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Vivre en frère – homélie 23 dimanche TO 2023

Vivre en frère – homélie 23 dimanche TO 2023

Ça m’agace, mais ça m’agace quand au début de la messe on me demande de saluer mon voisin, ca m’agace non mais on n’est pas à la fête de l’huma ou a Paray le monial! Pourtant je l’aime bien le pere simon, il est plutôt classique, j’veux dire liturgiquement ca va a peu prés, mais alors quand il nous demande ca, je peux pas! Alors il y a des stratégies de contournements, y’en a coup d’oeil à droite, coup d’oeil à gauche, ils vérifient qu’il n’y a personne à moins de deux mètres d’eux, il y en qui restent à genoux pieusement la tête dans les mains jusqu’a la fin du chant d’entrée, pour être sur, il y en a qui pile a ce moment cherchent quelque chose dans leur sac, il y en a qui arrivent consciencieusement en retard de 5mn chaque dimanche pour être sur de s’épargner ce nouveau rite liturgique absurde, il y en a qui font une tête si peu avenante que meme si tu te tournes vers eux tu n’as aucune envie de les saluer… Bon je vous rassure on fera pas ca tout les dimanches, mais assez souvent quand meme. Pourquoi? Parce que nous sommes frères ? Juste pour ca, parce que votre voisin de banc c’est votre frère, réellement. Vous ne le connaissez peut être pas encore mais c’est votre frere, si vous êtes là ce matin à la messe. 

Alors c’est sur que le venin de l’individualisme qui ronge notre société cherche évidemment à s’immiscer dans notre eglise et parfois y parvient. La traduction de cet  individualisme dans l’église c’est que je viens à la messe et et c’est déja bien mais je ne veux pas qu’on me dérange. Je viens, je prie et je m’en vais. Ma foi se résumerait à une relation seul à seul avec Dieu. Cet individualisme il attaque la dimension communautaire de notre assemblée, il attaque notre fraternité, il fait que petit à petit j’en viens à ignorer mon frère, à ne pas m’intéresser à lui et si je ne m’intéresse pas à mon  frère qui est au bout de mon banc, comment pourrais je m’intéresser à mon frère plus éloigné encore, comment pourrais je m’intéresser à mon prochain sur le bord de la route et meme à aimer mon ennemi comme jésus nous en fait le commandement. la fraternité c’est la première traduction de ma foi, c’est la traduction concrète de ma foi, sa traduction en acte. 

Et que cette fraternité elle doit changer nos comportements  concrets, je veux dire nos comportements quand nous venons à l’église, pour changer ensuite nos comportements dans le monde, le reste de notre semaine. Ce qui se joue dans notre fraternité, dans notre communion 

Jésus dans notre évangile nous donne les deux vérificateurs de notre fraternité, les deux sources de notre communion. 

La correction fraternelle et la prière. 

On n’est pas frère parce qu’on prends des apéro ensemble ou parce qu’on a supporté ensemble le XV de france, (meme si je n’ai rien ni contre l’apéro ni contre le rugby) mais ce n’est pas là que se nourrit notre communion, jésus nous dit qu’elle s’enracine dans la correction fraternelle et la prière, c’est sur que c’est plus compliqué, c’est plus engageant qu’un diner entre amis ou une partie de pétanque au boulingrin. C’est plus engageant et c’est ce que jésus nous propos, de nous engager, de nous engager dans notre fratenité. Et il sait que ce qui détruit la communion, c’est le péché, vous savez ce péché qu’on appelle mortel parce qu’il tue, il tue la relation avec Dieu bine sur mais il tue aussi l’amitié, la fraternité. Alors habituellement quand je vois mon frère qui pêche, l’individualisme ou l’indifférence viennent susurrer à mon oreille « mais qui es tu pour juger ton frere? » ou encore « mais non c’est son problème, ne va pas te mêler de ce qui ne te regarde pas » oui mais justement ca me regarde, parce que c’est mon frère, je ne peux pas laisser mon frère se perdre, c’est pour cela que je vais le trouver, attention pas pour lui faire la morale, parce que je sais que je ne suis pas forcément meilleur que lui, je vais le trouver parce que je l’aime comme dit saint Paul  « Frères, n’ayez de dette envers personne, sauf celle de l’amour mutuel, car celui qui aime les autres a pleinement accompli la Loi. » car le moteur de cette correction fraternelle c’est l’amour et c’est ce qu’il faut vérifier avant d’aller trouver son frère, est ce que c’est bien la charité qui me motive ou bien autre chose? Mais jésus ajoute qu’il y a des étapes dans la correction fraternelle: « va lui faire des reproches seul à seul…prends en plus avec toi une ou deux personnes…dis-le à l’assemblée de l’Église » ces étapes elles nous disent la pédagogie de Dieu avec nous, elles nous disent que la conversion est longue, car c’est bien de cela dont il s’agit de se convertir. 

Et pour se convertir jésus nous donne le deuxième moyen qui est le corollaire obligatoire de la correction fraternelle: la prière. La prière de celui qui va reprendre son frère pour que la charité habite ses paroles, ses attitudes, ses intentions, la prière de celui qui a été repris pour qu’il accepte humblement le reproche et qu’il choisisse de se convertir, de marcher sur le chemin de la vérité. Mais jésus nous parle d’une autre prière, d’une prière à deux ou à trois, une prière fraternelle: « si deux d’entre vous sur la terre
se mettent d’accord pour demander quoi que ce soit,
ils l’obtiendront de mon Père qui est aux cieux.
    En effet, quand deux ou trois sont réunis en mon nom,
je suis là, au milieu d’eux. » cette prière là elle nourrit la communion, elle est aussi exigeante que la correction fraternelle, cette prière c’est d’avoir l’audace de demander à un frère, une soeur est ce que tu peux prier pour moi? Vous me direz que vous le faites souvent. Oui ce que nous faisons c’est de recevoir cette demande puis le soir de prier pour cette intention, chacun de son coté, une prière individuelle, voire individualiste. Mais jésus nous parle d’autre chose « quand deux ou trois sont réunis en mon nom… s’ils se mettent d’accord pour demander » je voudrais vous inviter cette année à avoir cette audace de demander à vos frères de prier pour vous, première audace, qui me fait sortir de moi meme, qui me fait demander à mon frère autre chose que de me prêter sa scie sauteuse ou son moule à charlotte, lui demander de prier pour moi, lui confier ce qui habite mon coeur, j’imagine par exemple que cette année, de temps en temps au début de la messe au lieu de simplement échanger nos noms et prénoms et nous saluer avec déférence nous pourrions échanger une intention de prière. Mais il y a une seconde audace c’est pour celui qui accueille cette demande de ne pas se contenter de dire oui je prierai pour toi plus tard, mais immédiatement de prier pour lui, en silence dans un premier temps et puis si l’Esprit Saint vous le souffle en ouvrant les lèvres et en disant ce que Dieu vous inspire, en priant pour votre frère à haute voix: « En effet, quand deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis là, au milieu d’eux. »

Abbé Simon d’Artigue