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Relecture Veillée de prière à l’Esprit-Saint

Relecture Veillée de prière à l’Esprit-Saint

La Veillée de prière à l’Esprit-Saint

de Jeudi 12 mars 2020 à 20h,

à Notre-Dame La Daurade

 

AVE chanté par tous

« Je vous salue, Marie, pleine de grâce, » 

Le sixième mois, l’ange Gabriel fut envoyé par Dieu dans une ville de Galilée, appelée Nazareth, à une jeune fille vierge, accordée en mariage à un homme de la maison de David, appelé Joseph ; et le nom de la jeune fille était Marie. L’ange entra chez elle et dit : « Je te salue, Comblée-de-grâce, le Seigneur est avec toi. » À cette parole, elle fut toute bouleversée, et elle se demandait ce que pouvait signifier cette salutation. L’ange lui dit alors : « Sois sans crainte, Marie, car tu as trouvé grâce auprès de Dieu. Voici que tu vas concevoir et enfanter un fils ; tu lui donneras le nom de Jésus.  Il sera grand, il sera appelé Fils du Très-Haut ; le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son père ; il régnera pour toujours sur la maison de Jacob, et son règne n’aura pas de fin. » Marie dit à l’ange : « Comment cela va-t-il se faire puisque je ne connais pas d’homme ? » L’ange lui répondit : « L’Esprit Saint viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre ; c’est pourquoi celui qui va naître sera saint, il sera appelé Fils de Dieu. Or voici que, dans sa vieillesse, Élisabeth, ta parente, a conçu, elle aussi, un fils et en est à son sixième mois, alors qu’on l’appelait la femme stérile. Car rien n’est impossible à Dieu. » Marie dit alors : « Voici la servante du Seigneur ; que tout m’advienne selon ta parole.» Alors l’ange la quitta.

Evangile selon Luc 1, 26-38

Je ne l’ai pas vu. Mais en s’en allant,
– J’étais sur le pas ému de la porte –
Il a laissé choir dans mon cœur tremblant
Un grain murmurant du Verbe qu’il porte.

Il a fait tomber à la place en moi
La plus ignorée et la plus profonde,
Un mot où palpite on ne sait quoi,
Un mot dans mon sein pour le mettre au monde.

Ah ! comment un mot sortira-t-il bien
De moi que voilà qui suis peu savante ?
Mais le Saint-Esprit – je suis sa servante –
S’Il veut qu’il me naisse y mettra du sien.

Marie NoëlLe Rosaire des joies (lu par une femme)

 

  1. Viens esprit de Sainteté, viens Esprit de Lumière,

viens, Esprit de feu, viens nous embraser !

  1. Viens, Esprit du Père, sois la lumière,

Fais jaillir des cieux ta splendeur de gloire.

  1. Viens, onction céleste, source d’eau vive,

Affermis nos cœurs et guéris nos corps.

  1. Esprit d’allégresse, joie de l’Eglise,

Fais jaillir des cœurs, le chant de l’Agneau.

  1. Fais-nous reconnaître l’amour du Père,

Et révèle-nous la face du Christ.

  1. Feu qui illumines, souffle de vie,

Par toi resplendit la croix du Seigneur.

 

 

« Le Seigneur est avec vous » 

ô mères qui avez vu mourir le premier et l’unique enfant,

Rappelez-vous cette nuit, la dernière, auprès du petit être gémissant,

L’eau qu’on essaye de faire boire, la glace, le thermomètre,

Et la mort qui vient peu à peu et qu’on ne peut plus méconnaître.

Mettez-lui ses pauvres souliers, changer-le de linge et de brassière.

Quelqu’un vient qui va me le prendre et le mettre dans la terre.

Adieu, mon petit enfant ! Adieu, ô chair de ma chair !

La quatrième Station est Marie qui a tout accepté.

Voici au coin de la rue qui attend le Trésor de toute Pauvreté.

Ses yeux n’ont point de pleurs, sa bouche n’a point de salive.

Elle ne dit pas un mot et regarde Jésus qui arrive.

Elle accepte. Elle accepte encore une fois.

Le cri est sévèrement réprimé dans le cœur fort et strict.

Elle ne dit pas un mot et regarde Jésus-Christ.

La Mère regarde son Fils, l’Église son Rédempteur,

Son âme violemment va vers lui comme le cri du soldat qui meurt !

Elle se tient debout devant Dieu et lui offre son âme à lire.

