« Or le peuple était en attente »
Qu’est-ce qu’ils attendaient ? La joie, bien entendu, comme chacun de nous ici – non, peut être qu’il y en a quelques uns qui attendent juste la fin du sermon, ou le résultat de Stade/Wasps . Mais notre attente la plus profonde, c’est la joie et pas la joie de la victoire du stade sur les Wasps, car nous savons combien elle est fragile, pas la joie d’une dinde aux marrons qui ornera votre table à Noël.
Croyez-vous que 100€ soient capables de nous combler, de combler notre attente, de nous donner la joie ?
Croyez-vous que l’accumulation des cadeaux de Noël soit capable d’apporter la joie ? Attention, je ne suis pas en train de dire qu’il ne faut rien offrir à vos enfants, mais il ne faut pas non plus se mentir, (d’ailleurs le vrai menteur c’est le gros bon homme rouge).
Croyez-vous que la victoire du stade ce samedi nous procurera la Joie ? Oui une certaine joie, une joie jusqu’à la prochaine défaite, qui viendra (demandez aux toulonnais) mais pas la Joie.
Or « le peuple était en attente », et nous sommes de ce peuple en attente. Nous aussi nous attendons la Joie, nous aussi nous cherchons la joie, nous la cherchons partout et bien souvent nous pensons l’avoir trouvée … et trop souvent nous sommes déçus par des mirages que nous prenions pour la joie et qui ne sont que des joies passagères, des joies mensongères, parce que nous avons besoin de cette joie, pas de la joie fugace, mais de la joie qui dure, la joie qui demeure, la joie qui comble.
Figurez-vous que dans l’Eglise, ce dimanche est le dimanche de la joie, c’est pour ça que je suis en rose, parce que le rose c’est joyeux. Et les textes de ce jour nous conduisent en trois étapes, ils nous conduisent vers la joie.
3 étapes: il y a ce qui empêche la joie, il y a ce qui prépare la joie et il y a ce qui donne la joie.
Ce qui empêche la joie c’est l’inquiétude. Vous le savez, quand les soucis occupent tout le champ de notre vie, ils en chassent la joie, même un repas avec des amis ne parvient pas a vous en débarrasser. L’inquiétude, elle a cette force de s’installer en nous et de nous miner de l’intérieur, de nous rendre aveugle à tout le reste. Elle mobilise toute notre attention. Du coup, pour éviter l’inquiétude : prier. C’est le conseil de Paul. Le triple conseil sur la prière, le conseil que nous devrions suivre en ce temps de l’Avent qui est un temps de prière auprès de la crèche : « Ne soyez inquiets de rien, mais, en toute circonstance, priez et suppliez, tout en rendant grâce, pour faire connaître à Dieu vos demandes. » Donc, devant l’inquiétude, priez et priez comme saint Paul vous y invite en demandant et en rendant grâce, en demandant parce que c’est ce qui fait grandir la foi, demander au Seigneur, demander c’est croire qu’il peut nous exaucer. Bien sûr que Dieu sait déjà ce dont nous avons besoin, il le sait même mieux que nous mais il veut que nous le lui demandions avec confiance, parce que la confiance chasse l’inquiétude ; demander « tout en rendant grâce » nous dit saint Paul. Rendre grâce pour ce qui nous a déjà été donné, car le Seigneur est bon et il prend soin de nous, il nous donne chaque jours ses bienfaits et nous, nous n’y prêtons pas attention ; nous sommes focalisés sur autre chose, sur ce que j’attends, ce qui me rend aveugle ou pire, sur nos soucis qui nous obnubilent. Alors rendons grâce pour le bien reçu. Chaque soir, au moment où vous faites votre examen de conscience, n’oubliez pas non plus de faire la liste des bienfaits de Dieu tout ce qui vous est arrivé de bon aujourd’hui. Rendons grâce pour les bienfaits reçus et rendons grâce par avance pour les bienfaits à venir car Dieu est bon et plus encore en ce temps de l’Avent car « Le seigneur est proche… ». Et c’est ce que nous fêtons à Noël, le Seigneur qui se fait proche. Depuis le début de la bible, le peuple de Dieu espère cette proximité du Seigneur : le peuple était en attente, il attendait qu’il vienne et il est venu, il s’est fait proche ; et nous le savons et nous fêterons à nouveau à Noel la proximité de Dieu, alors il ne nous reste qu’une chose à faire nous approcher de lui. Ne soyez donc inquiets de rien, car Dieu est proche.
