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Homélie de première communion 2018 – dimanche 17 juin

Homélie de première communion 2018 – dimanche 17 juin

Je voudrais vous parler de trois moments de la messe, trois moments de cette messe, mais trois moments que vous retrouverez à chacune des messes auxquelles vous assisterez.

Alors bien sûr, je parle à vos enfants, mais vous pouvez prêter attention, même si ce sont des choses que vous déjà entendues des dizaines de fois, même si vous venez à la messe depuis des années et que vous connaissez par coeur tout ça, écoutez ! Le Seigneur pourrait toucher votre coeur, grâce aux coeurs de vos enfants, cette première communion de vos enfants pourrait raviver votre foi.

Il y a donc trois moments et trois gestes

La consécration et l’agenouillement

         C’est ce moment où je vais vous inviter à vous avancer contre la balustrade et à vous mettre à genoux. C’est un drôle de geste, se mettre à genoux, c’est un geste qu’on fait si rarement. En fait, on ne le fait même presque jamais. Nous, catholiques, nous ne le faisons que devant Dieu, comme les rois mages quand ils sont arrivés à la crèche, en arrivant devant l’enfant Jésus, ils se sont agenouillés. Pourquoi ? parce que c’est le geste de l’adoration.

Peut-être que quand vous voyez un pot de Nutella sur la table, vous le regardez avec envie en disant à votre maman, « maman j’adore le Nutella » (en espérant la faire céder) et votre mère de vous répondre « on n’adore que Dieu, on n’adore pas le Nutella ». Et elle a raison votre maman, franchement, vous vous voyez à genou devant un pot de Nutella ? C’est vrai, on n’adore que Dieu et du coup on ne se met à genou que devant lui ; et cet agenouillement nous préserve de tous les autres agenouillements serviles. Nous, catholiques nous ne nous agenouillons pas devant le pouvoir, devant l’argent, devant une promotion, devant les puissants. Nous ne courbons pas l’échine, nous sommes des hommes debout, à genoux devant Dieu mais debout devant les hommes. Et là, à cet instant de la messe, c’est Dieu qui vient, quand je prends l’hostie dans les mains et que je redis les paroles que Jésus a dites il y a deux milles ans. Il vient parmi nous quand je redis « ceci est mon corps livré pour vous », nous croyons que c’est son corps, vraiment, réellement.

Pourquoi est-ce que je le crois ?

Parce que Jésus l’a dit et que j’ai confiance en lui.

L’élévation et le regard

         Puis, j’élève l’hostie, haut, le plus haut possible pour que vous la voyez, pour que vous la contempliez, pour que vous l’adoriez. Parfois, à ce moment, les gens baissent la tête. Ben non, ce n’est pas le moment de baisser la tête ! Au contraire, c’est le moment de regarder Jésus, de le regarder les yeux dans les yeux j’allais dire, de regarder vers lui et de lui dire « mon Seigneur et mon Dieu » comme saint Thomas, « reste avec moi » comme les disciples d’Emmaüs, « je t’aime » comme saint Pierre. Regarder Jésus, c’est le sens de la vie chrétienne. Tant que vous regarderez vers lui, vous serez sauvé.

Tant que vous regardez vers lui, vous serez dans la bonne direction, vous avancerez vers lui. Vous avez déjà essayé d’avancer dans une direction en regardant ailleurs ? C’est compliqué ! Alors bien sûr, parfois dans nos vies, on regarde ailleurs au risque de se perdre et il suffit de retourner à la messe, de revenir à Jésus pour retrouver la direction, le sens profond de notre vie, en nous tournant vers Lui. Regardez vers Jésus et, seulement après, en même temps que moi, vous vous inclinez en signe de profonde adoration.

La communion et la marche

         Vous vous avancez. Pourquoi ? C’est vrai, je pourrais moi venir à vous ou encore je pourrais vous faire passer le ciboire avec les hosties, ce serait quand même plus simple. Mais non, vous vous avancez et ce mouvement est très important. En quittant votre banc, vous dîtes « Seigneur je viens vers toi, je veux m’avancer vers toi ».

Personne ne vous oblige à vous mettre en chemin, vous pourriez même rester toute votre vie assis sur un banc à attendre. J’en connais des personnes qui attendent toute leur vie, mais là le Seigneur vous dit « N’attends pas, lève-toi et avance, viens vers moi ». Dieu ne s’impose pas à nous, il ne nous contraint pas, il s’approche de nous mais il veut aussi que nous fassions cet acte volontaire, il veut que nous nous approchions de lui.

Ce temps, c’est un véritable temps de prière, une telle préparation.

Puis vous arrivez devant le prêtre, en fait, pas tant devant le prêtre que devant le prêtre qui tient Jésus Christ dans ses mains et vous êtes invités à faire une génuflexion, c’est à dire à mettre un genou a terre, toujours pareil, pour adorer Jésus comme les rois mages arrivant à la crèche.

         Je vous présenterai l’hostie, ce petit morceau de pain que je viens de consacrer. Je vous le présenterai, je vous le montrerai pour que vous le regardiez et je dirai « le corps du Christ ». C’est une affirmation. Si j’avais le temps, je vous dirais « Est-ce que tu crois que c’est le corps du Christ ? Est ce que tu le crois vraiment, de tout ton coeur, de toute ton âme ? » Si tu n’en es pas sûr, passe ton chemin, si tu crois que c’est juste un petit morceau de pain comme les autres, ne communies pas, tu n’as pas besoin de venir à la messe pour recevoir du pain, il te suffit d’aller à la boulangerie. Mais si par contre, tu crois que c’est le corps du Christ, alors dis amen ! Pas un petit amen, dis-le de tout ton coeur en regardant Jésus, en regardant cette hostie. Dis amen. Amen, ça veut dire je crois, oui je crois, je crois Seigneur que tu es présent, je ne te vois pas, mais je crois que tu es là caché sous l’apparence du pain, je le crois parce que tu me l’as dit : « Ceci est mon corps » et que j’ai confiance en toi.

Je vais vous raconter une petite histoire. Un garçon comme vous qui devait faire sa première communion comme vous, mais ses parents n’étaient pas certains qu’il soit vraiment prêt parce qu’il était un peu agité au catéchisme et jamais vraiment sage à la messe. Alors ils m’ont dit : « Mon père, est-ce que vous pouvez l’interroger pour vérifier s’il est bien prêt ? » Alors je l’ai amené dans le chœur de l’église, je lui ai montré la croix et je lui ai demandé : « C’est qui là ? » Il m’a répondu « C’est Jésus. » ; puis, nous avons été près du tabernacle et je lui ai demandé : « Qu’est-ce qu’il y a à l’intérieur ? » Il m’a répondu : « Ben, Jésus. » Alors je lui ai demandé : « Mais comment Jésus peut-il être en même temps sur la croix et dans le tabernacle ? » Et là, il m’a regardé en me disant, le regard lumineux, comme une évidence : « Père Simon, là sur la croix on dirait qu’il y est mais en fait il n’y est pas ; alors que, là, dans le tabernacle on dirait qu’il n’y est pas mais en fait il y est. » Euh… comment vous dire ? Je crois qu’il était prêt ce garçon.

Et vous aussi, vous êtes prêts.

 

Abbé Simon d’Artigue

17 juin 2018

Saint Aubin

crédit photo Cyril Satge