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Homélie 33 TO Caliméro et son talent 

Vous savez qui va gagner le Vendée globe? Le Cam, Thomson, Escoffier ou Amédéo? En fait je n’y connais rien en voile, donc je ne vais pas tenter un pronostic hasardeux, mais ce dont je suis certain c’est que le vainqueur, il est dans ceux qui ont pris le départ, le vainqueur il est dans ceux qui ont osés! Ceux qui sont restés à quai, ceux qui ont renoncé, ceux qui ont baissé les bras, ceux qui se sont enterrés ils ne gagneront jamais, c’est une certitude. 

En fait chaque fois qu’on s’enterre on a déjà perdu.

Alors pourquoi est ce qu’il a enterré son talent? Qu’est ce qui l’a poussé à faire ce choix, quelle est sa motivation?

Qu’est ce qui me pousse à m’enterrer plutôt qu’à oser?

Parce que vous l’avez bien compris ce dont il s’agit aujourd’hui dans l’évangile, c’est pas juste de savoir comment faire pour gagner plus d’argent, ce qui est en jeu dans la parabole de ce jour c’est du choix de notre vie, le choix entre une vie abondante ou une vie de ténèbres.

Il convient donc de se pencher assez attentivement sur la psychologie des trois protagonistes pour en prendre de la graine et éviter de s’enterrer, éviter de plonger dans  les ténèbres et je crois que cet évangile est particulièrement bien venu aujourd’hui.

Aujourd’hui où nous pourrions avoir tendance à nous enterrer :

parce que ce confinement nous enterre, 

parce que l’incertitude du lendemain nous enterre, 

parce que les valses hésitations du gouvernement nous donne envie de baisser les bras, 

parce que les divisions entre catholiques à propos de la messe nous désespèrent, 

Alors il faut bien avouer que la tentation est grande de nous enterrer et d’attendre que ça passe, on se dit qu’on ressortira quand ça ira mieux, dans 3 ou 4 mois ou au prochain déconfinement

Mais nous ne pouvons pas nous enterrer, interdiction nous est faite par le maître, vous avez entendu la fermeté de sa condamnation, vous avez entendu la vigueur de son propos, l’enterrement c’est pour les morts et nous nous sommes des vivants, notre maitre nous appelle à vivre, une vie en abondance. 

Alors regardons les deux attitudes des serviteurs: l’une à éviter sauf à vouloir vivre une vie mortelle, l’autre à suivre pour une vie en abondance. 

J’imagine la scène de ces trois serviteurs une fois que le maître leur a remis à chacun ses talents; et voilà c’est toujours pareil, un seul talent!

Il n’y en que pour Raoul et Marcel, et Raoul tu es le meilleur et Raoul voici 5 talents, et Raoul tu es mon préféré, et gna gna gna …et pour toi Caliméro un seul talent!

Et pourquoi est ce qu’il m’a donné un seul talent?

Parce qu’il ne me fait pas confiance, parce que je suis nul et puis de toute manière j’y arriverai jamais!

Bon j’avoue j’ai un peu tiré la parabole, mais quand même regardez le moteur de l’action de Caliméro ( c’était un dessin animé de mon enfance où un petit poussin noir se plaignait tout le temps de ce qui lui arrivait « c’est trop inzuste ») pour le Caliméro de l’évangile le premier moteur de son choix c’est la peur « j’ai eu peur et je suis allé cacher ton talent dans la terre » la peur nous fait faire n’importe quoi, elle ne nous fait jamais prendre la bonne décision, la peur nous fait nous enterrer. 

Dans l’évangile cette peur qui vient paralyser le cœur de Caliméro  trouve sa source dans un double regard, le regard qu’il porte sur son maître « je savais que tu es un homme dur » or c’est un a priori, car le maître dont il s’agit c’est Dieu, qui n’est pas dur, qui est bon pour chacun de ces enfants, mais notre Caliméro pour je ne sais quelle raison crois qu’il est dur;

Mes à prioris, mes préjugés, m’enferment dans la peur et m’empêchent de découvrir la véritable intention du maître, l’amour qu’il me porte, la confiance qu’il a en moi. 

Le deuxième regard c’est le regard que notre Caliméro porte sur les deux autres serviteurs ceux qui reçoivent plus que lui (3 et 5 talents) on peut imaginer l’envie, la jalousie, la comparaison et ce qui en découle immédiatement la dépréciation; le jugement sur soi.

Or, que nous dit l’évangile « il donna à chacun selon ses capacités » bien entendu, Dieu ne donne pas à chacun la même chose, regardez les saints: à saint Vincent de Paul, Dieu a donné d’être un entrepreneur, à Thérèse d’Avila une réformatrice, à Jean Bosco un pédagogue, à Jeanne d’Arc une guerrière, à Jean Chrysostome un prédicateur, à Thomas d’Aquin un théologien, jamais il ne serait venu à l’idée de saint François d’Assise de jalouser les dons fait par Dieu à saint Dominique.

Chacun d’entre eux avait reçu sont talent, un talent selon ses capacités et ils n’ont pas eu assez d’une vie pour le faire fructifier, pour qu’il se déploie dans toute sa stature.

Ces hommes et ces femmes, les saints auraient pu faire le choix de passer leur vie à se plaindre, à se comparer, à juger Dieu et leurs frères, au fond ils auraient pu passer leur vie à se lamenter d’être des victimes, à enterrer leurs talents mais ils ont choisis l’audace et la confiance.

La confiance en Dieu qui leur a fait confiance, en effet comment comprendre autrement cette attitude du maître qui confie ses talents?

Dieu nous fait confiance et ce qu’il nous donne c’est exactement ce dont nous avons besoin. C’est le talent qui nous convient, il est taillé pour nous, il est notre sainteté et nous n’avons qu’à le faire fructifier, le faire grandir.

Et c’est la deuxième attitude: l’audace

Ce temps troublé pourrait nous conduire à la frilosité et au repli, le maître nous invite à la confiance et à l’audace pour chacun de nous elle se traduira différemment selon le don qui nous est fait, selon le talent confié.

Il y en a dans notre ensemble paroissial qui ont reçu le talent d’écouter attentivement, d’autres ont une imagination créative, d’autres encore  portent la joie par leurs sourires bienfaisants, d’autre entrainent par leur énergie, certains savent discerner, d’autres aident à prier… vous avez entendu le maîre de la parabole? `

A chacun il donne au moins un talent, qu’aucun d’entre nous ne se dise « j’ai été oublié, je n’ai rien reçu »

Le temps qui s’ouvre devant nous n’est pas le temps de la peur, ce n’est pas le temps du jugement ou de la comparaison, ce n’est pas le temps du repli ou de l’enfouissement, le temps qui s’ouvre devant nous est un temps merveilleux, le temps favorable, le temps de la confiance et de l’audace, le temps de l’abondance où nous allons voir fleurir des centaines de  talents.

Abbé Simon d’Artigue