Cette histoire est assez terrible. Un homme riche qui n’a pas un regard pour ce pauvre Lazare. Le problème n’est pas d’être riche, mais c’est d’être imperméable à la misère d’autrui.
La miséricorde est la plus grande des vertus nous dit Saint Thomas d’Aquin. « En elle-même la miséricorde est la plus grande des vertus, car il lui appartient de donner aux autres, et, qui plus est, de soulager leur indigence ; ce qui est éminemment le fait d’un être supérieur. Aussi se montrer miséricordieux est-il regardé comme le propre de Dieu, et c’est par là surtout que se manifeste sa toute-puissance. »
Ce fameux riche était imperméable à Dieu, il se coupe de l’amour de Dieu, particulièrement envers les plus pauvres, et c’est ça qui est reproché dans l’évangile. Il ne compatit pas à la misère de Lazare.
Pourtant il le voyait tous les jours, il passait devant à chaque fois puisqu’il était devant le portail. Il n’est pas demandé à ce riche d’abandonner toute sa richesse pour inverser la situation. Le but n’est pas que le riche devienne pauvre et le pauvre riche.
Mais finalement, c’est son manque d’amour. La charité implique plusieurs choses, et l’une d’entre elles est que l’amour nous fait regarder les autres comme un autre nous-mêmes. L’amour nous fait considérer le mal subi comme notre propre mal, et nous fait souffrir comme si nous étions nous-mêmes frappés par ce mal. Rm 12, 15 : « Réjouissez-vous avec ceux qui sont dans la joie, et pleurez avec ceux qui pleurent. »
La miséricorde à laquelle est invitée ce riche, à laquelle nous sommes tous invités, est d’abord et avant tout le propre de Dieu. C’est Dieu qui est miséricordieux par amour. Sa miséricorde s’étend sur nous d’âge en âge car il nous aime, il a des entrailles de mère on peut lire dans l’Ancien Testament.
Alors chers frères et sœurs, nous sommes unis au Christ, nous sommes enfants de Dieu, nous sommes chrétiens. Accueillons cette miséricorde infinie de Dieu en nous, et transmettons-la au monde.
Le but n’est pas de devenir pauvre matériellement, mais la miséricorde passe par plusieurs choses. Le pape François, reprenant la Tradition ecclésiale a donné 14 œuvres de miséricordes qu’on peut faire. 7 corporelles, et 7 spirituelles. Je vais vous les citer.
D’abord les œuvres corporelles : donner à manger aux affamés ; donner à boire à ceux qui ont soif ; vêtir ceux qui sont nus ; accueillir les pèlerins ; assister les malades ; visiter les prisonniers ; ensevelir les morts.
Ensuite les œuvres spirituelles : enseigner les ignorants ; prier Dieu pour les vivants et pour les morts ; conseiller ceux qui sont dans le doute ; pardonner les offenses ; consoler les affligés ; supporter patiemment les personnes ennuyeuses ; avertir les pécheurs.
On n’a pas tout à faire, mais on peut piocher dedans et en accomplir, même plusieurs par jour. La miséricorde se traduit en acte concret, on a à la prêcher peut-être, mais surtout à la vivre, car il s’agit d’une vertu, il s’agit d’actes.
Pour reprendre Saint Thomas que j’ai cité au début, la miséricorde est la plus grande des vertus en elle-même. Alors n’hésitons pas à la pratiquer de manière concrète, et c’est en la pratiquant, en appliquant ces 14 œuvres que nous donnerons réellement Dieu au monde. On pourra alors dire réellement cette parole de St Paul : « Ce n’est plus moi qui vis, c’est le Christ qui vit en moi ».
Abraham a accueilli avec toute sa bonne volonté les 3 personnes au chêne de Mambré. Je vais citer St Jean Chrysostome pour finir : « Abraham accueillait simplement tous les passants. Car celui qui veut faire du bien à quelqu’un n’a pas à lui demander des comptes sur sa vie, mais à soulager sa pauvreté et à remédier à son indigence. C’est ce que le Christ nous a ordonné de faire en disant : Imitez votre Père qui est dans les cieux ; car il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et tomber la pluie sur les justes et sur les injustes. »
Abbé Vincent du Roure

