Il y a cette femme en larme, surprise en flagrant délit d’adultère.
Il y a cette meute d’hommes prêts à la lapider.
Il y a Jésus qui trace des signes sur le sol.
Il y a la misère.
Il y a les misérables.
Il y a la miséricorde.
Il y a moi et toujours mon péché,
Il y a toujours ceux qui m’accusent.
Il y a le sauveur qui pardonne toujours.
Il y a la misère.
La misère, c’est cette femme ou plutôt c’est le péché de cette femme, le péché qui l’a mise par terre ;
La misère, c’est le péché pas le pécheur
Mais le pêcheur quand il est seul avec son péché, il désespère, il se trouve misérable, irrécupérable, impardonnable et c’est bien ce que susurre à son oreille le démon, l’accusateur des origines « je ne me pardonnerai jamais ». Car en fait, nous ne sommes jamais seuls avec notre péché, il y a toujours avec nous l’accusateur, celui qui nous a fait pécher et qui une fois que nous sommes tombé continue son œuvre, en nous maintenant par terre, en nous accusant encore, comme pour nous achever, ça ne lui suffit pas de nous faire tomber, il veut que nous ne nous relevions pas.
Et là où les hommes prêts à lapider confondaient tout : Le péché et le pécheur ; ils croyaient qu’en lapidant la pécheresse, ils détruiraient le péché, ils pensaient que des pierres, un châtiment, des accusations pourraient résoudre quoi que ce soit ! Ils tombaient eux aussi dans le piège de l’Accusateur en accusant à leur tour, en la pointant du doigt, « tu es une pécheresse ! »
Jésus, lui, ne confond pas le péché et le pécheur, il distingue bien.
C’est le péché qui nous plonge dans la misère.
C’est le péché qui détruit notre dignité.
C’est le péché qui nous abîme.
Et nous le savons tous d’expérience, combien le péché peut nous abîmer, comme il nous défigure, comme il nous met à terre, comme il nous fait vivre en dessous de ce pour quoi Dieu nous a fait. Cette femme – comme aucun de nous – n’est faite pour l’infidélité, nous sommes fait pour un bel amour, pour un grand amour.
Alors Jésus dénonce le péché avec vigueur.
Il dénonce le péché et il aime le pécheur.
Contemplons le regard que Jésus pose sur cette femme.
C’est ce regard qui la relève.
Il y a la misère et il y a les misérables.
Les misérables, ce sont ces hommes qui entrent dans le piège de l’Accusateur, du démon et ils se font accusateurs à leur tour. Accuser, c’est bien pratique, ça permet de dénoncer le mal chez l’autre en évitant soigneusement de le regarder chez nous. Et bien souvent nous voyons le mal chez l’autre parce que nous le connaissons bien ce mal, nous le connaissons, car il est aussi chez nous ; mais c’est plus simple de jeter la pierre à la femme adultère plutôt que de se convertir soi.
Eux aussi jésus les désarme.
Il les désarme en dénonçant leur péché.
Il y a ce péché de colère et de violence, ces pierres qu’ils tiennent en main, ces pierres qui pourraient tuer la femme, mais qui les tueraient à coup sûr eux aussi, par ricochet.
Alors Jésus les désarme en allant plus profond encore, car Jésus va profond, il dénonce le péché caché « que celui qui n’a jamais péché lui lance la première pierre » et l’évangile ajoute « Eux, après avoir entendu cela, s’en allaient un par un, en commençant par les plus âgés », car ils savent tous qu’ils sont pécheurs (nous savons tous que nous sommes pécheurs) et en s’en allant, ils se détournent de leur péché.
Et ils se convertissent aussi.
Ils laissent là leur pierre pour se convertir.
Quelle énergie nous pouvons mettre nous aussi, misérables, à accuser, à juger, à condamner alors que nous devrions mettre toutes nos forces à nous convertir, à nous détourner du péché pour nous tourner vers le Christ et écouter sa parole.
Sa parole qui éclaire d’abord,
Sa parole qui tranche ensuite,
Sa parole qui sauve, enfin.
Contemplons le regard de Jésus sur ces hommes, il les fait fuir et ainsi, il les empêche de pêcher plus, il les sauve.
Jésus sauve moi de la dureté de mon cœur
un monde sans miséricorde
Imaginez un monde où il n’y aurait que la misère et les misérables.
Imaginez un monde sans miséricorde…
Nous n’aurions d’autre alternative que de nous ranger soit du côté de la misère et du péché, en l’excusant par molle tolérance ou par mortelle indifférence ; en disant que ce n’est pas grave et nous laisserions le mal prospérer, triompher et faire son œuvre de mort, de destruction.
Ou bien, nous ranger du côté des misérables sans justice dont on excuserait la violence. Et là aussi, nous laisserions le mal faire son œuvre.
L’alternative diabolique entre le mal et le mal, entre la misère et les misérables.
Dans un cas comme dans l’autre, le mal aurait vaincu.
Ce monde de misère et de misérables, c’est le monde sans Dieu…
Mais nous savons, nous, que Dieu est venu.
Nous savons nous, que Dieu s’est fait homme.
Nous savons que Jésus s’est fait tout proche.
Nous savons que Jésus s’est « baissé et, du doigt, il écrivait sur la terre. »
Nous savons, nous, qu’entre la femme et les pierres, Jésus s’est interposé, Jésus s’est dressé.
Il y a la misère, il y a les misérables et il y a la miséricorde.
Il y a la misère, il y a les misérables et il y a la miséricorde.
La miséricorde, c’est Jésus
C’est Jésus qui ne nous laisse pas seuls avec notre péché.
C’est Jésus qui ne nous laisse pas seuls avec les accusateurs et qui se fait notre défenseur.
C’est Jésus qui sait bien que nous n’avons pas besoin d’excuse du style, « non mais c’est pas grave, c’est rien », Jésus sait que nous n’avons pas besoin d’excuse, mais de pardon, de son pardon alors il nous dit cette parole de vie : « Je ne te condamne pas. » C’est Jésus qui nous remet sur le bon chemin, car il sait que le péché commis est mortel et il ne veut pas la mort pour nous, il veut la vie, la vie en abondance « Va, et désormais ne pèche plus. »
Au début de l’évangile, il n’y avait que la misère et les misérables.
Au cœur de l’évangile, il y avait la miséricorde qui s’interpose entre la misère et les misérables.
À la conclusion de l’évangile, il ne reste plus que la misère et la miséricorde qui pardonne.
Aujourd’hui il n’y a plus que la miséricorde
C’est Lui la miséricorde
C’est la miséricorde qui éclaire notre péché et nous donne de le regretter.
C’est la miséricorde qui pardonne notre péché.
C’est la miséricorde qui relève et guérit.
C’est la miséricorde qui console et sèche les larmes.
C’est la miséricorde qui permet de reprendre la route à la suite du Christ.
Car c’est lui la miséricorde,
La miséricorde dont nous avons tous besoin, c’est Jésus.
Abbé Simon d’Artigue