Vous avez vu traîner cette vidéo sur Internet, un prof de philo entre dans sa salle de classe et pose sur son bureau un seau en disant à ses élèves : une vie réussie, c’est comme un seau plein. Vous pouvez le remplir de trois catégories de choses, les futiles qui sont comme du sable, les choses de moindres importances qui sont comme des gravillons et les choses essentielles qui sont comme des gros cailloux. Si vous remplissez votre seau de sable, il n’y aura plus de place pour le reste. Si vous le remplissez de gravillons, il y aura de la place pour le sable, les choses futiles, en remuant tout trouve sa place, mais pas pour le reste. Si vous voulez réussir votre vie, commencez par y mettre les gros cailloux, les choses essentielles, puis mettez-y les gravillons, les choses de moindre importance, puis le sable, les futilités (c’est important les futilités, important quand elles sont à leur juste place.) Et vous verrez en remuant tout trouvera sa place.
Bien souvent dans nos vies à 100 à l’heure, nous ne prenons pas le temps de faire le tri entre le sable, les gravillons et les gros cailloux. Nous laissons notre vie s’ensabler, nous laissons les futilités prendre toute la place (c’est une tactique du diable qui veut chasser l’essentiel de nos vies, car il sait que l’essentiel, c’est ce qui donne un sens à notre vie et il ne veut surtout pas que nous sachions où nous allons, il veut nous désorienter.) C’est peut-être pour ça d’ailleurs que tant de nos contemporains cherchent un sens à leurs vies, parce qu’ils ont perdu l’essentiel, ils ont perdus l’important.
Comment discerner l’important?
Encore faut-il « discerner ce qui est important » comme dit saint Paul dans la lecture de ce jour.
L’avent nous donne ce temps pour nous poser et revenir à l’important, revenir en fait à l’essentiel.
Les lectures de ce jour nous proposent 4 moyens pour discerner ce qui est important de ce qui est accessoire.
aller au désert
Le premier, c’est de suivre JB au désert, d’aller au désert.
C’est paradoxal car le temps de l’avent, c’est le temps juste avant les vacances de noel ou justement on est à fond. En plus il va falloir préparer tous les cadeaux de noel. Alors on se dit qu’on ira un peu plus tard au désert, quand on aura le temps, quand on sera à la retraite. (Tiens, demandez aux retraités s’ils ont le temps ?) On n’aura jamais le temps si on ne l’arrache pas à celui qui accélère tout, celui qui veut nous faire courir de droite et de gauche pour nous épuiser ou nous perdre, celui qui veut nous maintenir dans le futile. (c’est une des vieilles tactiques du diable.)
Et pourtant, il faut aller au désert! Et si Jean-Baptiste crie, c’est qu’il sait bien que nous avons besoin d’une voix puissante pour nous arracher à la futilité, pour nous arracher à la tentation du secondaire. Nous avons besoin de la voix d’un prophète pour aller au désert et nous simplifier. Car le désert est le lieu de la simplicité, du dénuement et du silence. Le désert est le lieu de la prière, car il ne s’agit certainement pas pour nous de quitter nos villes et d’aller au Larzac, il s’agit d’aménager chez nous ce désert (une crèche, un coin prière). De l’aménager chez nous ou de vous arrêter à la cathédrale au milieu de votre journée, juste 5 mn pour vous poser. Venez y ce jeudi où le Christ est exposé à 18 h pour l’adorer. Venez au désert pour goûter le silence.
Ecouter la voix
Venir au désert pour écouter la voix du prophète (oui pour nous catholique le prophète, c’est Jen Baptiste), car dans le monde où nous sommes, il y a des centaines de voix, qui nous attirent à elles, la voix de chacun de ces influenceurs avec leurs produits placés, la voix de ces publicités qui cherchent à nous faire entrer dans les magasins pour consommer, consommer, consommer ; toutes ces voix qui vous attirent à elles pour vous détourner de l’essentiel et vous perdre dans le futile, alors qu’au désert, il n’y a qu’une voix, celle du Baptiste.
Une voix, celle du prophète, le dernier des prophètes, après lui, il n’y en aura pas d’autres.
Une voix qui ne nous attire pas à lui, mais qui nous détourne de nous pour nous conduire à l’essentiel.
Une voix qui nous indique celui qui vient, Jésus.
Une voix qui nous attire au désert pour nous y laisser seul avec Jésus.
Car c’est lui l’essentiel (Marie de Béthanie l’avait bien compris.) c’est en venant à Lui, en écoutant sa parole, en nous posant à ses pieds que nous apprendrons à « discerner ce qui est important »
Guérir de la myopie
Et c’est le troisième moyen « le baptême de conversion » que proclame la voix qui crie dans le désert. Le baptême de conversion celui que donne Jean dans le désert, ce n’est pas le baptême du Christ, ce n’est pas le baptême qui sauve, c’est le baptême qui prépare le salut, le baptême qui permet de « discerner ce qui est important. » Car pour se convertir, il faut d’abord voir ce qu’il y a à convertir chez moi. Tant que je ne le vois pas, je suis incapable de le dénoncer et de m’en détourner. Pour choisir le Christ, il faut rejeter le péché et pour le rejeter, il faut commencer par le voir et c’est encore une des tactiques du malin que de nous aveugler, ou plutôt de nous rendre myopes, c’est-à-dire, je vois bien de prés et mal de loin. Je vois bien le futile, ce qui est immédiat, ce qui m’encombre, les tracas, les soucis du quotidien ou ce qui est le plus prés de moi, mon téléphone, celui là je le vois bien, mais dés qu’il s’agit de regarder le but, de regarder au loin, l’essentiel, ce qui donne un sens, une direction à ma vie, là je n’y vois plus rien. Dés qu’il s’agit « de se redresser, de relever la tête » comme nous entendions dans la lecture de dimanche dernier nous n’y voyons plus rien.
La conversion, c’est cette prière que vous pouvez faire au Seigneur ce soir, « Seigneur viens guérir ma myopie, donne moi de regarder au loin pour voir le but, puis donne moi de voir ce qui m’entrave, ce qui m’empêche d’avancer vers Toi, mon péché, pour que je me convertisse et que je te suive.
Se convertir
Et c’est la quatrième étape la conversion, nous savons bien que la conversion, elle est un don de Dieu, c’est Dieu qui convertit, Dieu et Dieu seul, mais pour que Dieu me convertisse, il faut que je prépare ses chemins : que je rende droits ses sentiers, que je comble les ravins, que j’abaisse les collines, que j’aplanisse les chemins rocailleux, pas tant pour me permettre d’aller au Christ que pour permettre au Christ de venir à moi.
Car c’est cela l’avent
Pas tant moi qui vais à la crèche
Pas tant moi qui vais à Jésus
Que Jésus qui vient à moi.