : est-ce que tu crois que Dieu peut te sauver ? Est-ce que tu crois que ce n’est pas qu’une illusion ? Juste la projection de tes désirs les plus grands ? Le doute qui détruit tout ! Le doute qui laisse autour de lui un immense champ de ruines.
Une tentation, une arme. En face du doute l’arme, c’est la vérité et la lumière. Le démon cherche à nous isoler, à nous enfermer et le Christ te dis, ouvre toi, ouvre ton cœur, et c’est la confession, ce moment où plutôt que de s’enfermer sur son péché on décide de s’en ouvrir à Dieu, de laisser sa douce lumière éclairer nos ténèbres, non pas pour nous juger, mais pour nous sauver, car si le doute ruine, la vérité sauve et reconstruit.
tu fais, tu as, tu es?
Une tentation, une arme, une stratégie. Une stratégie pour contrer la stratégie la plus vicieuse du démon, le doute le plus radical, c’est quand il tente de nous faire douter de notre identité. c’est la première phrase du démon à Jésus dans l’évangile du combat au désert : « Si tu es le fils de Dieu », tu es sûr que tu es fils de Dieu ? Prouve-le-moi, dit le démon ! Fais ça, tu auras ça et alors tu seras quelqu’un. Jette-toi dans le vide, tu auras la protection de Dieu et tu seras fils de Dieu. Fais-le, obéis moi dis le démon !
Toujours la même tactique, toujours la même inversion des valeurs : fais, tu auras, tu seras. L’action, l’avoir et l’être. Et nous nous nous laissons avoir: nous faisons toujours plus jusqu’à exploser, pour avoir toujours plus jusqu’à dégueuler en espérant devenir quelqu’un. Le mensonge des mensonges ! La tentation des tentations !
Tu es, tu as, tu fais!
Mais Jésus n’entre pas dans ce petit jeu du mensonge et de l’inversion des valeurs. Jésus ne doute pas, il sait qui il est. Il est le fils de Dieu, il a le pouvoir sur les nations, il vient pour sauver le monde. Il est, il a, il fait. C’est là le bon ordre : je suis, j’ai, je fais. La source de son pouvoir, c’est son identité : il est le Fils de Dieu et c’est pour cela que les attaques du démon n’ont aucune prise sur lui, il n’y a pas l’épaisseur d’une feuille de papier bible entre le père et Lui « mon Père et moi, nous sommes un. »
Enfants de Dieu, aimés de Dieu
Mes frères, mes sœurs…
Nous aussi nous sommes fils et filles de Dieu.
C’est notre identité la plus profonde.
C’est sur cette identité que se fonde notre foi.
Nous sommes enfants de Dieu.
C’est sur cette identité que se fonde notre action.
Nous sommes fils de Dieu.
C’est dans cette identité que nous trouvons notre force.
Vous êtes filles de Dieu.
Le démon essaiera toujours de vous faire croire que Dieu ne vous aime pas.
Que tu es indigne d’être son fils
Que tu ne mérites pas d’être sa fille
Il essaiera de te faire douter de cette identité magnifique : tu es enfant de Dieu.
Il ment, il ne sait faire que ça.
Il a perdu le combat il y a longtemps.
Il a perdu et il le sait.
N’écoute pas sa voix.
Écoute la voix du Seigneur qui te dit.
Tu es mon fils.
Tu es ma fille.
Je t’aime.
Abbé Simon d’Artigue