Dans les diners en ville quand on ne connait pas tout le monde, les gens se présentent et le plus souvent quand ils se présentent, en tout cas à toulouse, ça fait comme ça « bonsoir moi c’est Camille je bosse chez Airbus, moi je m’appelle Kevin je travaille chez Safran, moi Emma chez un sous traitant et moi Adrien je suis en stage à Sup Aero et plus tard je travaillerai chez Airbus» et comme ça chacun décline son identité, enfin son identité, pas vraiment. C’est assez étonnant d’ailleurs que quand nous devons nous présenter nous commençons presque toujours par dire ce que nous faisons, notre boulot, avant tout le reste, peut être parce que nous y passons beaucoup de temps, peut être parce que c’est la chose la plus importante pour nous, peut être parce que c’est devenu notre raison de vivre? Ce qui nous définit le mieux? mais depuis quand notre travail nous défini? depuis quand notre travail dit qui nous sommes? Il dit ce que nous faisons, certainement pas ce que nous sommes.
Parce que l’être devance toujours le faire
Ce que je fais découle de ce que je suis, pas l’inverse.
Le problème c’est que bien souvent on nous cantonne dans le faire, on ne vaut que par ce qu’on fait et en général ca se traduit en terme de salaire, ce que je suis se mesure en millier d’euro! d’ailleurs dans ces memes diners en ville on finit après quelques verres par parler de ça et à se jauger, à se classer, à se comparer, à voir qui a le plus gros revenu, alors autant vous dire que dans cette compétition, le chômeur, la mère de famille (qui ne travaille pas c’est bien connu), le petit artisan il est même pas invité.
On nous cantonne dans le faire… et on s’y laisse enfermer. Et ce que je fais finis par me définir, par dire qui je suis. Mais il ne faut pas s’étonner alors de ne pas y trouver de sens
Il ne faut pas s’étonner alors d’être plus attentifs au regard de notre patron qu’a celui de notre époux
Il ne faut pas s’étonner d’être hyper stressé au moment des évaluations
Il ne faut pas s’étonner de préférer son bureau à sa maison
Il ne faut pas s’étonner quand sonne l’heure de la retraite de croire que nous ne sommes plus personne parce que nous ne travaillons/ pointons plus
Il ne faut pas s’étonner de croire que nous ne valons rien parce qu’un obscur n+1 nous a enfoncé
Il ne faut pas s’étonner de ne plus savoir qui je suis
A force de ne me définir que par ce que je fais, ce que je gagne
Qui je suis?
En fait c’est une question très importante celle de notre identité, une question fondamentale, attention elle n’est pas fondamentale au sens où elle serait au centre des débats de la campagne présidentielle, elle est fondamentale au sens où elle fonde toute notre vie.
Qui est ce que je suis?
Car Nous ne fabriquons/ construisons pas notre identité, nous la recevons comme un cadeau, un don précieux.
Ainsi nous naissons homme ou femme,
nous naissons fils de notre père et de notre mère,
nous recevons d’eux une langue, une culture, des traditions,
nous naissons à une époque donnée, dans un pays donné, mais le don le plus précieux qui puisse nous être fait, celui qui imprime la marque la plus profonde, la plus radicale en nous, celui qui définit ce que nous sommes c’est le don du baptême car ce n’est pas seulement un don de nature, de culture ou de civilisation c’est un don de grâce
Car ce n’est pas le don de nos parents c’est le don même de Dieu et ce don il se résume dans cette phrase que Dieu le Père adresse à son fils Jésus au jour de son baptême par Jean Baptiste dans le Jourdain: « tu es mon fils bien aimé » Cette phrase a résonné au plus intime de notre âme au jour de notre baptême « tu es mon fils bien aimé » cette phrase résonnera en vous au jour de votre baptême « tu es mon fils bien aimé », c’est là notre identité la plus belle, la plus profonde, la plus précieuse : je suis enfant de Dieu, je suis aimé de Dieu, de quoi aurai je besoin de plus?
C’est cette relation qui me définit
C’est cet amour qui me définit
Ne nous trompons pas
Nous ne sommes pas défini par nos blessures, notre péché, ce qui en nous ne peut que vieillir puisque par le baptême Dieu nous a « renouvelé dans l’Esprit Saint »
Nous ne sommes pas défini par nos limites ou nos peurs puisque nous avons été baptisé « dans l’Esprit Saint et le feu »
Nous ne sommes pas défini par ce que les autres disent de nous mais par ce que Dieu a dit de moi au jour de mon baptême : « tu es mon fils bien aimé »
Nous ne sommes pas défini, enfermé dans nos propres actes, voire dans notre péché : « tu n’es qu’un menteur, tu es divorcé » puisque par le baptême nous sommes lavés de tous péchés, irrigués de Sa miséricorde
Nous ne sommes pas défini par le jugement des hommes qui ne nous connaissent jamais, (jugement toujours injuste d’ailleurs), mais par le regard que Dieu pose sur nous.
Avant d’être saint ou pécheur je suis enfant de Dieu
Avant d’être français ou arménien je suis enfant de Dieu
Avant d’être riche ou pauvre je suis enfant de Dieu
Avant d’être l’enfant de mes parents je suis enfant de Dieu
Avant d’être puissant ou misérable je suis enfant de Dieu
Avant d’être ingénieur ou infirmier je suis enfant de Dieu
Avant d’être noir ou blanc je suis enfant de Dieu
Alors, au prochain diner en ville, la prochaine fois qu’on vous dira: « et toi qu’est ce que tu fais? » commencez par dire qui vous êtes
Parlez de ceux que vous aimez: votre femme, vos enfants, vos amis, de votre terre, de vos passions, de vos rêves, de votre manière de voir le monde, de vos dernières lectures,
Mais surtout la prochaine fois qu’on vous demandera de vous présenter, commencez par dire: « Au baptême j’ai reçu le nom de Simon et je suis fils de Dieu! »
Ça claque!
Abbé Simon d’Artigue