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Croyant non pratiquant – Homélie 12 TO 2017

« Moi je suis croyant mais non pratiquant ». Combien de fois avons-nous entendu cette phrase ? « ça tombe bien » ai-je toujours envie de répondre, « moi je suis nudiste mais non pratiquant », ou encore « moi je suis rugbyman mais non pratiquant, (un peu comme le XV de France pendant cette tournée en Afrique du sud) un rugbyman de l’intérieur ! » C’est-à-dire qu’au fond de moi je cours, je plaque, je feinte, je cadre, je déborde, je raffute mais, vu de l’extérieur, c’est le calme plat : c’est pour mieux tromper l’adversaire !!!

Non, quand on croit en quelque chose, on le pratique ; quand on aime quelqu’un on le manifeste, on le dit, on le montre.

A plus forte raison quand on aime Dieu ! on cache ce dont on a honte ! Nous catholiques nous n’avons rien à cacher, pas un gramme de secret dans notre religion, pas une once d’opacité dans notre foi.

Une certaine littérature style « Da Vinci code » ou « l’évangile de Judas » voudrait nous faire croire que l’Eglise cache un secret, qu’elle ne révèlerait qu’à quelques initiés, et encore, triés sur le volet. Il y aurait des choses cachées… et je dois vous dire que ça marche … en tout cas, ça fait vendre des millions d’exemplaires de ces livres, ça attire les curieux dans les sectes de tout poils ; en effet s’il y a des secrets, si on est seulement un petit nombre à pouvoir entrer, là c’est bon, ça c’est du sérieux.

Et pourtant il n’y a rien de plus étranger à notre foi que de se cacher, que de cacher quoi que ce soit.

Nous n’avons rien à cacher bien au contraire : Dieu est venu se révéler, en son fils Jésus-Christ. Lui qui était loin s’est fait proche. S’il a parlé notre langue, c’est bien pour se faire comprendre.

Le propre de notre foi est d’être dévoilée. Nous n’aimons rien moins que l’obscurité, la pénombre, la nuit, nous laissons le coté obscur de la force à ceux qu’il attire ;

nous, nous sommes attirés par le plein jour et la grande clarté, par la lumière du Christ, celle qui brille à nos yeux depuis le jour de notre baptême, depuis que notre parrain a été allumer notre cierge au cierge pascal, à la lumière du Christ.

C’est d’ailleurs un signe de la vitalité de notre foi que d’être capable de la dire, d’être capable de dire en qui nous croyons. Nous savons combien dans notre monde il est dur de dire que nous sommes chrétiens. Cela peut provoquer des railleries, des moqueries, voire même une certaine forme de persécution. Et pourtant, le monde crève de ne parler que de la pluie et du beau temps, d’un messie jupitérien, de l’actualité morbide et des derniers régimes d’été. Il a besoin de respiration. Notre âme a besoin de respirer sinon elle meurt.

Il y a une double importance à ne pas cacher notre foi, à ne pas la garder enfouie, à témoigner :

  • la première, pour nous : dire en qui nous croyons vient consolider notre foi. Vous savez, la foi, c’est comme n’importe quel organisme vivant, c’est comme une belle fleur : si régulièrement vous ne la faites pas sortir, elle dépérit et elle finit par mourir. Si vous gardez votre foi enfouie au fin fond du coeur, peu à peu elle va flétrir et finir par mourir.
  • Mais il y a une deuxième raison pour laquelle nous devons dire notre foi, non plus pour nous mais pour le monde : parce que le monde l’attend. Si vraiment nous croyons que ce que Jésus-Christ nous a dit à l’oreille c’est la bonne nouvelle, la meilleure nouvelle qui soit en fait, alors quelles raisons avons-nous de ne pas la crier sur les toits ?

Alors attention, je vous vois un tantinet sceptique : « ça c’est du prosélytisme et puis moi, je ne me vois pas au milieu de la place du Capitole ou de mon bureau en train de brailler « Jésus vous aime », une bible à la main et un crucifix dans l’autre ». Cela tombe bien, ce n’est pas la seule manière de témoigner ; ce n’est peut être même pas la meilleure ; en tout cas, pas la première.

Le premier témoignage que nous devons rendre, c’est le témoignage de notre vie, une vie évangélique, une vie selon l’Evangile. Jour après jour, nous devons commencer par demander au Seigneur de venir lui même nous évangéliser ; ensuite seulement, nous pourrons témoigner. Nous témoignerons d’ailleurs parfois sans nous en rendre compte, par un sourire offert, une parole, une attention, par notre simple attitude paisible et pacifiante.

Oui mais vous vous dites que c’est impossible. En effet, c’est impossible avec nos simples forces. C’est pour ça que nous sommes pratiquants. C’est pour ça que nous venons à la messe tous les dimanches, pour nous laisser évangéliser. Nous sommes croyants et pratiquants, pratiquants pour mieux pratiquer notre foi.

Parce qu’il faut un peu de cohérence, notre Dieu respecte infiniment notre liberté et notre responsabilité. Il ne nous oblige jamais à croire, pas plus qu’il ne nous oblige à pratiquer. Par contre, il n’aime rien tant que la vérité, non pas la vérité abstraite, mais la vérité en acte : quand nous essayons de mettre en accord ce que nous croyons avec ce que nous disons et ce que nous disons avec ce que nous faisons.

Il y a quelques temps notre ministre de l’intérieur nous invitait au nom de la laïcité à ne pas porter de signes religieux trop ostentatoires : il fallait que nos croix ne fassent pas plus d’un cm et demi et que les médailles de la sainte Vierge ne choque pas. Il voulait bien que nous croyons mais de manière discrète, sans ostentation. «Que vous croyiez d’accord» semblait-t-il nous dire «mais alors ne pratiquez pas trop».

Mais il est quelque chose que nous ne pouvons pas cacher, il est quelque chose que nous ne voulons pas cacher, que nous ne devons pas cacher sans quoi notre âme dépérirait, sans quoi le monde sombrerait dans le doute, le désespoir et l’égoïsme : c’est notre foi, notre espérance et notre charité.

Si vous croyez, c’est-à-dire si du fond de vos tripes, du fond de votre cœur, du fond de votre âme, vous croyez que Dieu est un Père et que Jésus est le chemin vers le bonheur, alors ne cachez rien, montrez tout, proclamez le sur les toits, non pas avec une croix de 20cm qui pendrait à votre cou, mais avec une foi active, avec une espérance visible, avec une charité ostensible.

 Abbé Simon d’Artique