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Edito mars 2021

J’ai proposé à une paroissienne d’écrire quelques lignes sur la fête de l’Annonciation au coeur du Carême, sur ce «oui» de Marie qui façonne tous nos oui, elle hésita un peu avant de coucher ces mots sur le papier… Merci Christiane.

Abbé Simon d’Artigue.

L’ Annonciation ! C’est un mystère sans égal, qui bouleverse, qui peut déranger, qui laisse sans paroles. Ce mystère, je l’ai dans mes pensées depuis toujours. Je l’ai, quand à la messe, je vois Marie magnifiquement pavée et couronnée…je l’ai dans les moments de chants, de prières, quand je l’appelle « reine »… je l’avais déjà enfant… ce qui me gênait et me gêne encore, c’est que Marie, pour moi, elle n’est pas comme cela ! On a voulu, depuis des siècles, l’honorer ainsi pour se faire pardonner l’horreur qu’elle a vécue, la perte de son Enfant.

« Ma » Marie, c’est cette toute jeune fille emportée par un prodigieux mystère, arrachée en un instant du monde de la simple humanité pour se trouver appelée à un destin indicible.

Ce qui me trouble, c’est que le don de l’«Immaculée Conception» est venu en cadeau, pour Marie, simplement… et elle l’a reçu. Mais ici, dans ce mystère, auquel je pense depuis longtemps et vous étiez loin de vous en douter, Dieu fait encore une fois un cadeau… mais en demandant à cette petite Marie si elle l’accepte ! Et cela c’est énorme, impensable !

L’Ange qui est le messager, qui est la Parole de Dieu, qui « dit » la volonté de Dieu, attend une réponse. Dialogue entre Dieu et sa créature. Dieu pouvait se passer du « oui » de Marie…

Et c’est là toute sa tendresse, parce qu’il sait le merveilleux mais aussi le douloureux ce qu’il lui donne. Quand je vois Marie la Reine, je vois en réalité la jeune fille de Galilée, toute simple, je l’imagine en vêtements de son pays et d’alors… Elle allait et venait, Marie comme ses amies ; que faisait elle exactement ? Elle rêvait aussi à ses noces, avec Joseph.

Elle n’avait pas des rêves de grandeur, elle n’avait pas choisi un «grand» de son village… il travaillait, de ses mains… il travaillait le bois. Elle souhaitait avoir des enfants…Et voilà qu’un jour la «Nouvelle» arriva, une vraie «nouvelle» jamais entendue auparavant, incomparable, impensable… Une Nouvelle, une annonce qui la tirant de son monde serein et de ses rêves humains, la plonge dans un avenir incompréhensible, immense, merveilleux. Qu’a-t-elle compris, Marie ? A t-elle, en un instant, senti que tout son présent disparaissait, Joseph, ses noces, l’opinion que l’on avait d’elle, sa vie de simple galiléenne ?

Quelle foi immense fallait-il pour qu’elle dise «oui» ! Car elle ne comprenait pas tout à fait ce que lui disait l’Ange. Elle a posé une question… Elle n’a pas réfléchi Marie, elle a fait confiance. C’est ça la Foi. Qui peut se vanter de posséder cette Foi ? Même les plus grands saints…

Enfant, quand j’ai découvert ce mystère de l’Annonciation, je me demandais souvent ce que je ferais, ce que je dirais… si un Ange m’apparaissait ! ou plutôt ce que j’aurais fait ou dit… Dire « oui » sans réfléchir… Pourtant la vie nous invite à réfléchir. Comment faire ce qu’on ne comprend pas ? Mais l’amour de Dieu, l’amour pour Dieu n’a rien à voir avec la raison… L’humble mortel calcule si telle chose est possible ou impossible. Pour Dieu tout est possible ! Et Marie l’a cru, aussi extraordinaire, aussi inouï, aussi bouleversant que ce soit, aussi fou… ! Elle a dit « oui ».

Je crois que notre grand péché, c’est de ne pas savoir dire oui, oui à Dieu dans tout ce qu’il nous invite à faire, à dire… D’avoir peur des desseins de Dieu, d’avoir un manque cruel d’Espérance.

Je vois souvent des femmes dont je ne saurais mesurer la Foi – qui viennent prier Marie pour avoir un enfant. Elles écrivent aussi et c’est souvent déchirant. Et quand elles pensent à Marie, ce n’est pas Marie dans ses beaux manteaux, c’est Marie qui a un tout petit dans ses bras. Elle savent que cet Enfant c’est l’enfant du miracle… Elles attendent, elles aussi, un bébé « miracle ». Je ne sais si leur Foi est grande, mais elles ont une telle Espérance !

Elles voudraient tant qu’un ange se penche sur elles ! Il faut savoir dire « non » sur cette terre, bien sûr… mais pensons à ce « oui » de Marie, un « oui » inouï…

Christiane