Il y a un trou qui cloche. Pendant 10 jours, à partir d’aujourd’hui, on vivra un vide spirituel. En effet, les chrétiens qui ont suivi Jésus ne sont plus avec Jésus. D’un autre côté, les disciples n’ont pas encore reçu l’Esprit-Saint pour aller annoncer l’Évangile au monde et faire grandir l’Église. Finalement, c’est comme si on avait une voiture, que le moteur est parti et qu’on en attend un nouveau. Il y a un vide.
Ce vide est là pour faire grandir l’espérance des disciples, comme nous sommes aussi invités à faire grandir la nôtre.
L’espérance se rattache à l’espoir. Espérer quelque chose, c’est attendre un bien qui va venir et qui n’est pas encore présent. Par exemple, c’est quelqu’un qui espère être élu député au hasard.
La différence entre l’espoir et l’espérance, c’est que l’espérance se rattache à Dieu et qu’elle est certaine. Ici, les disciples espèrent recevoir l’Esprit-Saint, et ils sont certains qu’ils vont le recevoir, contrairement à l’espoir qui n’est pas forcément certain. Pourquoi nous pouvons espérer certainement ? Parce que Dieu l’a promis et qu’il est toujours fidèle à ses promesses, comme on peut le prier dans l’acte d’espérance.
L’espérance est le fruit du mystère de l’Ascension. Quand on prie le chapelet, c’est le fruit qui s’y rattache. « 2ème mystère glorieux, l’Ascension. Fruit du mystère, l’espérance. Notre Père, qui es aux cieux, … »
L’espérance, c’est ce qui nous porte, c’est la petite sœur de la foi et la charité comme nous dit Péguy : « La petite espérance s’avance entre ses 2 grandes sœurs et on ne prend seulement pas garde à elle. Et il croit volontiers que ce sont les 2 grandes qui traînent la petite par la main. Au milieu. Entre elles 2. Les aveugles qui ne voient pas au contraire que c’est elle au milieu qui entraine ses grandes sœurs. Et que sans elle elles ne seraient rien. »
L’espérance est ce qui nous entraine, c’est la foi qui est la 1ère des vertus théologales, la charité qui est le couronnement. Mais l’espérance nous permet d’avoir la force afin d’avancer.
Par exemple avec la loi sur l’euthanasie. Cette loi qui accentue encore plus une rupture de fraternité dans la société, rupture qui commence avec l’abandon de Dieu chez les pseudo-philosophes, dits les Lumières. On a fait ce qu’on a pu, on a montré que ça déshumanisait, on a manifesté, on a écrit aux députés : rien à faire. Si ça se trouve, on finira comme dans le livre Le maître de la terre. Dans ce livre de Benson, un accident est raconté avec plusieurs dizaines de blessés. Les ambulanciers qui arrivent ne les emmènent pas à l’hôpital, mais ils euthanasient automatiquement tout le monde pour mettre fin le plus tôt à leur souffrance : acte d’amour et de miséricorde, selon les gens.
Je n’en sais rien si on y arrivera à cette réalité. Mais si on s’arrête là, en effet notre vie n’a plus aucun intérêt. Mais il y a cette petite sœur qui dirige les 2 grandes, et finalement toute notre vie. Nous espérons !
Nous espérons car Dieu est tout-puissant. Nous espérons car l’Esprit-Saint a été promis par Jésus. Nous espérons car, par le mystère de l’Ascension, nous sommes déjà au Ciel avec Jésus. Nous espérons car Dieu est vainqueur, qu’il nous l’a dit et qu’il ne peut nous tromper.
Toujours Péguy nous dit que l’espérance « n’est point une esclave, cette enfant est une forte tête. Elle réplique pour ainsi dire à ses sœurs ; à toutes les vertus, à tous les mystères. Quand ils descendent elle remonte, (c’est très bien fait), quand tout descend seule elle remonte et ainsi elle les double, elle les décuple, elle les agrandit à l’infini. »
Que ce mystère de l’Ascension fasse grandir notre espérance, que nous puissions vivre cette exhortation de l’épître aux Hébreux : « Avançons-nous donc vers Dieu avec un cœur sincère et dans la plénitude de la foi, le cœur purifié de ce qui souille notre conscience, le corps lavé par une eau pure. Continuons sans fléchir d’affirmer notre espérance, car il est fidèle, celui qui a promis. »
Abbé Vincent du Roure

