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Nos freins à la mission – homélie de la messe aux Jacobins 2019

Nos freins à la mission – homélie de la messe aux Jacobins 2019

Souvent, lorsque que je parle de mission dans la paroisse, au sein de l’EAP, je sens une sorte de crainte, de réticence et rapidement on m’objecte :

  • Qu’il ne faut pas faire de prosélytisme,
  • Que tout est mission,
  • Que nous sommes missionnaires par toute notre vie,
  • Qu’on n’a pas besoin de dire qu’on est catholique pour le vivre,
  • Qu’on n’a pas besoin d’aller sur les places publiques pour être missionnaire,
  • Que la mission de rue ce n’est pas pour moi !!

Avant même d’envisager la mission, on avance un bataillon de freins, de peurs, d’objections. Je prends ça comme un signe, un signe qu’il faut y aller, un signe qu’il faut foncer !!

Le Pape, dès le début de son pontificat, appelait tous les catholiques (pas seulement les toulousains) à être disciples-missionnaires et, comme si ça ne suffisait pas, il engage toute l’Église à un mois missionnaire en octobre dernier (vous me direz on est le 17 novembre c’est bon, c’est terminé, ouf !! on en a fini avec la mission !).

Le Pape … et notre évêque qui, lui, nous propose une année missionnaire – et ça tombe bien parce que c’est la troisième partie de notre vision pastorale cette année « à nous d’être témoins de la joie de l’Évangile » !

Alors comment faire, pris entre le feu de cette insistance évangélique, pontificale, épiscopale, paroissiale et nos peurs à évangéliser, à témoigner de notre foi ? Comment comprendre cette insistance de toute l’Église, de manière constante, à envoyer ses enfants évangéliser ? Et ce n’est pas nouveau, ça fait 2000 ans que l’appel a été lancé : « allez de toutes les nations, faites des disciples ».

La raison d’être de l’Église, c’est la mission, la mission d’annoncer Jésus Christ.

L’Église n’est pas faite pour bâtir des églises, aussi belle soient elles, car il n’en restera pas pierre sur pierre nous dit l’évangile ; elle n’est pas faite pour organiser des pèlerinages, pour animer des groupe de prières, des fraternités missionnaires, des journées pour les couples, des parcours alpha, des missions de rues, des événements, ni même des messes unitaires aux Jacobins … tout ça, ça ne sert à rien, tout ça, ce n’est que de l’agitation si nous perdons de vue ce pour quoi l’Église est faite, son unique but : annoncer Jésus Christ. Tout ce qu’elle fait depuis 2000 ans n’a qu’un seul but : que Jésus soit connu et aimé.

Nous n’avons donc qu’une seule question à nous poser : est-ce que dans tout ce que je fais, tout ce que je vis, mes engagements chrétiens, je permets que Jésus soit connu et aimé ? est-ce que mes activités permettent cela ?

Parce que si nous avons la foi, c’est que quelqu’un nous l’a transmise, c’est que quelqu’un nous a fait connaitre Jésus et que son témoignage nous a permis de l’aimer.

Jésus connait nos peurs, toutes nos peurs et particulièrement cette peur de témoigner de Lui, de son Nom, alors il nous répond comme à ses disciples, il nous répond, à nous ses disciples : « Cela vous amènera à rendre témoignage. Mettez-vous donc dans l’esprit que vous n’avez pas à vous préoccuper de votre défense. C’est moi qui vous donnerai un langage et une sagesse à laquelle tous vos adversaires ne pourront ni résister ni s’opposer. »

Cette seule affirmation de Jésus devrait nous ôter toute peur car nous avons la foi, nous croyons donc que cette parole est vraie pour nous aujourd’hui. Croyez-vous que cette parole soit vraie ? Et la preuve qu’elle est vraie, ce sont les martyrs de tous les âges, tous les martyrs qui témoignent de leur foi parfois au prix de leur vie, encore aujourd’hui. Il ne nous est pas demandé de témoigner au prix de notre vie, en France nous ne sommes pas en danger de mort à cause de Son Nom, au pire on se moquera de nous ; et pourtant nous n’osons que rarement témoigner.

Pourtant nous avons la foi qui lève la peur.

Pourtant nous croyons que l’Église est faite pour évangéliser.

Que nous manque-t-il alors pour témoigner de notre foi en Jésus Christ ressuscité ? Une occasion !

Il nous manque une occasion ! Un premier pas !

