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Quand on prie il y a plusieurs étapes – homélie 5e dimanche de Pâques

Quand on prie il y a plusieurs étapes – homélie 5e dimanche de Pâques

5ème dimanche de Pâques : Jn 15, 1-8

Quand on prie, il y a plusieurs étapes. Quand on démarre d’abord. On y prend en général assez vite goût. On prend 10 ou 15 min de prières silencieuses. On se sent assez bien en présence de Dieu, on se dit que ça y est, notre vie spirituelle part bien. On peut même avoir quelques fois des grâces sensibles.

On prie quelques temps. Et puis il y a un moment où ça devient plus compliqué. Au bout de quelques jours, quelques semaines, ou quelques mois, ça dépend… la prière devient plus compliqué. Les grâces sensibles s’atténuent. On commence à se rendre compte qu’on a des distractions. On s’ennuie. On peut même se dire « mais à quoi ça sert finalement ? » On se rend compte aussi que les péchés que l’on commet régulièrement ne diminuent pas, et qu’on n’avance plus dans la vie spirituelle.

Nous sommes des sarments de vigne… Comme une vigne, la première année, le cultivateur en prend soin, laisse pousser, et y met de l’engrais. Puis la 2ème année, c’est la taille qui arrive.

Le Seigneur prend soin de nous. Et les sècheresses que l’on peut sentir dans ces moments sont comme des tailles que le Seigneur pratique pour nous purifier et que l’on puisse porter beaucoup de fruits.

Quand un vigneron taille sa vigne, il coupe les grandes branches pour laisser 2 yeux, c’est-à-dire des bourgeons. Le surplus est brûlé. Cela permet à la vigne de produire des raisins de meilleure qualité, et de faire du bon vin.

Le Seigneur fait pareil avec nous. Les branches qui ont poussées, qui peuvent être des branches d’orgueil, ou bien de belles branches, mais qui risquent de nous enorgueillir (parce qu’elles sont plus grandes qu’ailleurs), il les taille. Il les enlève pour nous faire grandir en sainteté.

La taille de la vigne, elle se fait aussi en général vers février, en plein hiver. C’est un moment où la vigne, comme notre vie spirituelle, peut stagner. Les feuilles sont tombées, les vendanges sont passées, il fait froid, et la nature a l’air morte.

Notre vie de prière a besoin de la même chose. Au moment où l’on porte moins de fruits, où l’on peut stagner et s’habituer au péché ou bien même délaisser notre vie spirituelle, le Seigneur arrive. Et il taille.

Ça peut faire mal, et Jésus le sait. Alors il nous encourage à demeurer en lui, à rester accrocher à la vigne. Nous sommes des sarments, mais si nous quittons la vigne, nous ne vivons plus, nous mourons. La vigne est là pour nous maintenir, pour continuer à laisser aller la sève jusqu’au fond des sarments.

Jésus est la vigne à laquelle nous sommes invités à rester accrocher par notre vie de prière, et il nous envoie la sève qu’est l’Esprit-Saint pour nous garder en vie. Tant que nous restons accrocher à lui, nous recevrons la vie de Dieu.

Et alors, en restant maintenue à cette vigne, en vivant de cette sève, nous serons telle la bien-aimée du Cantique des cantiques : « Le figuier a formé ses premiers fruits, la vigne fleurie exhale sa bonne odeur. Lève-toi, mon amie, ma toute belle, et viens… » Nous exhalerons la bonne odeur du Christ. Cette bonne odeur que nous avons reçue à notre baptême, marquée par le St Chrême.

Ben Sira le sage nous donne aussi des paroles merveilleuses sur les fruits que nous porterons : « Comme une vigne, j’ai donné des sarments pleins de grâce et mes fleurs sont des fruits de gloire et de richesse. »

Alors aujourd’hui, prions pour demander la grâce de la prière, surtout dans les moments difficiles. Tous les grands saints de l’Église ont eu des moments difficiles à ce niveau-là. Osée, en parlant du peuple sacerdotal que sont les juifs, mais aussi nous, annonce des merveilles : « Ses jeunes pousses vont grandir, sa parure sera comme celle de l’olivier, son parfum, comme celui de la forêt du Liban. Ils reviendront s’asseoir à son ombre, ils feront revivre le froment, ils fleuriront comme la vigne, ils seront renommés comme le vin du Liban. »

Amen

Père Vincent du Roure