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la crainte de Dieu – homélie 33 dimanche TO 2023

la crainte de Dieu – homélie 33 dimanche TO 2023

Qui d’entre vous n’a jamais eu peur ? Attention je ne parle pas de la peur des araignées ou de la peur du vide, non je parle de toutes ces peurs plus profondes, vous savez ces peurs qui quand elles s’installent au fond de notre coeur y prennent de plus en plus de place, elles finissent même par prendre toute la place et occulter pratiquement tout le reste, ces peurs qui deviennent lancinantes , comme une compagne dont on ne sait pas comment se débarrasser, ces peurs qui peuvent finir par nous pourrir la vie:

La peur de l’avenir

La peur de l’échec

La peur d’être trompée

La peur de ne pas y arriver

La peur de l’étranger

La peur de l’abandon

La peur de la mort

La peur d’être ridicule

La peur de la différence

La peur de la solitude

La peur de ne pas être aimé…

Vous voyez toutes ces peurs et il y en a tant d’autres…

Comment est-ce qu’on fait pour ne plus avoir peur ? Comment est-ce qu’on fait pour chasser ces peurs de nos vies, pour ne plus leur laisser la place ?

Est-ce qu’il faut bomber le torse ?

Est-ce qu’il faut les ignorer ?

Est-ce qu’il faut les regarder en face ? Je ne sais pas.

Ce que je sais parce que l’Ecriture me le révèle c’est qu’il y a une peur qui chasse toutes peurs;

Il y a une crainte qui chasse toutes les craintes.

Une crainte que je n’ai pas évoquée;

Une crainte qu’évoque chacun des textes de ce dimanche, la crainte de Dieu.

Oui, la crainte de Dieu chasse toutes les autres craintes.

Il est là le remède biblique contre la peur : la crainte de Dieu, c’est même un don du saint Esprit, un don que vous avez reçu le jour de votre confirmation, un don qu’il faut demander dans la prière, un don qu’il faut raviver, parce qu’il faut bien avouer qu’on n’est pas complètement fan de cette crainte de Dieu, en fait on ne voit pas bien ce que c’est?

En fait il y a deux craintes de Dieu, deux manières d’avoir peur de Dieu et il ne faut pas les confondre.

La première, c’est celle de notre troisième serviteur, celui qui a enfoui son talent dans la terre, l’évangile nous dit « J’ai eu peur, et je suis allé cacher ton talent dans la terre. »

Il a eu peur de Dieu (oui parce que dans la parabole le maître, c’est Dieu) il a eu peur de Dieu ou plutôt il a eu peur de l’idée qu’il se faisait de Dieu « je savais que tu es un homme dur » non ! Dieu n’est pas dur ! Mais lui, ce troisième serviteur, je ne sais pas pourquoi ? Je ne sais pas qui lui a mit cette idée dans la tête, il croit que Dieu est dur ! En fait, si je sais qui lui a mit cette idée dans la tête. Parce que dans la bible, il y a un autre moment où un homme a eu peur de Dieu, c’est au tout début, dans la genèse, juste après le péché originel, juste après qu’Adam ait préféré faire confiance au serpent qu’à Dieu, il y a ce dialogue entre Dieu et lui : Adam qui dit « J’ai entendu ta voix dans le jardin, j’ai pris peur parce que je suis nu, et je me suis caché. » Adam a eu peur de Dieu et il s’est caché. Il a eu peur de Dieu parce qu’il a écouté le serpent.

Et nous aussi nous pouvons parfois avoir peur de Dieu, la mauvaise peur de Dieu : peur qu’il nous juge, peur qu’il nous condamne, peur qu’il ne nous pardonne jamais, peur qu’il ne nous aime plus, toutes ces peurs qui nous font nous éloigner de Dieu, qui fait que nous nous cachons comme Adam, comme le serviteur. Je me cache de Dieu parce que j’ai peur de Lui ou plutôt parce que j’ai peur de la fausse image que je me fais de Lui, car je ne le connais pas, cette fausse image c’est le démon qui me l’a susurré parce qu’il veut que je vive loin de Dieu, il veut que je vive dans la peur, toutes les peurs que j’évoquais tout à l’heure et à toutes ces peurs il ajoute la peur du faux Dieu.

