Vous savez comment terminer vos méls ? On ne sait jamais très bien par quelle formule de politesse terminer une lettre.
Est-ce qu’il faut mettre ? « Veuillez agréer, Madame, mes salutations distinguées. » Classique mais sûr ; Le « Je vous prie de croire, Monsieur, à ma considération distinguée. » Plus smart ; le « Je vous prie d’agréer, Monsieur, mes respectueuses et sincères salutations. » Un peu trop ampoulé. Il y a aussi le « Cordialement », bref et pas trop engageant ; le « bien à vous » qui ne me satisfait pas. Alors je termine mes mails par cette formule énigmatique pour nombre de mes correspondants : « En Lui, notre joie »
En Lui notre joie, parce qu’au fond, je crois que le monde n’attend pas tant mes salutations, aussi distinguées soient elles, pas plus que ma considération, mes correspondants attendent autre chose, que ces banalités épistolaires.
Le monde attend autre chose, car, nous dit l’évangile, « le peuple était en attente ». Ce peuple, qui venait à Jean-Baptiste, était en attente, il attendait quelque chose, il attendait la joie, ce que nous attendons tous, c’est la joie.
Jésus ma joie
Alors je ne veux pas me taire, je ne veux pas laisser cette attente en suspend, avec Jean-Baptiste je veux affirmer que je connais la source de la joie, elle est en Jésus-Christ, elle est en Lui notre joie.
Il faut le dire et c’est notre mission à nous chrétien de révéler au monde la source de la joie, au monde qui la cherche.
Parce que nous avons goûté à cette joie, comme Jean-Baptiste qui déjà dans le sein d’Élisabeth, sa mère, au jour de la Visitation avait tressaillit d’allégresse quand il avait rencontré Jésus. Et depuis ce jour de la Visitation, cette joie, c’est la boussole de Jean-Baptiste, toute sa vie elle va le guider, jusqu’à aujourd’hui ou dans la vallée du Jourdain, il sent Jésus qui vient, Jésus qui s’approche, Jésus qui arrive.
Vous savez comme un sourcier avec sa baguette de coudrier, ces hommes qui cherchent des sources et quand leur baguette se met à trembler, ils savent que l’eau est là, pas loin ; Jean Baptiste, il ne cherchait pas de l’eau, il cherchait la source de la joie et tous ceux qui venaient à lui, lui demandaient que devons nous faire ?
Que devons-nous faire ? C’est trop court comme question ! Il manque quelque chose ? Que devons-nous faire pour quoi ? Que devons-nous faire pour trouver la joie ?
Alors Jean-Baptiste leur donne quatre conseils, Jean-Baptiste nous donne quatre conseils pour trouver la joie, quatre conseils pour trouver le Christ qui est la source de la joie.
Fais ce que tu dois
Le premier conseil de Jean-Baptiste à ceux qui viennent le voir, vous avez entendu : « Partage tes vêtements, sois juste, ne fait violence à personne, contente toi de ta solde. » Vous avez entendu à chacun, selon son métier, son état de vie, il donne un conseil particulier ; à chacun, il dit : « Fais ton devoir d’état » Fais ce que tu dois, ne cherche pas à faire de grandes choses, ne cherche pas l’extraordinaire, tu vas t’y épuiser ; non, fais simplement ce que Dieu te demande, là, ce qui est à portée de main, l’humble service, ton simple métier, le bien que tu peux faire aujourd’hui, fais-le « n’ayez pas le goût des grandeurs, mais laissez-vous attirer par ce qui est humble » comme dit saint Paul Rm 12,16
Ce devoir d’état, chemin de joie, c’est ce qui nous permet d’imiter Jésus au quotidien, c’est certainement ça que saint Paul appelle « être toujours dans la joie » parce que Jésus ne nous rejoins pas seulement quand nous le prions dans le silence de notre chambre ou dans celui de la cathédrale, il nous rejoint à chaque instant et à chaque instant si nous vivons ce que nous faisons avec lui alors il l’imprègne de sa joie. Il nous donne sa joie pour faire ce que je dois.
distinguer le plaisir de la joie
Le deuxième conseil de Jean-Baptiste, c’est de séparer la paille et le grain, « Il tient à la main la pelle à vanner pour nettoyer son aire à battre le blé, et il amassera le grain dans son grenier ; quant à la paille, il la brûlera », c’est-à-dire à distinguer, à apprendre à discerner la joie de ce qui ressemble le plus à la joie, mais qui n’est pas la joie. En apprenant à distinguer le plaisir de la joie.
