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Une vie unie à Dieu – homélie 2ème dimanche de carême 2023

Une vie unie à Dieu – homélie 2ème dimanche de carême 2023

Nous cherchons tous le sens de notre vie…

J’ai essayé la bière mais ça ne rassasie pas

J’ai essayé Instagram mais ça ne fait pas rêver 

J’ai essayé le rugby mais ça ne ravit pas

J’ai essayé le travail mais ça ne contente pas 

J’ai essayé l’argent mais ça ne suffit pas 

J’ai essayé la télévision mais ça ne satisfait pas 

J’ai essayé les voyages mais ça ne réjouit qu’un moment  

J’ai essayé la montagne mais ça ne remplit pas 

J’ai essayé la musique mais ça n’enchante pas 

J’ai essayé la poésie mais ça ne comble pas

Parce qu’il y a une immense soif dans le cœur de l’homme

Parce que le cœur de l’homme est à la taille de Dieu 

Le cœur de l’homme est fait par Dieu

Le cœur de l’homme est fait pour Dieu 

Et qu’on essaie de le combler de mille manières et qu’aucune ne fonctionne, toutes déçoivent.  

C’est pour cela que Jésus est venu, pour combler le coeur de l’homme.

C’est pour cela que Jésus emmène Pierre, Jacques et Jean sur la haute montagne, 

c’est pour cela qu’il leur apparaît transfiguré.

Pour combler leurs coeurs de la seule nourriture qui vaille: Lui; pour l’adorer, le contempler, l’écouter.

Pour leur révéler le sens de leur vie: une vie unie a Dieu, 

Pour nous montrer le sens de notre vie une vie unie à Lui, 

C’est cette union, cette intimité qui a transformé leur vie, c’est cette union qui va transformer notre vie. 

Pour cela il faut suivre le même chemin que les apôtres, le chemin du Thabor, qui est une école de vie intérieure, une école de prière.  

Et sur ce chemin Jésus nous indique 5 étapes

« il les emmena à l’écart » , c’est la première étape. 

La prière commence toujours par une mise à l’écart, il faut arrêter notre rythme de vie débile, notre rythme de vie à cent à l’heure, épuisant, pour nous arrêter. Nous mettre à l’écart ce n’est pas abandonner le monde, ni le fuir, c’est juste sentir que j’ai besoin de silence, sentir que je ne suis pas fait que pour manger, dormir et consommer, que j’ai une vie intérieure, une vie spirituelle qui réclame sa nourriture faute de quoi elle risque de s’atrophier, de dépérir,  puis de mourir. 

La mise à l’écart c’est ce conseil que nous entendions au début du carême « quand tu pries va dans ta chambre, ferme la porte et prie ton Père qui est là dans le secret » 

La prière demande toujours cette première décision, est ce que je veux m’offrir cet espace de respiration, ce temps quotidien ou je me mets à l’écart du bruit, à l’écart de l’agitation, à l’écart des préoccupations, pour me tenir devant le Seigneur? 

« il les emmena sur une haute montagne », c’est la deuxième étape. 

Cette montée sur le Thabor nous révèle deux choses sur la prière: la première, que la prière demande un effort. La prière est un combat qui demande une certaine résolution, à la seconde où je vais manifester mon désir de m’avancer vers le Seigneur il va y avoir tout un tas d’obstacles qui vont m’empêcher d’avancer, parce qu’il n’y a rien de plus insupportable pour le démon que de voir un coeur qui choisit de s’approcher de Dieu, alors le malin va tout mettre en oeuvre pour empêcher cette montée, la plupart du temps il n’a pas besoin de grands stratagèmes, il se sert de nos fragilités naturelles (celles qui nous empêchent de grandir, de monter) la paresse, la procrastination la suractivité, les distractions… dans ce cas là que faire? Garder les yeux fixés vers le but, vers le sommet du Thabor et avancer pas à pas, sans agitation, sans découragement, un pas après l’autre. 

