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Homélie dimanche de Pâques Monseigneur Legall

Homélie dimanche de Pâques Monseigneur Legall

 

Dans les prières de la messe du Jour de Pâques, il n’est question que de lumière et de vie :

  • « Aujourd’hui, Dieu notre Père, tu nous ouvres la vie éternelle par la victoire de ton Fils sur la mort. Que ton Esprit fasse de nous des hommes nouveaux pour que nous ressuscitions avec le Christ dans la lumière de la vie. »
  • Sur les offrandes, nous allons rendre grâce pour le sacrifice de Pâques : « par lui ton Église, émerveillée de ta puissance, naît à la vie et reçoit sa nourriture. »
  • Après la communion, nous dirons ce merci : « Déjà les sacrements de la Pâque nous ont régénérés en nous faisant communier à ta vie ; donne-nous d’entrer dans la lumière de la Résurrection. »

Aux aurores ce matin, nous avons parlé de la lumière qui commençait à poindre, celle qui va illuminer nos catéchumènes, puisque la tradition parle du baptême comme d’une « illumination ». Pour eux, il s’agit de « naître à la vie », de renaître à la pleine vie du Ressuscité, celle-même de Dieu, celle à laquelle vous aspirez depuis longtemps.

Vos témoignages à cet égard m’ont touché.

D. J’ai découvert le Christ depuis ma naissance et bien avant, car ça ne pouvait pas être autrement. Depuis mon enfance, je me sens appelée. Malgré beaucoup d’épreuves, j’ai toujours su garder l’amour envers mon prochain et pardonné, ceci grâce à ma foi et à mon amour pour le Christ, mon Sauveur. À l’âge de 8 ans, je sortais en cachette de la maison pour aller à l’église et assister à la messe. Je l’ai fait jusqu’à 12 ans. L’église est un lieu de repos spirituel ; c’est un lieu qui me permet de me rapprocher des autres dans l’amour et la simplicité ; c’est un lieu de paix spirituelle : il m’apporte beaucoup d’apaisement et de réconfort, mais également d’appartenance.

B., 27 ans, de famille musulmane très religieuse. Maltraité à l’école coranique du village. Découverte de la foi chrétienne dans une famille d’amis au collège. Marié, décide de se convertir au Christ. J’ai alors subi de mon père des violences physiques, avec séquestration et menace de mort. J’ai décidé de quitter mon pays. Arrivé à Toulouse, à la préfecture pour les papiers, voit la cathédrale, la visite et prend rendez-vous. Dans cette religion de tolérance, de l’accueil, de la liberté, de l’amour et de la fraternité, je suis prêt à donner tout de moi pour être au service du Seigneur. Je suis engagé comme bénévole à la cathédrale auprès de la sacristie pour la préparation des messes et des cérémonies de fête.

A. Je suis née d’une famille musulmane pratiquante et pourtant je n’ai jamais accepté de pratiquer cette religion envers et contre tout. J’ai eu des relations conflictuelles avec ma famille pour laquelle l’appartenance à leur religion n’était pas un choix ou une option pour tout membre de la famille, mais une obligation, carrément. Tout cela n’a en rien éteint en moi cet amour du Christ, né dès le plus jeune âge et vraiment enraciné à l’âge adulte. Pour cela, j’ai toujours pratiqué la religion catholique dans la plus grande discrétion. Ma prière à chaque messe lorsque le prêtre présente l’hostie au peuple de Dieu, est que Dieu incline le cœur de ma famille et qu’elle accepte ma foi chrétienne, et surtout qu’il m’accorde d’aller à la table sainte prendre part à son festin, avant d’être un jour rappelée à lui. Et je suis d’autant plus heureuse que ma fille aînée (13 ans) est candidate au baptême cette année tout comme moi ! et les deux autres recevront le baptême l’an prochain par la grâce de Dieu ! Tout cela représente vraiment une victoire pour moi.

G. C’est la préparation au mariage qui m’a permis de trouver la foi qui je pense, était là bien avant, mais qui, sans enseignement religieux, ne pouvait pas se révéler. Les discussions autour de textes m’ont fait prendre conscience que c’est quelque chose qui manquait à ma vie et qui pouvait me combler de joie. Sur la paroisse, j’ai découvert la joie et le bonheur qu’engendre la foi.

La foi nous fait revivre et recevoir la vie en abondance, celle de Jésus ressuscité ; le printemps nous en donne un signe.

Comment d’un arbre sec et froid depuis des mois
peuvent pousser des bourgeons marrons
et sortir de frêles et fines feuilles un peu froissées ?
Longuement, pendant le premier confinement,
j’ai regardé un couple de tilleuls
depuis ma fenêtre dans le jardin de l’Archevêché à Toulouse.
En quelques jours à peine, les deux arbres voisins,
sveltes et dépouillés dans leur élégance nue, presque transparente,
se muent en un bouquet qui s’étire en son camaïeu de vert tendre ;
il n’autorise aucun autre regard au travers, mais seulement au-delà.

Ainsi en va-t-il de ce passage toujours miraculeux entre l’hiver et le printemps,
lié à la Pâque, préparée par le Carême, où Dieu déploie les merveilles de son amour.
Il faut savoir prendre du temps pour contempler cette mutation lente et soudaine
entre la mort et la vie, comme il importait de rester en silence
tout le jour du Samedi saint, dans l’attente ardente du Vivant sortant du tombeau.

Alléluia !

Monseigneur LE GALL