On est combien là… Pas nombreux. C’est parce qu’on a trié, on n’a pas laissé entrer tout le monde, on fait un casting sévère et qu’on a gardé que le dessus du panier, la crème de la crème, le best-of, l’élite du catholicisme toulousain ! Les autres ?? Les tièdes, les païens, les débauchés, ils sont restés dehors !
un bon catholique?
Donc vous êtes catholiques, vous êtes même ce qu’on appelle de bons catholiques : ben oui, vous venez à la messe tous les dimanches (ou presque), il vous arrive de vous confesser, de lire la parole de Dieu le soir avant de vous coucher ; vous donnez à la quête et aux pauvres, vous ne couchez pas avant le mariage bien entendu, vous ne buvez que de l’eau ou parfois un peu d’alcool, mais toujours avec modération, vous ne perdez jamais une seule minute sur Instagram et vous fermez chastement les yeux dès qu’une fenêtre pop-up vous présente une pin-up – ou un jeune éphèbe – un peu trop dénudée, je ne parle même pas des sites pornographiques dont vous ne soupçonnez pas l’existence, bien entendu vous n’avez jamais songé à tricher à un examen, quand vous avez un reproche à faire à quelqu’un, ça tombe sous le sens vous allez le lui dire en face, il ne vous viendrait pas à l’idée d’en discuter perfidement avec un de vos amis juste pour rigoler ou plus perfidement encore « non mais c’est pour l’aider qu’on parle de Julie » ; jamais vous n’avez prononcé la moindre grossièreté, il ne sort de votre bouche que des paroles de bénédictions et de vérité, jamais le moindre mensonge.
C’est parfait, vous êtes de bons catholiques ! Et pendant que j’égrenais ce chapelet de bonne mœurs j’en voyais dans l’assemblée qui sortait discrètement par la porte du fond en se disant bon ben je me suis planté d’endroit, l’église c’est vraiment pas fait pour moi ou d’autre qui peu à peu rentrait la tête dans les épaules, baissaient les yeux, se disant ben moi j’ai tout, enfin tout, oui, mais en négatif : non, je ne suis vraiment pas un bon catholique !
être conforme
Il a raison le père Simon, je ne suis pas cohérent avec ce que dit l’Église, avec les commandements, je mène une vie de débauche, je ne mène vraiment pas une vie de catholique, du coup, peut-être que je reviendrai à l’Église quand j’aurai réglé tous ces problèmes, quand je serai un peu plus conforme, un peu plus moral, un peu plus cohérent !
Parce que vous croyez que c’est ça être catholique ? Être catholique, c’est être conforme ? Être catholique, c’est juste respecter la morale ? Mais alors, parmi nous, il n’y en a pas un seul qui soit au niveau et moi le premier, on peut tous sortir, si c’est ça être catholique, si être catholique, c’est être parfait, ça va faire de la place dans les églises, en fait, il ne restera que Jésus et Marie, tous les autres dehors, tous les bras cassés, tous les reclus, tous les poivrots, tous les débauchés, tous les menteurs, tous les concubins, tous les tricheurs dehors !
être catholique
Oui, mais ce n’est pas ça être catholique : être catholique, c’est être baptisé et croire en Jésus-Christ, avoir foi en Dieu.
Vous voyez on parle beaucoup trop de morale et pas assez de foi, parfois même, on résume la religion à la morale (et quand je dis on, ce n’est pas juste les medias ou les païens qui ne mettent pas les pieds à l’Église, ce sont aussi les curés), regardez dès que vous dites à un de vos amis que vous êtes catholiques (c’est que ça vous a échappé.) quelles sont les trois questions qu’ils vous posent quasi instantanément : « Ah oui, tu es catholique donc tu es contre l’euthanasie ? Tu es contre l’avortement ? Et tu es contre le mariage homosexuel ? » Et vous vous essayez de vous lancer dans une explication bancale, vous bredouillerez trois arguments foireux qui au bout du compte ne convaincront personne. Alors que vous ne devriez répondre qu’une seule chose, à la question, tu es catholique ? La seule réponse qui vaille, c’est : « Oui, je crois en Jésus-Christ » parce que c’est ça être catholique !