Il n’y a rien dans son cœur qui refuse ou qui retire,

Pas une fibre de son cœur transpercé qui n’accepte et ne consente.

Et comme Dieu lui-même qui est là, elle est présente.

Elle accepte et regarde ce Fils qu’elle a conçu dans son sein.

Elle ne dit pas un mot et regarde le Saint des Saints.

Paul Claudel, Le Chemin de Croix

SILENCE

AVE chanté par tous

« Vous êtes bénie entre toutes les femmes, » 

A toutes les créatures il manque quelque chose, et non point seulement de n’être pas Créateur.

A celles qui sont charnelles, nous le savons, il manque d’être pures.

Mais à celles qui sont pures, il faut le savoir, il manque d’être charnelles.

Une seule est pure étant charnelle.

Une seule est charnelle ensemble étant pure.

C’est pour cela que la sainte Vierge n’est pas seulement la plus grande bénédiction

qui soit tombée sur la terre.

Mais la plus grande bénédiction même qui soit descendue dans toute la création.

Elle n’est pas seulement la première entre toutes les femmes,

Bénie entre toutes les femmes,

Elle n’est pas seulement la première entre toutes les créatures,

Elle est une créature unique, infiniment unique, infiniment rare.

Une seule et nulle autre ensemble charnelle et pure. Car du côté des anges

Les anges seraient bien purs, mais ils sont de purs esprits, ils ne sont point charnels.

Ils ne savent point ce que c’est que d’avoir un corps, que d’être un corps.

Ils ne savent point ce que c’est que d’être cette pauvre créature.

Charnelle.

Un corps pétri du limon de cette terre.

Charnelle.

Ils ne connaissent point cette liaison mystérieuse, cette liaison créée,

Infiniment mystérieuse,

De l’âme et du corps.

Charles Péguy Porche du mystère de la deuxième vertu

SILENCE

AVE récité

« Et Jésus le fruit de vos entrailles » 

Mon Dieu, qui dormez, faible entre mes bras,
Mon enfant tout chaud sur mon cœur qui bat,
J’adore en mes mains et berce étonnée,
La merveille, ô Dieu, que m’avez donnée.

De fils, ô mon Dieu, je n’en avais pas.
Vierge que je suis, en cet humble état,
Quelle joie en fleur de moi serait née ?
Mais vous, Tout-Puissant, me l’avez donnée.

Que rendrais-je à vous, moi sur qui tomba
Votre grâce ? ô Dieu, je souris tout bas
Car j’avais aussi, petite et bornée,
J’avais une grâce et vous l’ai donnée.

De bouche, ô mon Dieu, vous n’en aviez pas
Pour parler aux gens perdus d’ici-bas
Ta bouche de lait vers mon sein tournée,
O mon fils, c’est moi qui te l’ai donnée.

De main, ô mon Dieu, vous n’en aviez pas
Pour guérir du doigt leurs pauvres corps las
Ta main, bouton clos, rose encore gênée,
O mon fils, c’est moi qui te l’ai donnée.

De chair, ô mon Dieu, vous n’en aviez pas
Pour rompre avec eux le pain du repas
Ta chair au printemps de moi façonnée,
O mon fils, c’est moi qui te l’ai donnée.

De mort, ô mon Dieu, vous n’en aviez pas
Pour sauver le monde O douleur ! là-bas,
Ta mort d’homme, un soir, noir, abandonnée,
Mon petit, c’est moi qui te l’ai donnée.

Marie Noël, Le Rosaire des joies

SILENCE

AVE chanté

« est béni. » 

Ici la Passion prend fin et la Compassion continue.

Le Christ n’est plus sur la Croix, il est avec Marie qui l’a reçu:

Comme Elle l’accepta, promis, Elle le reçoit, consommé.

Le Christ qui a souffert aux yeux de tous de nouveau au sein de sa Mère est caché.

L’Eglise entre ses bras à jamais prend charge de son Bien-aimé.

Ce qui est de Dieu, et ce qui est de la Mère, et ce que l’Homme a fait.

Tout cela sous son manteau est avec elle à jamais.

Elle l’a pris, elle voit, elle touche, elle prie, elle pleure, elle admire;

Elle est le suaire et l’onguent, elle est la sépulture et la myrrhe,

Elle est le prêtre et l’autel et le vase et le Cénacle.

Ici finit la Croix et commence le Tabernacle.

