« Le bien, le mal, tout ça c’est relatif, faut pas dramatiser », « y’a pas le bien, et le mal, le bien avec des grosses flèches et des panneaux clignotants qui vous indiquent : le bien, c’est par là et le mal en noir avec des toiles d’araignées et du sang dégoulinant dessus ! » « Non c’est tellement subjectif le bien, le mal ! D’ailleurs, vous savez, moi je ne crois pas qu’il y ait de bonne ou de mauvaise décision, je ne crois pas qu’on puisse dire « tu as choisi le mal ou le bien ». Ce qui était un mal il y a 20 ans deviendra un bien dans deux ans et vice versa ; non, c’est plutôt chacun sa vérité, chacun ses problèmes et ses choix et surtout, chacun se débrouille tout seul ! Oui, mais vous, vous aimeriez bien savoir si le choix que vous allez faire c’est le bon ; quand vous avez une décision à prendre, vous aimeriez bien avoir quelques lumières pour savoir si vous n’êtes pas en train de vous tromper, avoir quelques critères. Parce que tant qu’on parle dans le vague, tant qu’on philosophe sur le bien et le mal, on peut tout relativiser mais quand il s’agit de votre vie, quand il s’agit de choix fondamentaux, là c’est autre chose, là tout le monde voudrait éviter de se tromper, là tout le monde voudrait bien choisir et choisir le bien, parce que choisir le bien, c’est bon. C’est même le chemin du bonheur.
Oui mais comment fait-on pour choisir le bien ? Si vous comptez sur votre seul jugement, a priori, vous risquez de vous planter. Bien oui parce que vous n’êtes pas infaillible, et que vous vous plantez même régulièrement, vous en faites la douloureuse expérience, du coup vous demandez conseil à tout le monde, et au bout du compte, les conseils s’accumulant… vous êtes encore plus perdu ! Alors encore se tromper entre une Guinness et une Chouffe passe, mais se tromper sur sa vie ??
Regardez Samuel, il est sûr de lui dans son choix, il est sur que c’est Eliab que le Seigneur a choisi. Eliab, beau gosse, carré des épaules, bâti pour gagner, ça c’est du roi en puissance, c’est lui l’élu ! Et bien non, Samuel, tu te trompes … sur quoi t’es tu basé pour choisir ? Sur l’apparence ? Sur la force ? De qui as-tu pris conseil ?
Mais nous, comme Samuel, qu’est-ce qui éclaire nos jugements et nos décisions sur les personnes ? sur nous-mêmes et sur les autres, sur les situations et les événements, sur les choix de notre vie ? est-ce qu’on n’est pas bien souvent – trop souvent en tout cas – dirigé par nos esprits obtus, ancrés dans leurs certitudes, leurs fausses certitudes et leurs mauvaises habitudes, figé dans des modes de penser dictés par une intelligence embuée et un cœur endurci, guidé par des critères trop « humains », des opinions changeantes glanées sur les réseaux sociaux. En somme, ne sommes-nous pas un peu aveugles sur nous-mêmes, sur notre bien ?
On sait même plus ce qui est bien et ce qui est mal, on nous a tellement embrouillé, enfumé, en relativisant le bien et le mal qu’on n’y voit plus clair.
