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La désobéissance – Homélie 1° dimanche de carême

Vous regardez les Peaky Blinders ? C’est terrible : à chaque épisode, j’enrage d’avoir à attendre une semaine pour voir la suite !

L’histoire d’aujourd’hui, celle que nous racontent ces lectures, c’est comme un épisode des Peaky Blinders qui s’interrompt comme ça au moment crucial, « ah non pas maintenant ! ».

C’est une histoire qui commence bien, puis qui dérape (c’est là que se noue l’intrigue) et puis quelqu’un nous fait entrevoir une solution et il nous laisse. Suite et fin dans 5 semaines, mais entre les deux il y a tout le carême.

Notre histoire, elle, commence bien, avec cette création qu’on nous raconte dans le livre de la Genèse.

Quand Dieu fait quelque chose, il le fait bien ; et tout ce qui sort de ses mains est bon, les marguerites et les étoiles, les rivières et les Pyrénées, et plus que tout, la plus belle de ses créations : l’homme et la femme. Ça c’est très bien, c’est ce qu’il a le mieux réussi, c’est ce qui lui ressemble le plus. Ça commence bien donc, ils sont heureux, ils peuvent faire ce qu’ils veulent, tout sauf une chose : sur la multitude d’arbres qui existe, il n’y en a qu’un auquel ils ne peuvent pas toucher. C’est Dieu qui leur dit : faites moi confiance, faites tout ce que vous voulez sauf ça. Et eux, au lieu d’écouter Dieu et de lui faire confiance, ils préfèrent faire confiance au serpent, à celui qui leur dit : « mais bien sûr que tu peux en manger, ce que t’a dit Dieu, ce sont des mensonges, vas-y, je te dis tu peux y aller, tu ne risques rien, tu vas voir c’est bon, vas-y, goûte. » Oui, le serpent, le tentateur vous avez remarqué il est toujours un peu insistant. Dieu, lui, il dit une fois et il nous fait confiance ; le serpent, il nous traque jusqu’à ce que l’on craque.

Et c’est là que notre histoire dérape. Dieu leur fait confiance puisqu’il les laisse libre, eux ne lui font pas confiance puisqu’ils croquent la pomme et là, tout part en vrille : ils commencent à s’accuser, à avoir peur de Dieu, des autres, et leurs enfants, regardez les Caïn et Abel qui commencent à se jalouser pour un rien et ils iront jusqu’au meurtre et ainsi de suite. Ça commence par une toute petite désobéissance, par un petit manque de confiance, oh rien du tout, et vous voyez les conséquences…

Et nous, est-ce que nous ne sommes pas un peu comme ça ? Est-ce que nous ne sommes pas comme Adam ? Bien sûr, nous faisons confiance à Dieu, mais bien souvent nous voulons faire l’expérience par nous-mêmes, juste pour voir et c’est là que ça dérape. Oh, nous savons bien que nous ne sommes pas parfaits et que bien souvent nous pêchons, mais justement en face de nos chutes, en face de nos échecs, en face de notre péché, il y a deux solutions : soit on se laisse aller, on se dit « de toute façon je ne peux pas résister, c’est trop dur » et on se laisse descendre, jusqu’à terre et on vit à terre comme le serpent à ramper (c’est ça qu’il veut le tentateur, nous voir ramper) mais ce n’est pas une vie. En tout cas, ce n’est pas la vie que Dieu veut pour nous. Soit…. Soit  on suit le Christ, debout.

Oui, deux alternatives : soit on suit Adam, soit on suit le Christ.

Et bien, c’est ce que nous propose le carême : suivre Jésus-Christ.

Oui, dans cette histoire qui a si bien commencé, qui s’est mise à déraper (et dont on ne voit pas bien ce qui pourrait arrêter le dérapage), arrive un nouveau personnage : Jésus-Christ. Prenons le comme modèle. Regardez comment il fait quand le tentateur pointe le bout de son nez. (Oui parce que celui qui vient proposer monts et merveilles à Jésus, c’est le même qui a proposé monts et merveilles à Adam et Eve, le même qui vient essayer de nous faire trébucher.)

Et bien, si nous voulons lui résister, si nous ne voulons pas entrer en tentation, si nous voulons vivre debout, une seule chose : tourner les yeux vers Jésus, tourner notre cœur vers lui, reconnaître que sans son aide, sans son amour comme dit le psaume, on ne peut pas grand-chose, mais avec lui, on peut tout.

Regardez ce que fait Jésus en face du tentateur et faites pareil :

  • Lui, il ne discute pas. Si on commence à discuter avec le péché, si on commence à négocier, on a déjà perdu : par exemple, vous avez décidé pendant ce carême de ne pas regarder la télévision le soir : « oui mais ce soir c’est différent y’a Toulouse / La Rochelle, je peux pas rater ça….juste ça après c’est fini….et voila on négocie et on perd » 
  • Ensuite, Jésus ne répond non pas directement mais avec la parole de Dieu . Voilà le cœur du combat, voilà le cœur du carême, oui pendant ce carême : discutez, oui mais discutez avec Dieu, écoutez sa Parole, lisez-la, prenez chaque jour un temps pour que le Seigneur vienne lui même vous transformer, de l’intérieur, vous convertir. Bien sûr il faut jeûner, bien sûr il faut vous priver du superflu (et c’est à vous de le trouver), bien sûr il faut donner de votre temps, de ce que vous avez pour vous tourner vers les pauvres, faire l’aumône. Mais ce qui est premier, c’est de vous tourner vers Dieu, chaque jour. Vous croyez que c’est impossible ? Ça dépend de vous d’abord et de Dieu ensuite. Tournez vous vers lui 5mn tous les jours,  le soir ou le matin, dans le calme de votre chambre, lisez un passage d’évangile et restez dans le silence 5 mn, juste 5mn, mais tous les jours ; et vous verrez que rien n’est impossible à Dieu, vous verrez que ce combat contre le péché, il est déjà gagné. Il est déjà gagné parce que c’est Jésus lui même qui combattra en vous. Choisissez-le chaque jour de ce carême, chaque jour redites lui « oui Jésus je veux marcher à ta suite, viens à mon aide. »

Alors il vous relèvera, alors il vous donnera la force de le suivre…. debout.

Oui les yeux fixés sur Jésus-Christ entrons dans le combat de Dieu.

Amen

 

Abbé Simon d’Artigue