Paul Claudel, Le Chemin de la Croix (lu par un homme)

SILENCE

AVE récité par tous

« Sainte Marie, » 

Mais remarque bien maintenant, petit: La sainte Vierge n’a eu ni triomphe ni miracles. Son fils n’a pas permis que la gloire humaine l’effleurât, même pas du plus fin bout de sa grande aile sauvage. Personne n’a vécu, n’a souffert, n’est mort aussi simplement et dans une ignorance aussi profonde de sa propre dignité, d’une dignité qui la met pourtant au-dessus des Anges. Car enfin, elle était née sans péché, quelle solitude étonnante ! Une source si pure, si limpide, si limpide et si pure qu’elle ne pouvait même pas y voir refléter sa propre image, faite pour la seule joie du Père – ô solitude sacrée ! Les antiques démons familiers de l’homme, maîtres et serviteurs tout ensemble, les terribles patriarches qui ont guidé les premiers pas d’Adam au seuil du monde maudit, la Ruse et l’Orgueil, tu les vois qui regardent de loin cette créature miraculeuse placée hors de leur atteinte, invulnérable et désarmée. Certes, notre pauvre espèce ne vaut pas cher, mais l’enfance émeut toujours ses entrailles, l’ignorance des petits lui fait baisser les yeux – ses yeux qui savent le bien et le mal, ses yeux qui ont vu tant de choses ! Mais ce n’est que l’ignorance après tout. La Vierge était l’innocence. Rends-toi compte de ce que nous sommes pour elle, nous autres, la race humaine ? Oh! naturellement elle déteste le péché, mais enfin, elle n’a de lui aucune expérience, cette expérience qui n’a pas manqué aux plus grands saints, au saint d’Assise lui-même, tout séraphique qu’il est. Le regard de la vierge est le seul regard vraiment enfantin, le seul vrai regard d’enfant qui se soit jamais levé sur notre honte et notre malheur. Oui mon petit, pour la bien prier, il faut sentir sur soi ce regard qui n’est pas tout à fait celui de l’indulgence – car l’indulgence ne va pas sans quelque expérience amère – mais de la tendre compassion, de la surprise douloureuse, d’on ne sait quel sentiment encore, inconcevable, inexprimable, qui la fait plus jeune que le péché, plus jeune que la race dont elle est issue, et bien que Mère par la grâce, Mère des grâces, la cadette du genre humain.

Georges Bernanos, Journal d’un curé de campagne

AVE chanté par tous

« Mère de Dieu, »

Voilà ce qu’il avait rapporté à sa mère.

Jamais un garçon n’avait coûté autant de larmes à sa mère.

Jamais un garçon n’avait autant fait pleurer sa mère.

Voilà ce qu’il avait rapporté à sa mère.

Depuis qu’il avait commencé sa mission.

 

Parce qu’il avait commencé sa mission.

Depuis trois jours elle pleurait.

Depuis trois jours elle errait, elle suivait.

Elle suivait le cortège.

Elle suivait les événements.

Elle suivait comme à un enterrement.

Mais c’était l’enterrement d’un vivant.

D’un vivant encore.

Elle suivait ce qui se passait.

Elle suivait comme si elle avait été du cortège.

De la cérémonie.

Elle suivait comme une suivante.

Comme une servante.    (…/…)

 

(…/…)

 

Comme une pleureuse des Romains.

Des enterrements romains.

Comme si ça avait été son métier.

De pleurer.

Elle suivait comme une pauvre femme.

Comme une habituée du cortège.

Comme une suivante du cortège.

Comme une servante.

Déjà comme une habituée.

Elle suivait comme une pauvresse.

Comme une mendiante.

Eux qui n’avaient jamais rien demandé à personne.

À présent elle demandait la charité.

Sans en avoir l’air elle demandait la charité.

Puisque sans en avoir l’air, sans même le savoir elle demandait la charité de la pitié.

D’une piété.

D’une certaine piété.

Pietas.

 

Charles Péguy, Mystère de la charité de Jeanne d’Arc

SILENCE

AVE récité par tous

« priez pour nous pauvres pécheurs, » 

Par le petit garçon qui meurt près de sa mère
Tandis que des enfants s’amusent au parterre
Et par l’oiseau blessé qui ne sait pas comment
Son aile tout à coup s’ensanglante et descend
Par la soif et la faim et le délire ardent              Je vous salue, Marie

Par les gosses battus, par l’ivrogne qui rentre
Par l’âne qui reçoit des coups de pied au ventre
Et par l’humiliation de l’innocent châtié
Par la vierge vendue qu’on a déshabillée
Par le fils dont la mère a été insultée                Je vous salue, Marie