Le plaisir, c’est quand on satisfait un désir, il y a donc de bons plaisirs, par exemple de regarder le stade battre Exeter ce soir, ça, c’est un petit plaisir qui est plutôt bon, il y a aussi de mauvais plaisirs quand ils viennent satisfaire un mauvais désir, le plaisir de la vengeance.
Ces bons plaisirs sont un moteurs extraordinaires (particulièrement en matière d’éducation) mais ils ne sont jamais comblant, il ne procure pas la joie et c’est pour ça qu’il faut distinguer le plaisir de la joie. Car si je me contente de courir derrière ces plaisirs, je n’atteindrai jamais la joie qui comble, la joie pour laquelle mon cœur est fait. J’irai de plaisir en plaisir, jusqu’à épuisement, alors que je suis fait pour la joie. Et notre désir le plus grand, le plus beau, c’est d’aimer et d’être aimé, c’est le double commandement de Dieu « tu aimeras le Seigneur ton Dieu et tu aimeras ton prochain. » Ce qui procure la joie, la joie qui comble, c’est donc d’aimer, d’aimer Dieu en premier et son frère ensuite.
La joie se prépare
Le troisième conseil du Baptiste, c’est que la joie se prépare. C’est même toute la mission de jean Baptiste, de préparer le chemin du Seigneur, d’inviter le peuple à se convertir, de l’inviter à recevoir le premier baptême, le baptême d’eau, celui qu’administre Jean.
La joie se prépare, c’est pour cela que l’Eglise nous donne ce temps de l’avent pour nous préparer à la joie (et avouez-le, nous avons du mal à véritablement entrer dans ce temps de l’avent, à nous extraire du temps ordinaire, du train-train, ou de la frénésie, ordinaire.) l’avent nous prépare à la joie, elle nous prépare au second baptême, le baptême de feu et d’Esprit, le baptême de Jésus qui est la source de notre joie et ce baptême-là, il s’accueille. Alors profitez de ces 10 derniers jours de l’avent pour vous préparer à la joie qui vient, pour goûter à cette joie.
La joie comme un feu
Le dernier conseil de Jean-Baptiste, c’est « d’annoncer au peuple la bonne nouvelle », car la joie se répand, la joie grandit quand on la donne, quand on la partage. Au début de la messe, on vous a invité à vous saluer et à partager une intention de prière et déjà vous avez commencé à goûter quelque chose de la joie qui se partage, dans quelques instants je vous inviterai à vous donner la paix du Christ, alors s’il vous plaît ne le faites pas par un discret signe de tête qui vous empêcherez d’embrasser votre voisin comme si vous aviez le COVID ou ne joigniez pas les mains à l’Indienne pour éviter de lui donner une accolade ou une belle poignée de main. Faites-le pour que la joie du Christ présent sur l’autel se répande parmi nous, car la joie chrétienne est paisible. Et à la fin de la messe, le dernier mot que je dirai en guise d’envoi, ce sera « Allez porter l’évangile à vos frères »
Mais je pourrais aussi bien dire « allez portez la joie à vos frères », à tous ceux qui l’attendent, cette joie.
C’est notre mission de donner la joie au monde !
La joie comme un feu qui se répand
La joie comme un feu dont le brasier est sur l’autel
La joie comme un feu que vous allez recevoir dans le creux de vos mains
La joie comme un feu que vous avalerez pour qu’il embrase votre cœur
Car elle est en Jésus la source de notre joie
En Lui notre joie
Jésus ma joie.
Abbé Simon d’Artigue