D’ailleurs, comment ça se fait que vous n’ayez pas fondu en larme en entendant ce passage de l’épitre à Tite, c’est que vous somnoliez ou bien que vous vous etes dit que vous l’aviez déjà entendu l’année dernière, alors écoutez-le et laissez-vous arracher des larmes, écoutez parce que c’est beau à pleurer, écoutez-le et entendez la grandeur de notre Dieu écoutez bien car c’est ça être catholique, c’est ça le cœur de notre foi
« Mais le jour ou apparurent la bonté de Dieu notre sauveur et son amour pour les hommes, il ne s’est pas occupé des œuvres de justice que nous avions pu accomplir mais poussé par sa seule miséricorde, il nous a sauvé par le bain de la régénération et de la rénovation en l’Esprit Saint. Et cet Esprit, il l’a répandu sur nous à profusion par Jésus-Christ notre sauveur afin que justifié par la grâce du Christ, nous obtenions en espérance l’héritage de la vie éternelle »
C’est ça être catholique !
Dieu en premier
C’est ce qui vous est arrivé au baptême. Trop souvent, on croit que le baptême, c’est juste la validation d’un choix, de votre choix ou de celui de vos parents (si vous avez eu la chance d’être baptisé enfant) ; vous savez, on l’entend de temps en temps « non ? Nous, on ne veut rien lui imposer, on ne veut pas le baptiser, on veut le laisser choisir plus tard. » Non, ce n’est pas nous qui choisissons, c’est Dieu qui nous choisit, c’est Dieu qui fait grâce, c’est Dieu qui sauve, ce n’est pas nous, c’est Dieu qui est premier et nous n’avons qu’à suivre ! Le baptême, c’est la validation du choix de Dieu, c’est lui Dieu en premier nous a choisi ! Arrêtez de vous mettre au centre de tout, c’est Dieu qui est premier, mettez le au centre, au centre de tout et d’abord de votre vie, vous allez voir ça change tout.
Compter sur Dieu
Parce que si Dieu est premier, si sa grâce est première ça veut dire que pour arriver à être saint, il faut d’abord compter sur Lui et par sur nous, toute la liste de bonne mœurs de tout à l’heure (la liste désespérante) la liste dont vous vous disiez « mais je n’y arriverai jamais, j’ai tout essayé, j’ai fait tous les efforts, rien ! y’a rien qui change ! Mais vous m’étonnez de ne pas y arriver si vous comptez d’abord sur vos forces, si vos efforts son premier. Mais non, c’est Dieu qui est premier : priez-le d’abord, aimez-le d’abord, sinon rien ne changera.
Vous m’étonnez de vous trouver trop mou devant le péché ou trop rigide devant la contradiction, si vous comptez sur vos seuls talents ou votre petite intelligence. Avec la grâce de Dieu, notre mollesse devient souplesse et notre rigidité se change en fermeté.
N’attendez pas d’être parfait pour venir à la messe (sinon vous risquez d’attendre longtemps), n’attendez pas que vos efforts aient portés leur fruit pour vous approcher du Seigneur, c’est Lui qui leur fera porter du fruit, c’est lui qui vous perfectionnera.
laisser Dieu faire
Arrêtez de croire que vous devez faire des choses pour Dieu et commencez par laisser Dieu faire des choses pour vous, ouvrez votre cœur et laissez le y déposer sa grâce, changer votre cœur.
Il l’a fait au baptême, il le fait à nouveau à chaque fois que vous communiez, à chaque fois que vous vous confessez, à chaque fois que vous le priez, pourvu que vous le fassiez avec foi, si vous le faites comme un acte mécanique, si vous venez à la messe comme à un spectacle plus ou moins passionnant, si vous vous confessez comme une corvée, si vous priez comme une obligation rien ne changera.
Mais faites-le avec foi, du fond du cœur, vous découvrirez alors que Dieu vous aime, vous l’aimerez en retour, et vous serez sauvé.
Mettez Dieu en premier dans votre vie, croyez en Lui, la morale suivra.
Abbé Simon d’Artigue