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L’écoute et le service – homélie 16è dimanche temps ordinaire

L’écoute et le service – homélie 16è dimanche temps ordinaire

Gentille Marie, et mauvaise Marthe ? Honnêtement, c’est ce qu’on pense un peu quand on entend cet évangile. Il faudrait qu’on arrive tous à être comme Marie-Madeleine, à être aux pieds du Seigneur et à écouter sa parole.

En effet, Marie a bien choisi la meilleure part. c’est celle d’écouter la parole de Jésus, d’écouter l’Évangile. Nous sommes appelés à être comme Marie, à écouter la parole de Dieu pour l’intégrer, pour s’en nourrir.

Lorsqu’on communie, on fait attention à ne pas laisser tomber une miette du corps du Christ par terre. En effet, des personnes pourraient marcher dessus sans faire attention, et ce ne serait pas respectueux. De la même manière, ne laissons pas tomber une miette de la parole de Dieu hors de nos oreilles, hors de notre cœur. Nous nous nourrissons de la Parole autant que du corps du Christ. La liturgie de la parole à la messe est en effet la meilleure part qui ne nous sera pas enlevée.

Marthe, quant à elle, est occupée à servir. C’est une femme qui est jalouse de sa sœur, et qui cherche même à l’accuser. Le Seigneur lui rappelle qu’elle bouge trop, qu’elle oublie l’essentiel. Marthe n’a pas choisi la meilleure part, il faut qu’elle change, qu’elle se convertisse. Un petit reproche de Jésus, ça ne peut faire que du bien.

Cette Marthe est imparfaite, et Marie quant à elle est parfaite.

Maintenant, je voudrais citer la Madre Ste Thérèse d’Avila : « Sainte Marthe était sainte, bien qu’on ne dise pas qu’elle était contemplative. Et que pouvez-vous désirer de plus que de ressembler à cette bienheureuse femme, qui mérita de posséder tant de fois Jésus Christ notre Seigneur dans sa maison, de lui préparer sa nourriture, de le servir, de manger à sa table ? Si elle était demeurée absorbée comme sa sœur, il n’y aurait eu personne pour préparer le repas de cet hôte divin. »

Ste Marthe, qui accomplissait le ministère de service de Jésus, avait le souci de son humanité. C’est elle aussi qui part en 1er à la rencontre de Jésus à la mort de Lazare. C’est elle qui intercède auprès de lui pour son frère, elle met au courant Jésus des événements qui se déroulent. C’est encore elle qui servira pendant la semaine sainte, avant la mort de Jésus.

Si Marthe n’avait pas été là, qui aurait donné à manger à Jésus ? Est-ce que même Marie aurait pu s’assoir à ses pieds ? Est-ce que Jésus ne serait pas parti acheter et faire à manger ? Si Marthe n’avait pas été là, qui aurait intercédé pour le pauvre Lazare ? Est-ce que Jésus l’aurait ressuscité et ainsi montré qu’il est maître de la vie ?

Marthe accomplit un ministère qui est essentiel, et même qui précède la vie contemplative de Marie. La vie active est 1ère dans l’ordre chronologique. Mais la vie contemplative reste 1ère dans l’ordre de la perfection.

Dire que le ministère est moins bon que la vie contemplative est quelque chose de dangereux. Dire cela, ce serait remettre en doute les paroles de St Paul. « De cette Église, je suis devenu ministre, et la mission que Dieu m’a confiée, c’est de mener à bien pour vous l’annonce de sa parole, le mystère qui était caché depuis toujours à toutes les générations » et encore « J’ai connu la fatigue et la peine, souvent le manque de sommeil, la faim et la soif, souvent le manque de nourriture, le froid et le manque de vêtements, sans compter tout le reste : ma préoccupation quotidienne, le souci de toutes les Églises. » St Paul était ministre dans le monde, pas moins.

Les 2 sont liés, vie contemplative et vie active. La vie active permet la mise en place de la vie contemplative. La vie contemplative nourrit la vie active et elle se manifeste là. En gros, les moines existent parce que le monde existe, et leur vie nourrit la nôtre. La Terre et le Ciel ensemble. Les activités nous permettent d’atteindre la perfection dans la vie contemplative, qui se manifeste dans la vie active.

Thérèse d’Avila : « Je suis loin de dire que vous ne devez pas vous efforcer d’arriver à la contemplation, je dis simplement que vous devez vous exercer à des fonctions diverses. La contemplation, en effet, n’est pas laissée à votre choix, mais à celui du Seigneur… Laissez faire le Maître de la maison. »

Abbé Vincent du Roure