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Quel sens à ma vie? – Homélie du 2ème dimanche du temps ordinaire 2023

Quel sens à ma vie? – Homélie du 2ème dimanche du temps ordinaire 2023

Quand j’étais jeune le premier jour de l’année l’instituteur nous disait de prendre une feuille de cahier d’y écrire notre nom, prénom, tout un tas de renseignements et en bas ce que tu veux faire plus tard. Et moi j’écrivais consciencieusement que je voulais être architecte (puis plus tard homme politique, oui c’est assez étrange comme idée, je vous l’accorde)

Et les années d’école, de collège et de lycée passaient ensuite à réaliser ce projet que nous avions inscrits sur nos feuilles d’écoliers. 

Avec parfois des hésitations, des tergiversations, des changements jusqu’à arriver à parcours sup. 

Le stress des parents qui du coup se font aider par des coach en orientations, des professionnels de parcours sup

Et puis hop on s’engage dans une filière, en se disant ça y est j’ai trouvé ce qui va donner du sens, ce qui va donner un sens à ma vie…

Vous n’y croyez pas? Moi non plus.  

D’ailleurs ces derniers temps j’entends assez souvent des personnes me dire que leur travail ne les comble pas, qu’il voudrait trouver un travail qui a du sens, qui donne du sens à leur vie. Et c’est parfois crucifiant de ne pas se sentir à sa place, de s’ennuyer 8h par jour, mais je pense que c’est un énorme mensonge de croire que c’est notre travail qui  donnera un sens à notre vie. Ce n’est pas le rôle du travail de donner du sens, il peut donner un salaire, il peut donner un épanouissement personnel, il peut donner un mal de dos, il peut donner des relations professionnelles mais pas du sens. Quand on se met à demander au travail de donner du sens c’est qu’on ne croit plus en Celui qui seul donne sens à toute vies, c’est qu’on ne croit plus en Dieu, ou en tout cas que Dieu n’a plus sa place dans nos vies. Alors il faut bien trouver du sens ailleurs parce qu’on ne peut pas vivre sans donner sens à notre vie…

Rappelez-vous le jour de votre baptême; en chantant la litanie des saints vous ne vous êtes pas dit je veux être riche, ou je veux être en bonne santé, ou je veux être célèbre. Vous ne vous êtes pas dit je veux être berger ou infirmière, trader ou barman vous avez dit je veux te ressembler Seigneur, je veux t’imiter, mettre mes pas dans tes pas, je veux être saint. Point.

Je veux pas être ingénieur, boulanger, prof, charpentier ou coach de vie, je veux être saint!

C’est à dire qu’au premier jour de votre vie chrétienne on ne vous pas demandé d’écrire sur une feuille ce que vous voudriez faire plus tard, mais ce que tu voudriez être: saint! 

Oui mais le baptême c’est loin, on a oublié ce projet de vie, on l’oublie trop souvent parce que ça nous semble, soit impossible, soit des histoires pour enfants, être saint? Non! Alors on préfère se contenter d’être architecte.  

N’oubliez pas ce à quoi vous avez été appelé au jour de votre baptême, ne l’oubliez pas car il est là le sens de votre vie: être saint. Le malin le sait qui cherche à nous détourner de ce grand projet de Dieu, en nous proposant d’autres buts: gagner de l’argent, être reconnu, en bonne santé, confortablement installé. 

Saint Paul le sait aussi qui rappelle aux chrétiens de Corinthe qu’il a baptisés il y a quelque mois « à l’Église de Dieu qui est à Corinthe, à ceux qui ont été sanctifiés dans le Christ Jésus et sont appelés à être saints »

Nous sommes sanctifiés par le baptême et nous sommes appelés à être saints.

C’est notre ambition, c’est l’ambition des parents pour leurs enfants quand ils les présentent au baptême. 

Vous vous dites que c’est ambitieux, trop ambitieux?  bien sur que c’est ambitieux, c’est l’ambition de Dieu pour nous écoutez ce qu’il dit à Isaïe: « C’est trop peu que tu sois mon serviteur pour relever les tribus de Jacob, ramener les rescapés d’Israël : je fais de toi la lumière des nations, pour que mon salut parvienne jusqu’aux extrémités de la terre. » Dieu ne nous dit pas mon ambition pour toi c’est que tu gagnes 100K€, ou que tu aies une Rolex a 50 ans sinon tu as raté ta vie, (la question elle est vite répondue); Dieu nous dit comme à Isaïe « En toi je manifesterai ma splendeur » « je fais de toi la lumière des nations » « tu as de la valeur à mes yeux » 

Dieu voit grand pour nous, il a une grande ambition et il nous accompagne sur ce chemin, le chemin qui va de la sanctification par le baptême (pas le baptême de JB, le baptême d’eau, mais le baptême dans l’Esprit saint)  à la sainteté à laquelle nous sommes appelés.  Car nous voyons bien que nous ne sommes pas encore saints, nous savons bien que nous sommes tous pleins de défauts, de failles, de blessures, enclin au péché, nous le savons et Dieu le sait aussi, il le sait même mieux que nous et si parfois ça peut nous désespérer, si parfois nos lourdeurs nous donnent envie de baisser les bras, d’abandonner l’objectif de sainteté pour nous contenter d’être architecte, Dieu n’abandonne jamais, il ne nous abandonne jamais. Et quand je tombe, quand je ralentis, quand je trébuche « il se penche vers moi » comme dit le psaume 39, il se penche vers moi pour me relever. Il n’attends qu’un mot de moi, une réponse à son appel: « voici je viens » 

C’est ça qui donne sens à notre vie.

C’est ça qui oriente toute notre vie.

Garder les yeux fixés sur Jésus Christ.

Avec lui avancer sur le chemin de sainteté.

Car ce n’est pas mon métier qui donne un sens à ma vie. 

Ce n’est pas la victoire ou la défaite du stade qui définit mon moral. 

Ce n’est pas ce qu’on dit de moi/ le regard des autres qui fait ma gloire.

Ce n’est pas mon âge qui commande mon bonheur.

Ce n’est pas ma santé ou mon infirmité qui affecte mon humeur.

Ce ne sont pas mes réussites ou mes échecs qui me définissent.

Car ce ne sont pas en eux que j’ai mis ma confiance. 

Car je sais  qu’ils sont des maitres menteurs.

Le seul qui donne sens à ma vie, c’est Jésus,

« car c’est mon Dieu qui est ma force » 

« car c’est lui le Fils de Dieu » 

 

Abbé Simon d’Artigue