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Me voici : envoie-moi ! Homélie 5 TO C

Me voici : envoie-moi ! Homélie 5 TO C

J’entendis alors la voix du Seigneur qui disait : « Qui enverrai-je ? qui sera notre messager ? » Et j’ai répondu : « Me voici : envoie-moi ! »

Non mais quel gonflé ce cher Isaïe ! Moi, j’entends Dieu qui demande à quelqu’un de l’aider à transmettre son message, je n’y vais pas c’est sûr.

Ma vie n’est pas conforme à la loi de l’Église. Je suis quelqu’un de timide. Il y a une distance entre ce que je dis et ce que je fais. Je n’ai pas reçu de mission de la hiérarchie pour faire ce qui est demandé. Je suis fatigué. Je dois me former. J’ai trop peur. Je suis malade et je ne peux pas bouger. Je suis trop âgé pour parler aux jeunes. Je suis trop loin de la réalité de ce que les personnes vivent. Bref, je n’y vais pas.

Je m’arrête, parce que je suis sûr qu’en poussant un peu, je peux trouver beaucoup d’autres excuses.

En allant droit au but, ces fausses excuses sont de l’orgueil. Alors on connait tous l’orgueil de la fierté. « Moi je suis le meilleur, je parle de Jésus autour de moi. » Mais soyons honnêtes, cet orgueil est assez rare au quotidien dans nos vies.

Mais il existe l’orgueil inverse. Cet orgueil qui nous fait croire que nous sommes tellement petits que Dieu ne peut nous donner la grâce. Oui en effet, nous sommes finis face à Dieu infini ; mortels face au Dieu immortel ; pécheurs face au Dieu 3 fois saint. Mais penser que Dieu ne peut pas agir en nous, c’est de l’orgueil, et c’est ce qu’on pourrait appeler un péché contre la foi et l’espérance.

Dieu nous a créé sans nous, mais il ne veut pas nous sauver sans nous. St Paul nous montre bien ce qu’est la véritable humilité dans son épître. « Moi, je suis le plus petit des Apôtres, je ne suis pas digne d’être appelé Apôtre, puisque j’ai persécuté l’Église de Dieu. Mais ce que je suis, je le suis par la grâce de Dieu, et sa grâce, venant en moi, n’a pas été stérile. Je me suis donné de la peine plus que tous les autres ; à vrai dire, ce n’est pas moi, c’est la grâce de Dieu avec moi. »

Comme St Paul, Isaïe, Simon, André, Jacques et Jean, nous ne sommes rien face à Dieu qui est tout. Mais nous pouvons quand même faire quelque chose, nous ne le pouvons pas nous-mêmes directement mais par la grâce de Dieu. Ce n’est pas moi, c’est la grâce de Dieu avec moi !

On pourrait aussi prendre comme exemple la Vierge Marie. Une sainte femme, humaine comme nous. Elle n’était rien face à toute la majesté divine. Mais par grâce, elle a participé grandement à l’œuvre du salut. Mais à vrai dire, ce n’était pas elle, mais la grâce de Dieu avec elle.

On pourrait dire la même chose des anges je pense. Face à Dieu, ils ne sont que des créatures, et tout ce qu’ils font de bien, ils le font par la grâce de Dieu.

Cette réalité, Isaïe l’a très bien comprise lorsqu’il voit les séraphins. Il se sent indigne simplement de voir la cour céleste, et il a raison. Mais par la grâce de Dieu, qui est un charbon ardent, il laisse la grâce agir en lui. Dans sa réponse « Me voici ! Envoie-moi ! », c’est sa réponse libre personnelle qui se fait entendre, mais mue par la grâce de la charité.

Quand Paul dit qu’il a transmis l’Évangile, qu’il s’est donné plus de peine que tous les autres, c’est libre et mu par la grâce qu’il agit.

Quand les 4 premiers disciples décident de suivre Jésus, c’est libre et mus par la grâce qu’ils agissent.

Et toi, et moi… Est-ce que nous sommes ouverts à la grâce ? Est-ce que nous y croyons ? On se sent indignes, hein ! Mais pourtant, Dieu t’a choisi, Dieu m’a choisi pour que je parle de lui à la Création toute entière.

Alors, avançons au large, et allons jeter nos filets pour la pêche.

Abbé Vincent du Roure