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Edito juin – Décivilisation

Edito juin – Décivilisation

« Tu ne tueras point. « 

Avant d’être gravée sur les tables de la loi, cette parole a été inscrite dans le cœur de l’homme, de tout homme. Parole qui fait du respect de la vie une barrière infranchissable, une règle qui est le fondement de toute vie en société, soubassement de la fraternité et de la sécurité qui est due à tous.

Aujourd’hui, notre Parlement débat sur l’euthanasie (quelle que soit la manière dont on cherche à en travestir le terme), et s’apprête à inscrire dans la loi le droit de tuer.

Est-ce tout ce que vous avez à proposer à vos concitoyens, le droit de tuer ?

Est-ce là l’espérance que vous offrez à notre société ?

Notre président parlait il y a peu d’une décivilisation de notre pays. Avec ce projet de loi nous en avons une des formes les plus abouties, celle qui renverse les repères anthropologiques les plus profonds.

Avec cette loi, nous sommes affrontés à une quadruple décivilisation :

  • Décivilisation, car c’est l’introduction du droit de tuer dans la loi. La loi qui est l’édifice permettant de vivre ensemble, garante du bien commun; nous y inscrivons un germe de mort, le ferment de sa destruction.

Cette civilisation, je n’en veux pas ! « Je mets devant toi la vie ou la mort, la bénédiction ou la malédiction. Choisis donc la vie » Dt 19

  • Décivilisation, car ceux qui seront en première ligne pour appliquer cette loi sont les soignants ceux dont la vocation est de prendre soin. Ils veulent soigner, on leur demande de tuer. Ils ont beau s’opposer massivement à cette loi on ne les écoute pas, et le délit d’entrave qui a été ajouté au projet gouvernemental prépare certainement un affaiblissement de la clause de conscience, ultime rempart face au totalitarisme.

Cette civilisation, je n’en veux pas ! « Alors le Roi dira à ceux qui seront à sa droite: “Car j’étais nu, et vous m’avez habillé; j’étais malade, et vous m’avez visité; j’étais en prison, et vous êtes venus jusqu’à moi ! ” Mt 25,34

Décivilisation, car ce droit de tuer frappera en premier lieu les plus fragiles, les malades, les souffrants. Quelle est cette société qui ne protège plus les pauvres et les petits ? Une société où l’on a de place que si l’on réussit, si l’on est en bonne santé, riche, jeune et brillant.
Cette civilisation, je n’en veux pas ! « Car chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait. » Mt 25,40

Décivilisation quand face à la souffrance notre réponse sera la mort et l’abandon, là où nous attendons la fraternité et l’accompagnement. Nous voudrions un monde sans souffrance, mais ce monde n’existe pas, alors plutôt que de l’accueillir et de la soulager par le soin et l’attention aux autres nous proposons la mort.
Cette civilisation, je n’en veux pas ! « Mon commandement, le voici : aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. » Jn 15,12

Face à cette décivilisation, à cet oubli de la Parole de Dieu « tu ne tueras point » nous nous levons.
Oubli ou surdité ? Car si notre société se délite c’est qu’il y a déjà longtemps qu’elle a chassé Dieu, qu’elle est sourde, qu’elle ne veut pas entendre, pas accueillir celui qui pourrait la sauver.
Face à cette décivilisation nous chrétiens n’avons d’autre réponse que d’accueillir la parole de Dieu : le commandement ancien, « Tu ne tueras point » et le commandement nouveau « Aimez vous les uns les autres »
Face à cette décivilisation, nous proclamons une espérance plus grande.
Face à cette décivilisation, nous proclamons que la solution n’est pas dans une mort plus facile, mais dans un amour plus grand !

Abbé Simon d’Artigue