Bien sûr! parce que si je connaissais qui est Dieu, je saurai qu’il m’aime, je saurai qu’il a donné sa vie pour moi pour me sauver et j’aurai confiance en lui, je le prierai jour et nuit, je l’aimerai et ça, c’est insupportable au démon : l’amour et la confiance, il ne supporte pas.

Il y a donc cette première peur de Dieu qui nous vient du diable, mais il y en a une seconde, qui nous vient de Dieu, une autre qui est un don de l’Esprit Saint : celle que la bible appelle la crainte de Dieu

Dans le livre des proverbes « seule, la femme qui craint le Seigneur mérite la louange » ou dans le psaume d’aujourd’hui « Heureux qui craint le Seigneur »

Quelle est donc cette crainte de Dieu ? C’est la crainte amoureuse, la peur qui vient de l’amour véritable. Quand j’aime quelqu’un, je veux dire quand je l’aime vraiment, je vais tout faire pour lui faire plaisir ; ma plus grande crainte serait de le blesser, de lui faire du mal. Ça me serait même insupportable de savoir que j’ai pu faire quelque chose qui l’a offensé ! C’est ça la crainte de Dieu : la crainte d’offenser Dieu ! La crainte de blesser Dieu, parce que je l’aime !

Cette crainte-là, il faut la demander puisque c’est un des 7 dons de l’Esprit saint dont parle le prophète Isaïe : « Sur lui reposera l’esprit du Seigneur : esprit de sagesse et de discernement, esprit de conseil et de force, esprit de connaissance et de crainte du Seigneur » habituellement, on a plutôt tendance à demander le don de force ou de conseil, éventuellement le discernement, parce qu’on se dit que ça peut servir en quelques circonstances, mais la crainte du seigneur, on ne voit pas bien…??

Peut-être parce que nous avons une certaine désinvolture pour les affaires de Dieu,

Peut-être parce que nous n’aimons pas tant Dieu que ça ou en tout cas parce que nous mettons son amour dans la balance de nos intérêts.

Je ne sais pas par exemple en vacances, vous êtes avec des amis qui ne vont pas à la messe, oh, je ne vais pas les embêter avec ça, je vais faire une prière un peu plus longue parce que j’ai plus peur du regard des autres plutôt que d’avoir peur de Dieu.

Ou encore au bureau (ou à l’école) les blagues contre Dieu fusent à table et moi, je rigole (un peu jaune peut-être mais je rigole) parce que j’ai peur pour ma réputation plutôt que d’avoir peur de Dieu.

Même dans mon service à la paroisse, je ne vais pas oser faire une prière parce que j’ai peur de ne pas être compris ou de ne pas être assez moderne, plutôt que d’avoir peur de Dieu.

Rien que la semaine dernière après la cérémonie du 11/11, je faisais visiter la cathédrale au consul d’Espagne, au préfet et je ne sais quels autres grands de notre ville, au moment de passer devant le saint sacrement, je n’ai pas fait la génuflexion comme gêné, par peur d’être jugé ringard plutôt que d’avoir peur de Dieu.

Et ainsi tout un tas de petites peurs que je laisse prospérer, s’installer dans mon cœur, y faire leur demeure oh rien, juste une petite compromission, un silence gêné, là où je pourrais demander ce don précieux : la crainte de Dieu.

La crainte d’offenser Dieu parce que je l’aime, parce que je l’aime plus que tout, au-dessus de tout.

La crainte de Dieu qui chasse toutes les peurs.  

Abbé Simon d’Artigue