Nous fêtons aujourd’hui l’Epiphanie, une fête éminemment importante à ne pas réduire à la simple galette des rois, des crêpes, des brioches. C vrai ! Elles sont quand même bonnes ! Bref !!!
Le mot Épiphanie ἐπιφάνεια en grec, désigne la manifestation de Dieu aux hommes en la personne de Jésus-Christ, et plus précisément, sa venue dans le monde en un temps historique donné. En Grèce, cette fête porte le nom de Θεοφάνια : la théophanie, qui signifie la manifestation de Dieu (Θέος, Théos) qui s’est fait homme en Jésus. C’est le sens profond de la fête de l’Épiphanie qui, avec l’évocation des mages venus d’Orient, rappelle également la dimension universelle du message évangélique.
L’Épiphanie fait partie du cycle des manifestations du Christ en ses premiers temps. Ces manifestations ont commencé par la Nativité, elles se poursuivent par l’Épiphanie que nous fêtons aujourd’hui, elles se continuent par le baptême du Christ où le Seigneur va être manifesté comme le Messie, le Fils bien-aimé du Père. Ce cycle se conclura le dimanche suivant par la lecture des Noces de Cana qui sont, dans l’évangile selon saint Jean, le premier signe par lequel le Christ manifeste que le temps du Royaume est arrivé. Dans ce cycle de manifestations, l’Épiphanie joue un rôle très particulier. Dans la nuit de la Nativité, les bergers ont été conduits par la voix de l’Ange vers le nouveau-né emmailloté dans une mangeoire, et nous savons que, dans le langage biblique, la voix de l’Ange, c’est la voix de Dieu. C’est Dieu lui-même qui appelle des membres de son peuple et qui les conduit à venir reconnaître le Messie dans l’enfant nouveau-né.
Dans la première lecture, le prophète Isaïe nous annonce une bonne nouvelle. Son message s’adresse au long cortège des déportés qui rentre d’exil. Jérusalem peut se relever. La gloire du Seigneur s’est levée sur cette ville. Dès le chapitre premier, on voit Dieu s’est adressé à elle en lui disant : Debout, Jérusalem, resplendis ! Elle est venue, ta lumière, et la gloire du Seigneur s’est levée sur toi.
C’est aussi ce message que nous trouvons chez saint Paul dans sa lettre aux Éphésiens : … toutes les nations sont associées au même héritage… Donc, c’est la possibilité offerte à l’humanité entière d’avoir part au salut. Tous les hommes, quels qu’ils soient, sont appelés à entrer dans l’Église de la nouvelle alliance scellée en Jésus.
L’Évangile nous parle des mages venus d’Orient qui ont fait route jusqu’à Bethléem guidés par la lumière d’une étoile. Quand ils découvrent l’enfant Jésus dans l’étable, ils s’agenouillent devant lui en signe de respect et lui offrent de l’or, de la myrrhe et de l’encens.
Qu’est-ce que St Mt, dans cette page d’évangile veut nous faire comprendre en nous montrant ces trois hommes venus de pays lointains en suivant une étoile ?
Il veut nous faire comprendre que c’est par leur recherche, leur réflexion, leur désir de progresser dans la connaissance de la vérité, qu’ils ont fait ce long chemin et qu’ils viennent à la rencontre de celui dont on leur a dit qu’il serait le Messie, le Roi des Juifs qui vient de naître.
Que signifie ce signe des mages suivant l’étoile ?
Il signifie que l’homme de bonne volonté qui suit avec rigueur les critères de l’intelligence humaine peut parvenir à trouver le chemin vers Dieu ; autrement dit que l’homme fidèle à sa conscience et guidé par son intelligence peut être conduit vers Dieu. Créé à son image et à sa ressemblance, et cette image de Dieu qui repose en l’homme le rend non pas seulement capable de rencontrer Dieu mais vraiment désireux de Le rencontrer.
En fait, l’évangéliste n’a pas cherché à faire un reportage. Son vrai message est là. À travers ces étrangers, c’est le monde entier qui est appelé à Jésus. Pour le découvrir, nous sommes invités, (vous et moi), à nous mettre en route pour aller à sa rencontre. Comme il l’a fait pour les mages, il nous rejoint là où nous sommes, (dans ce que nous vivons). Il nous donne à tous une étoile pour nous guider vers le beau, vers le bien, vers son Royaume de paix et d’amour. Même chez les plus endurcis !
Par exemple, quand on voit :
- Des vivants qui s’entraident et consolent, essayant de rendre la terre belle à l’image de Dieu,
- Des vivants qui prient et chantent leur foi en Jésus-Christ, qui reçoivent l’Évangile comme une bonne nouvelle,
- Des vivants qui se réunissent au nom de Jésus et qui agissent avec son amour,
- Des vivants qui ressentent les évènements du monde comme des appels à se mettre au travail pour embraser le monde.
Fr et Sr, Dieu place des »étoiles » sur notre route vers lui, pour qu’à notre tour, nous devenions des étoiles pour les autres. Certains peuvent se dire, mais comment ça ?
Il y a un proverbe marocain qui dit : ‘’ Si tu ne peux pas être une étoile au firmament, soit une lampe chez toi’’. Pour être une étoile ou une lampe, ce n’est pas difficile, voici quelques possibilités :
- Donne à chacun le droit au pain et au respect, et tu seras une étoile de partage !
- Comble les ravins de haine et de jalousie qui séparent les vivants, qui nous séparent, et tu seras une étoile de pardon, un artisan de paix !
- Annonce que tout vivant, de n’importe quel pays, de n’importe quel péché, de n’importe quelle intelligence, de n’importe quel travail, de n’importe quelle religion, est l’enfant précieux de Dieu, de la même famille que toi, et tu seras une étoile d’accueil !
A travers la démarche des mages, nous sommes invités à considérer l’aspiration de tout homme à voir le Christ. Car, combien d’hommes et de femmes ne sont-ils pas à la recherche de Dieu ? Le psaume 104, 3 nous dit : « joie pour les cœurs qui cherchent Dieu ».
Arrivés à Jésus, leur vie change. Ils se prosternent et lui offrent leurs cadeaux. Ils ont choisi ce qu’il y a de mieux : l’or nous dit qu’il est roi ; l’encens nous dit qu’il est Dieu. La myrrhe, qui sert à embaumer les morts, nous dit qu’il est homme, destiné à mourir pour notre salut.
Et nous, vous et moi : qu’avons-nous à offrir au Roi du monde ? Il n’a pas besoin de pierres précieuses ni d’argent. Le trésor auquel il tient le plus, c’est une vie remplie d’amour. C’est cela que nous pouvons lui offrir.
Anson DACINÉ, diacre