L’inquiétude empêche la joie, et Jean baptiste prépare la joie. Attention de ne pas nous tromper : Jean-Baptiste n’est pas la joie et ceux qui le prenaient pour la source de la joie se sont trompés et nous pouvons nous aussi nous tromper en prenant ce qui prépare la joie, pour la source de la joie. Et que fait Jean-Baptiste ? Il donne des conseils a ceux qui les lui demandent « que devons nous faire ? »: « Celui qui a deux vêtements, qu’il partage avec celui qui n’en a pas » ; « N’exigez rien de plus que ce qui vous est fixé. », « Ne faites violence à personne, n’accusez personne à tort ». Et Jean-Baptiste leur donne des conseils, des conseils d’homme, des conseils de prophète, de bons conseils, des conseils qu’il faut suivre. Mais il ne sont pas la joie.
Et comme tout ceux qui venaient à Jean-Baptiste demandant que devons nous faire, nous aussi nous demandons « Que devons nous faire pour trouver la joie » ? Ce qui prépare la joie c’est le désir de se convertir, c’est le « que devons nous faire ? » de ceux qui viennent à Jean-Baptiste, et dans cette conversion faire notre part. Mais attention si on en reste à la morale, c’est pauvre. Celui qui croit que la joie est dans la morale, il se trompe, il risque même de se durcir ou de s’enorgueillir si d’aventure il avait quelques succès ; ou de désespérer, s’il rencontrait quelques échecs. Nous sentons bien que nous avons besoin de la morale, de ces conseils mais nous savons aussi que nous aspirons a beaucoup plus : il nous faut bien plus que des commandements, il nous faut bien plus que la morale. Alors empruntons ce chemin du Baptiste, il est préparatoire. Il dit encore cette attente du peuple.
Et moi est-ce que j’ai ce désir de me convertir, est-ce que moi aussi je demande au Baptiste « Que dois je faire pour accueillir le Seigneur qui vient ? » ou bien est-ce que j’ai déjà baissé les bras, est-ce que je ne l’attends plus, est-ce que je n’attends plus rien de la vie ?
La conversion, ça a un coté un peu rude, un peu aride, celui qu’on refuse en général. Mais sans cette part qui nous revient, il n’y a pas de joie possible. Mais en même temps cette part, ce n’est pas la joie, c’est ce qui prépare la joie.
Pourquoi ? Parce que la joie, elle n’est pas au bout de nos efforts ; la joie, ce n’est pas quelque chose que nous pourrions mériter ou produire. La joie, elle s’accueille. D’ailleurs, la joie ce n’est pas quelque chose à faire ou à mériter, la joie c’est quelqu’un à aimer. Reconnaitre que celui que j’attends depuis toujours c’est Jésus. La source de la joie, elle est dans la crèche.
C’est tellement simple, tellement évident, que nous risquons de passer à coté.
Vous passez devant la crèche et vous voyez bien qu’il y manque quelqu’un, il y a bien l’âne, le boeuf, Marie et Joseph, mais il manque Jésus.
Tu vois bien que dans ta vie il y a tant et tant de choses, tant de choses qui pourraient même remplir et encombrer votre crèche intérieure, la gaver, et ne plus laisser la place du Christ, mais il manque Jésus.
C’est pour ça qu’il est important cette semaine chaque fois que vous passerez devant cette crèche de vous y arrêter une minute et de vous agenouiller et de dire au Seigneur : « Seigneur, il manque quelque chose dans cette crèche. Seigneur, il manque quelqu’un dans ma vie. Fais que je sache laisser cette place vacante, que je ne cherche pas à la combler par autre chose que toi, car je le sais Seigneur, c’est toi, ma joie. »
Elle est là la source de la joie. « Jubilez, criez de joie, habitants de Sion, car il est grand au milieu de toi, le Saint d’Israël ! »
La joie, c’est de reconnaitre le saint d’Israel, reconnaitre Jésus. Vous pouvez tout avoir chez vous, si vous n’avez pas le Christ il vous manque l’essentiel. S’il vous manque Jésus, tout le reste tombe en ruine. Vous pouvez même avoir une crèche chez vous, mais si elle n’est qu’une décoration, si vous l’avez installée mais qu’elle n’a rien changé dans votre vie, dans votre quotidien, si elle n’est pas l’occasion de dire au Seigneur « je t’attends », si elle n’est pas l’occasion de vous « laisser renouveler par son amour », l’occasion d’une transformation intérieure, alors vous passerez à coté de la crèche, vous passerez à coté de la bonne nouvelle que proclamait Jean-Baptiste « Par beaucoup d’autres exhortations encore, il annonçait au peuple la Bonne Nouvelle. »
Et c’est ça, la Bonne Nouvelle
C’est que celui qui est capable de cette transformation, il est venu.
C’est que celui qui vous baptisera dans l’Esprit Saint et le feu, il est venu.
C’est que la source de notre joie, elle est venue.
C’est qu’il y a deux mille ans le peuple était en attente de celui qui devait venir.
C’est qu’aujourd’hui il est venu.
Nous n’avons plus à l’attendre.
C’est lui qui nous attend.
C’est Jésus.
Abbé Simon d’Artigue