Tous, nous avons besoin que quelqu’un vienne nous ouvrir les yeux, pour que nous y voyons clair sur le bien et le mal. Parce que quoi qu’on nous en dise, il y a un bien et un mal objectif, un bien profondément conforme à notre nature, un bien pour lequel nous sommes faits, un bien auquel nous aspirons de toute notre âme, une âme de plus en plus affamée à mesure qu’elle ne trouve pas sa nourriture, à mesure qu’on la prive de ce bien pour lequel elle est faite. Et un mal qui nous détruit, qui nous ronge, qui nous pourrit quand on le choisit. Or Dieu veut que nous vivions, Dieu n’a qu’un seul désir c’est que nous le connaissions, que nous l’aimions pour le suivre. Alors, en bon pédagogue, il nous conduit et nous aide à choisir le bien (ah oui parce que la vraie liberté, ce n’est pas seulement d’avoir le choix, la vraie liberté c’est de choisir et de choisir le bien) donc trois étapes :
- Première étape : Il a inscrit au fond de nos cœurs cette loi qui nous fait connaître le bien, le connaître pour l’accomplir et éviter le mal, il l’a inscrite en nous comme on imprime une marque sur un cachet de cire, une loi que tout homme découvre en lui pourvu qu’il fasse usage de sa raison. Pas besoin d’être catholique pour ça, il suffit d’être homme. Malheureusement, du fait de notre péché, du fait de notre aveuglement, nous n’y voyons pas très clair en nos cœurs, nous ne savons plus lire
- « alors – deuxième étape – Dieu a inscrit sur les tables de la loi ce que les hommes ne lisaient plus dans leur cœur » (st Augustin). Il a donné cette loi à Moïse, oui le Moïse que les pharisiens invoquent à leur secours : dix commandement, d’une simplicité enfantine, « tu adoreras le Seigneur, tu ne tueras point, tu ne mentiras point, tu ne voleras pas…. » Le B A-BA, tout le monde acquiesce tellement c’est évident. Dix commandements pour nous guérir de notre aveuglement, dix commandements pour nous guider, dix commandements comme dix balises sur le chemin. Oui mais dix commandements qui restent extérieurs, un peu contraignants, un peu : « fais pas ci fais pas ça » et il faut bien avouer que la contrainte, ça paie pas des masses.
- Alors troisième étape, Dieu lui-même nous donne cette illumination intérieure, cette loi nouvelle, qui est la grâce du Saint Esprit reçu au baptême, cette grâce que nous avons tous reçus, cette grâce qu’a reçu l’aveugle de naissance : elle est la grâce même de l’Esprit Saint qui est donnée aux fidèles du Christ pour guérir, pour corriger, pour éclairer notre intelligence aveugle, pour qu’elle parvienne un peu à voir avec les yeux de Dieu, pour choisir le bien, le bien qui n’est pas une doctrine, qui n’est pas d’abord une morale, le bien qui est une personne : Jésus Christ ; c’est ce que confesse l’aveugle-né : « je crois Seigneur et il se prosterna devant lui »
Y voir clair, accepter cette grâce et Dieu sait que nous résistons encore et toujours, Dieu sait que nous aimons bien ces ténèbres dont le Christ nous a libérées, Dieu sait que nous aimons faire ces choses « en cachette », ces choses « dont on a honte de parler ». Abandonne tout ce dont vous avez honte, ce que vous faites en cachette ; laissez la lumière du Christ tout illuminer en vous, vous êtes des hommes lumineux, vous êtes « fils de la lumière ». Il est pour d’autres le coté obscur de la force ! Acceptez cette grâce et laissez la agir jour après jour laissez la vous éclairer, laissez la diriger votre vie, pour l’unifier, pour que tous vos actes, toutes vos paroles soient éclairées comme de l’intérieur par une grâce intime et puissante.
Quand vous cherchez conseil, demandez à Celui qui ne peut ni se tromper, ni vous tromper, ni se tromper parce qu’il est Dieu, ni vous tromper car il vous aime trop pour cela. Non seulement il vous donne conseil, conseil que vous recevez dans la foi, conseils les plus précieux, il n’est que d’ouvrir la Bible pour les trouver, il n’est que de plonger dans le silence de son coeur pour les entendre ; mais il vous donne de les vivre, en vivant de sa charité, en l’imitant chaque jour et quand c’est trop dur, quand vous baissez les bras, quand vous vous découragez, il est encore là pour vous relever, pour vous guérir, pour vous donner la force de faire ce bien, ce bien qu’il nous indique, ce bien que nous désirons, ce bien que nous choisissons, ce bien qui a un nom : Jésus.
Abbé Simon d’Artigue