Alors je vous en donne 6, 6 pas, 6 occasions, 6 moyens à portée de mains, 6 moyens que nous mettons en œuvre dans notre paroisse cette année. Bien sûr ils ne sont pas parfaits ces moyens, ils sont discutables, ils sont même critiquables (et nous pouvons les discuter, nous pouvons les critiquer mais pendant que nous critiquons nous n’annonçons pas l’Évangile… et le diable se frotte les mains) :

  • Le premier de ces moyens, c’est cette petite plaquette que vous pourrez récupérer à la fin de la messe, 30 idées missionnaires, 30 idées pour m’aider dans cette conversion personnelle. Choisissez-en une de ces idées et mettez-la en œuvre, puis une fois réalisée, une seconde… Et si vous aviez récupéré cette plaquette et que vous l’avez soigneusement rangée pour qu’elle ne vous dérange pas, ressortez-la !
  • Le deuxième moyen, ce sont les fraternités missionnaires, celles dont je vous parlais l’an passé lors de cette messe unitaire dans cette même église : un petit groupe de 6-8 paroissiens qui se réunit au moins une fois par mois pour partager sur l’évangile du dimanche. Il en existe 18 de ces fraternités sur notre paroisse. Vous pouvez en rejoindre une ou bien en créer une dix-neuvième. Ces fraternités sont très fraternelles (et c’est essentiel car il n’y pas de mission sans cette fraternité première), mais ce que me disait leurs membres c’est comment pourraient-elles être plus missionnaire ? Trois moyens :
      • Accepter d’accueillir un nouveau dans votre fraternité (un nouveau qui est peut-être à cette messe) ;
      • Inviter une connaissance à participer à au moins une de vos rencontres
      • Et participer en fraternité à un des événements missionnaires de la paroisse cette année.
  • Le troisième moyen, c’est le parcours alpha qui va être lancé à partir du mois de janvier, un parcours alpha ce sont dix diners où nous parlerons des grandes questions de la foi, celle qui habitent le cœur de l’homme : Pourquoi Jésus est-il mort ? Comment savoir si j’ai la foi ? Prier : pourquoi et comment ? Comment Dieu nous guide-t-il ? Comment tirer le meilleur parti du reste de ma vie ? Comment résister au mal ? L’Église : qu’en penser ? Tout ça autour d’un repas, comme une conversation entre amis. Or nous avons tous un ami qui s’est éloigné de la foi, qui ne va plus à la messe et que pourtant vous sentez en questionnement, proposez-lui de rejoindre le parcours alpha, prenez une invitation à la fin de la messe et donnez-la-lui, c’est un beau cadeau que vous lui faites.
  • Le quatrième moyen, c’est le GOoD festival: les 16 et 17 mai prochain, un festival pour la mission, dans chacune de nos églises, nos églises ouvrent leur portes en proposant des initiatives missionnaires laissant place à la créativité selon les talents de chacune de nos paroisses et le dimanche, une « messe des curieux » où nous vous proposons d’inviter chacun une personne à la messe, ça vous arrive parfois d’inviter des amis à déjeuner le dimanche et bien ce dimanche  invitez les à déjeuner bien sûr mais invitez les aussi à la messe.
  • Le cinquième, c’est l’évangélisation de rue, certainement celle qui nous fait le plus peur, celle pour laquelle nous avons le plus de freins, cette forme d’évangélisation dont nous nous disons « très peu pour moi, ce n’est pas mon style, mon charisme, j’en suis bien incapable ». C’est en tout cas ce que je me dis le premier et, pourtant, je crois que cette audace d’aller trouver quelqu’un simplement pour lui annoncer celui en qui vous croyez, peut transformer tant de choses dans votre vie et dans celle de celui à la rencontre de qui vous allez, peut-être n’a-t-il jamais entendu parler de jésus christ de toute sa vie, or il y a droit. Oui mais comment faire ? Nous vous proposons six samedi matin, tournant de paroisse en paroisse pour nous former, prier et expérimenter ensemble cette rencontre missionnaire.
  • Le sixième et dernier moyen, il arrive bientôt, le 30 novembre, une journée pour les couples missionnaires. Il y a une grâce toute particulière donnée aux couples le jour de leur mariage. A travers vos blessures et par votre amour, vous êtes témoins pour le monde de l’amour vainqueur de Jésus. Une journée de formation, de partage, de prière pour prendre soin de votre couple et devenir ses disciples missionnaires dont nous parle le pape François.

Vous pouvez les choisir tous les 6, vous pouvez n’en choisir qu’un, peu importe. Choisissez ou, si aucun ne vous convenait, inventez celui qui vous convient ! Parce que si nous nous taisons, si nous contemplons nos peurs, si nous nourrissons nos freins, qui annoncera l’amour de Jésus Christ à Toulouse ? nous pouvons prier pour que Jésus se révèle directement, par miracle dans les cœurs et Dieu est assez puissant pour le faire, mais ça, c’est son job. Le nôtre, c’est de rendre témoignage, d’annoncer le Nom de Jésus, le Nom qui sauve et « Mettez-vous dans l’esprit que vous n’avez pas à vous préoccuper de votre défense. C’est moi qui vous donnerai un langage et une sagesse à laquelle tous vos adversaires ne pourront ni résister ni s’opposer. »  Luc 21, 14-15

Qu’est-ce qui nous retient ?

 

Abbé Simon d’Artigue

17/11/19