Par la vieille qui, trébuchant sous trop de poids
S’écrie « mon Dieu ! » par le malheureux dont les bras
Ne purent s’appuyer sur une amour humaine
Comme la Croix du Fils sur Simon de Cyrène
Par le cheval tombé sous le chariot qu’il traîne  Je vous salue, Marie

Par les quatre horizons qui crucifient le monde
Par tous ceux dont la chair se déchire ou succombe
Par ceux qui sont sans pieds, par ceux qui sont sans mains
Par le malade que l’on opère et qui geint
Et par le juste mis au rang des assassins          Je vous salue, Marie

Par la mère apprenant que son fils est guéri
Par l’oiseau rappelant l’oiseau tombé du nid
Par l’herbe qui a soif et recueille l’ondée
Par le baiser perdu par l’amour redonné
Et par le mendiant retrouvant sa monnaie         Je vous salue, Marie

Francis Jammes, Clairières dans le ciel

SILENCE

AVE chanté par tous

« Maintenant »

Les Larmes de la Mère des Douleurs remplissent l’Ecriture et débordent sur tous les siècles. Toutes les mères, toutes les veuves, toutes les vierges qui pleurent n’ajoutent rien à cette effusion surabondante qui suffirait pour laver les cœurs de dix mille mondes désespérés. Tous les blessés, tous les dénués et tous les opprimés, toute cette procession douloureuse qui encombre les atroces chemins de la vie, tiennent à l’aise dans les plis traînants du manteau d’azur de Notre-Dame des Sept-Douleurs. Toutes les fois que quelqu’un éclate de pleurs, dans le milieu de la foule ou dans la solitude, c’est elle-même qui pleure, parce que toutes les larmes lui appartiennent en sa qualité d’Impératrice de la Béatitude et de l’Amour. Les Larmes de Marie sont le Sang même de Jésus-Christ, répandu d’une autre manière, comme sa Compassion fut une sorte de crucifiement intérieur pour l’Humanité sainte de Son Fils.

Léon Bloy, Symbolisme de l’apparition

SILENCE

AVE chanté par tous

« Et à l’heure de notre mort » 

Or, près de la croix de Jésus se tenaient sa mère et la sœur de sa mère, Marie, femme de Cléophas, et Marie Madeleine. Jésus, voyant sa mère, et près d’elle le disciple qu’il aimait, dit à sa mère : « Femme, voici ton fils. » Puis il dit au disciple : « Voici ta mère. » Et à partir de cette heure-là, le disciple la prit chez lui.

Evangile selon Jean 19, 25-27

SILENCE

Elle était là debout, la mère douloureuse.
L’obscurité farouche, aveugle, sourde, affreuse,
Pleurait de toutes parts autour du Golgotha.
Christ, le jour devint noir quand on vous en ôta.
Et votre dernier souffle emporta la lumière.
Elle était là debout près du gibet, la mère !
Et je me dis : Voilà la douleur ! et je vins.
— Qu’avez-vous donc, lui dis-je, entre vos doigts divins ?
Alors, aux pieds du fils saignant du coup de lance,
Elle leva sa droite et l’ouvrit en silence,
Et je vis dans sa main l’étoile du matin.

Victor Hugo, Les contemplations (lu par Vincent qui lance le chant suivant)

Chant par tous

  1. Si le vent des tentations s’élève,
    Si tu heurtes le rocher des épreuves.
    Si les flots de l’ambition t’entraînent,
    Si l’orage des passions se déchaîne :
  2. Regarde l’étoile, invoque Marie,
    Si tu la suis, tu ne crains rien !
    Regarde l’étoile, invoque Marie,
    Elle te conduit sur le chemin !
  3. Dans l’angoisse et les périls, le doute,
    Quand la nuit du désespoir te recouvre.
    Si devant la gravité de tes fautes
    La pensée du jugement te tourmente :

(3 et 4 éventuellement)

3. Si ton âme est envahie de colère,
Jalousie et trahison te submergent.
Si ton cœur est englouti dans le gouffre,
Emporté par les courants de tristesse :
4. Elle se lève sur la mer, elle éclaire,
Son éclat et ses rayons illuminent.
Sa lumière resplendit sur la terre,
Dans les cieux et jusqu’au fond des abîmes.

CODA
Si tu la suis, tu ne dévies pas,
Si tu la pries, tu ne faiblis pas.
Tu ne crains rien, elle est avec toi,
Et jusqu’au port, elle te guidera.

Notre-Père