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Homélie 21e dimanche TO B 2018 – Il y en a parmi vous qui ne croient pas.

Homélie 21e dimanche TO B 2018 – Il y en a parmi vous qui ne croient pas.

Homélie 21e dimanche TO B 2018 – il y en a parmi vous qui ne croient pas

« Il y en a parmi vous qui ne croient pas »… mais il y en a parmi vous qui ne croient pas ? Non mais c’est quoi cette question !! Il se prend pour qui le curé, il se prend pour Torquemada, le grand inquisiteur ! Non ce n’est pas moi qui pose la question, c’est Jésus, dans l’évangile, c’est rien, ne vous inquiétez pas  ça ne vous concerne pas.

Ben oui, si vous venez à la messe c’est bien que vous croyez. Oui mais en quoi est-ce que nous croyons ?

J’ai croisé cet été un catholique engagé dans sa paroisse (comme vous), il faisait de la préparation au mariage depuis des années et pourtant il m’avouait qu’il ne pouvait pas croire à la résurrection de la chair, que ça, c’était trop pour lui et que du coup au moment du je crois en Dieu il se taisait , par cohérence. Mais sincèrement est-ce moins facile de croire à la résurrection de la chair, qu’au mystère de l’incarnation, au fait que Dieu se soit fait homme vraiment homme, pas 50% dieu 50% homme non vrai Dieu et vrai homme, là l’arithmétique touche à ses limites; ou encore de croire à la toute puissance de Dieu, ou même ce que Jésus vient d’affirmer  quelques versets avant notre évangile (en fait c’était dimanche dernier) « Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi, et moi, je demeure en lui. » ce mystère eucharistique que nous vivrons dans quelques instants bien souvent nous nous arrangeons avec cette parole trop rude comme disent les disciples

« Cette parole est rude qui peut l’entendre »  nous nous arrangeons pour parvenir à la rendre moins scandaleuse, plus crédible:  « quand même nous ne sommes pas des cannibales, son corps n’est pas une vraie nourriture son sang n’est pas une vraie boisson! » alors en général nous esquivons en nous disant que c’est simplement le symbole de son corps, que ce n’est pas vraiment son corps, c’est du pain qui symbolise son corps, nous avons du mal à croire que Jésus puisse donner son corps, son corps ressuscité. Nous doutons de la parole de Jésus, nous résistons à la Parole de Dieu.   

Enfin un dernier exemple,   croyons-nous à la sainteté de l’Eglise ? « Je crois en l’Eglise une, sainte, catholique… » Comment croire en la sainteté de l’Eglise quand à longueur de journaux ces scandales ne cessent de nous gifler, nous donnant envie de vomir et de nous cacher de honte, de colère, de révolte. C’est en tout cas ce que je ressens chaque fois que j’entends qu’un prêtre, mon frère, mon semblable a profané la vie, la pureté, la sainteté d’un enfant. Et quand je me promène dans la rue j’imagine que c’est peut-être ce que pense ceux qui me voit comme prêtre. J’imagine que certains chrétiens, peut être certains d’entre vous éprouvent le même dégout, la même révolte et parfois le désir de quitter cette « Sainte Eglise » en laquelle ils ne se reconnaissent plus, cette Eglise, cette foi  salie par ceux qui devaient l’honorer, la servir. L’Eglise est sainte mais ceux qui la composent vous et moi ne le sont pas, nous ne sommes qu’un rassemblement de pécheurs.

Alors il y en parmi vous qui ne croient pas ?

Et il faut bien avouer que cette question nous taraude et il faut nous laisser déranger par cette question aujourd’hui, nous qui sommes assis là sur ces bancs et le fait de venir là chaque dimanche constitue un acte de foi. Est -ce que je crois ? Est-ce que je crois vraiment ? Et qu’est-ce que je crois ?

Nous laisser déranger et regarder l’attitude des disciples, l’alternative qui s’offrent aux disciples, car c’est la même qui s’offre à nous aujourd’hui.

Oui parce qu’ils étaient 5000 hommes il y a quelques jours au moment de la multiplication des pains, 5000 hommes témoins de ce miracle incroyable, mais là ils l’ont cru, ils l’ont cru parce qu’ils l’ont vu, parce qu’ils l’ont mangé ce pain. Et aujourd’hui ils doutent nous dit l’évangile, ils doutent et ils renoncent « Beaucoup s’en retournèrent et cessèrent de l’accompagner » c’est la première option, la première part de l’alternative: s’en retourner, retourner à notre vie d’avant le Christ, avant que nous le connaissions, avant qu’il soit venu transformer, illuminer, bouleverser nos vies. Retourner à notre vie tranquille parce que nous ne voulons pas affronter l’épreuve, l’épreuve qui vient, l’épreuve du doute. On la connait cette vieille tentation biblique de se retourner, c’est la tentation des hébreux qui récriminent en se souvenant de ce qu’ils avaient en Egypte et de ce dont ils sont privés maintenant au désert et ils râlent et ils se plaignent et ils n’ont qu’une envie retourner en Egypte à leur ancien esclavage, sous le joug de pharaon; c’est la tentation de la femme de Loth changée en statue de sel parce qu’elle se retourna pour pleurer sur son passé, c’est notre tentation de nous en retourner, de ne pas affronter l’épreuve du doute et ce moment se présente toujours dans une vie, une vie de couple, une vie consacrée, une vie de choix, est-ce que je continue la route quand c’est moins rose ? Est-ce que je reste fidèle à mon engagement premier  quand ça devient vraiment dur ? Ou bien, est-ce que je laisse le doute me ronger, s’installer et faire son œuvre de destruction, lente et massive ? Si je m’en retourne comme cette majorité des disciples alors bien sûr j’évite l’épreuve mais je repars avec mon doute, avec ma tristesse, ma déception et je prends le risque de les porter toute ma vie. « ils s’en retournèrent et cessèrent de l’accompagner » et c’est là le plus grave et c’est là le plus triste « ils cessèrent de l’accompagner » car la foi c’est une aventure, celle de suivre le Christ, de l’accompagner; la foi ce n’est pas d’abord un catéchisme, c’est une route et sur cette route se présente l’épreuve, l’épreuve de la croix et il ne faut pas la manquer cette épreuve, cette épreuve qui nous grandira, qui nous émondera, qui nous transformera parce que ce n’est pas tant nous qui accompagnons le Christ que le Christ qui nous accompagne.

il y a donc une première alternative qui est de s’en retourner, de quitter le Christ et de laisser le doute nous gagner, de laisser le doute gagner mais il y a une seconde alternative offerte aux disciples, offerte à nous et le Christ nous questionne, cette question de confiance « Voulez-vous partir vous aussi ? » C’est assez simple, vous vous levez et vous quittez votre banc ou bien vous restez, mais rester alors ne constitue pas une habitude, un compte à rebours (plus qu’une demi heure avant la fin !) rester là ce matin c’est un acte de foi, le même que Pierre et cette question de Jésus claque comme une provocation ou comme une liberté offerte et il attend notre réponse, car la vraie liberté c’est de lui dire oui, La vraie liberté c’est de s’engager en confiance, toujours plus avant, la vraie liberté c’est de sortir du doute et de proclamer la foi, la foi de Pierre, la foi des disciples de tous les temps, notre foi  « Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle. Quant à nous, nous croyons, et nous savons que tu es le Saint de Dieu. »

Au début de cette année nous avons nous aussi une alternative quitter le Christ et nous en retourner triste et plein de doute  ou choisir de suivre le Christ sur un chemin de transformation, un chemin de croissance, un chemin de foi.

Abbé Simon d’Artigue