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Tu fais, tu as, tu es… – homélie 29 dimanche du temps ordinaire

Tu fais, tu as, tu es… – homélie 29 dimanche du temps ordinaire

Dans les dîners en ville, vous savez quand on ne connaît pas trop les gens qu’on a mis à votre droite et votre gauche, par facilité, on se tourne vers son voisin pour engager la conversation et on lui demande souvent « et vous qu’est ce que vous faites ? » On parle boulot, réseau, on parle de ce qu’on fait et ça débouche assez vite sur ce qu’on a : Maison, voiture…. Mais est ce que ça suffit à nous définir, est-ce que ce que je fais et ce que j’ai défini ce que je suis ? Pourtant cette logique : je fais, j’ai, je suis, la logique de performance gouverne bien souvent notre vie.

La nôtre et celle du jeune homme riche de l’Évangile « Bon Maître, que dois-je faire pour avoir la vie éternelle en héritage ? » Que faire pour avoir, c’est dingue cette habitude de se définir par ce qu’on fait et ce qu’on a, plutôt que de parler de ce qu’on est ? Et On s’imagine parfois que c’est un travers moderne, alors qu’en en fait, on le retrouve il y a deux mille ans dans l’évangile. 

Et Pas seulement 2000 ans, avec l’évangile du jeune homme riche. vous savez qui est le premier qui se définit comme ça dans l’écriture ? Ça remonte bien plus loin que l’évangile, ça remonte au tout début de l’histoire… C’est le diable qui se définit comme ça, c’est une prophétie d’Isaïe qui nous le dit “J’escaladerai les cieux ; plus haut que les étoiles de Dieu, j’élèverai mon trône ; j’irai siéger à la montagne de l’assemblée des dieux au plus haut du mont Safone, j’escaladerai les hauteurs des nuages, je serai semblable au Très-Haut ! ” Mais te voilà jeté aux enfers, au plus profond de l’abîme. » Le diable qui se dit si je fais ça, je serai quelqu’un et pas n’importe qui, je serai comme dieu. 

Voilà le grand piège, le piège que nous tend le démon : pour être quelqu’un, tu dois faire des choses. 

Cette logique de la performance : elle nous détruit, elle nous fait croire que notre valeur dépend de ce que nous faisons.

Vous l’avez reconnu cette voix, la voix du démon, il dit la même chose a Adam et Ève, si vous mangez du fruit, vous aurez la connaissance du bien et du mal et vous serez comme des dieux : tu fais, tu as, tu es. 

Et nous nous laissons avoir et le jeune homme riche se laisse avoir, « « Maître, tout cela, je l’ai observé depuis ma jeunesse. » j’ai tout bien fait, j’ai coché toutes les cases, je suis un bon catholique Seigneur ? Non ? 

Non! Ce n’est pas ça être un disciple du Seigneur. Ce n’est pas de faire des choses, fut ce pour Dieu.

Alors jésus pour aider le jeune homme riche à sortir de cette mentalité de performance, cette mentalité qui nous détruit, pour l’aider à sortir de la logique du diable qui inverse tout (oui le diable inverse toujours les choses, souvent subtilement) jésus pour l’aider lui pose une question qu’il sait difficile voire même impossible « va, vends ce que tu as et donne-le aux pauvres » est ce que c’est un piège que Jésus lui tend ? Est-ce que Jésus serait un peu sadique en lui posant cette question dont il connaît la réponse ? Jésus sait que c’est impossible pour le jeune homme riche, mais il y en a pas mal parmi nous qui se disent, c’est impossible pour moi aussi, parce qu’il y en a quelques-uns parmi nous qui sont riches, qui ont de grands biens. Alors est ce que cet évangile est là juste pour nous culpabiliser ? Est-ce que Jésus veut que nous aussi nous repartions tout triste ? Non, Jésus nous libère par cette question. 

Jésus fait toucher sa limite au jeune homme riche.

Jésus nous fait toucher notre limite: « Comme il sera difficile à ceux qui possèdent des richesses d’entrer dans le royaume de Dieu ! »

Il nous fait toucher notre limite et en même temps, il nous donne les deux solutions pour dépasser cette limite.

La première : « Jésus posa son regard sur lui et il l’aima. » 

Jésus nous aime quoi que nous ayons fait, il nous aime en premier, il ne nous dit pas: je t’aime si tu fais ça, je t’aime si tu es conforme, je t’aimerai quand tu seras parfait, non il nous aime d’abord, il nous aime de manière inconditionnelle.

Que nous ayons fait le bien ou le mal jésus nous aime 

Que nous ayons réussi ou échoué jésus nous aime 

Que nous soyons capables de respecter les commandements ou de tomber lamentablement Jésus, nous aime 

Que nous soyons vainqueur ou vaincu Jésus nous aime 

Que nous soyons saint ou pécheur (et c’est souvent le même) jésus nous aime 

Que nous soyons riche ou pauvre Jésus, nous aime

Jésus n’attend pas que nous fassions des choses pour nous aimer.

Jésus n’attend même pas que nous fassions des choses pour lui, il nous aime.  

Ce n’est pas ce que nous faisons ou ce que nous avons qui nous définit.

Ce qui nous définit, c’est l’amour de Dieu, le regard que jésus pose sur chacun de nous 

Tu es fils de Dieu. 

Nous sommes fils de Dieu.

Aimés de Dieu 

La seconde solution devant cette question des disciples « Mais alors, qui peut être sauvé ? » Question terrible, question désespérante et la réponse lumineuse de jésus « Pour les hommes, c’est impossible, mais pas pour Dieu ; car tout est possible à Dieu. »

Arrête de t’épuiser en voulant faire des choses pour te sauver 

Tu peux multiplier les bonnes actions. 

Tu es incapable de te sauver.

Le salut, il se reçoit, il ne se conquiert pas 

Le salut, il n’est pas au bout de tes actes, c’est un don de Dieu 

En fait le jeune homme riche posait la bonne question « Bon Maître, que dois-je faire pour avoir la vie éternelle en héritage ? » En héritage ! Le salut, c’est un héritage ! La vie éternelle, c’est un héritage ! Et on ne doit rien faire pour avoir un héritage, ou plutôt si, il faut juste être fils du Père pour recevoir son héritage.

Non pas faire quelque chose pour être quelqu’un 

Mais être quelqu’un : fils du père et recevoir son héritage, et de cette identité faire quelque chose : la volonté de Dieu. 

Accepter cette identité merveilleuse 

Accepter d’être fils de Dieu

Accepter d’être sauvé par Jésus 

Accepter d’être aimé par le Père 

Abbé Simon d’Artigue