La seconde, c’est que cette montée, le progrès spirituel se fait par étapes, quand on commence une ascension on ne rêve que du sommet, mais on sait qu’il va falloir du temps, des étapes pour y parvenir. Il en va de même de la vie spirituelle, elle demande de respecter les étapes, c’est ce que nous enseignent tous les maitres spirituels du carmel, de sainte Thérese d’Avila à saint Jean de la croix : et le maitre mot de ses étapes c’est l’humilité car ce n’est pas nous qui choisissons le rythme de cette progression, c’est Dieu qui est le maitre de l’ascension, le guide de haute montagne, nous nous ne pouvons que nous mettre humblement à la suite du Christ, à son école. 

« Celui ci est mon fils, écoutez-le »

Il y a aujourd’hui une recrudescence de podcasts et de livres sur la méditation, la méditation transcendantale, la méditation de pleine conscience, où le but est de faire le vide en soi, ou bien de se reconnecter à notre moi profond. Cette recrudescence est un signe, celui de la soif immense de vie spirituelle, de vie intérieure de nos contemporains et le manque qu’ils éprouvent (et nous devons faire notre mea culpa car s’ils vont chercher partout et un peu n’importe où cette nourriture c’est que nous n’avons pas offert ce trésor de l’Eglise)  La prière ce n’est pas faire le vide en soi, ce n’est pas non plus de se connecter à notre moi, avec un risque d’égocentrisme ou d’individualisme ô combien moderne. La prière chrétienne c’est de s’ouvrir à Dieu, de se connecter à Lui en écoutant sa Parole. Nous ne sommes pas le centre de cette prière, bien au contraire la prière nous invite à nous décentrer, « pour remettre l’église au centre du village » ou plutôt pour remettre Dieu au centre de nos vies, pour le mettre au centre de nos coeurs. Et le premier moyen de ce décentrement c’est la Parole de Dieu, écouter le Seigneur qui parle, qui parle dans l’Ecriture, qui parle au secret de mon coeur. 

Écoutez le! Après l’ascension qui demande un effort, une activité, il y a l’écoute qui est une ouverture, une passivité, car la prière n’est pas d’abord une technique, ce ne sont pas des choses à faire, c’est d’abord l’oeuvre de Dieu en moi, dans la prière c’est Dieu qui agit: « écoutez-le ».  

« Ils ne virent plus personne sinon lui, Jésus seul »

Être avec Jésus, comme Pierre, Jacques et Jean, vouloir faire une tente pour demeurer avec lui, c’est bien là le but de la prière, être avec Jésus seul. il ne s’agit pas de faire des choses mais seulement d’être, de demeurer avec lui, parce qu’on est bien avec celui que notre coeur aime, on aime rester avec lui en silence, c’est cette expérience là que nous donne de gouter la prière, nous tenir en présence de Jésus, c’est ce qui comble notre coeur, ce qui nous procure la paix profonde, non pas de faire le vide mais de le laisser nous remplir. 

Mais finalement être avec Jésus ce n’est pas seulement le but de la prière, c’est le but de la vie toute entière, c’est la caractéristique du disciple et c’est cette rencontre qui transforme la vie, c’est cette rencontre de Jésus, ce compagnonnage qui a transformé le coeur de Pierre, Jacques et Jean, c’est ce meme compagnonnage qui transformera notre vie et c’est cette vie transformée qui transformera le monde 

Car il reste une dernière étape de la prière « En descendant de la montagne »

Oui, les disciples ne sont pas restés en haut de la montagne, ils sont redescendus, ils sont retournés dans la plaine auprès du peuple à qui Jésus les envoie, ils ont repris leur mission. Car cet épisode de la transfiguration, cette pause dans l’évangile se situe entre deux missions de jésus et des disciples.  Parce que la prière ne nous isole pas, la prière n’est pas un refuge, elle est une source quotidienne, source de paix, source de force, source de lumière et de joie elle est faite pour que nous retournions là ou jésus nous attend, là où il nous envoie. 

Vous savez que pendant ce carême ces 5 prochains lundi je vous propose une école de prière, 5 lundis pour prendre soin de votre âme, 5 lundis pour monter sur le Thabor avec jésus. 

Si je vous propose cette école d’oraison ce n’est pas pour vous offrir un effort de carême un plateau, c’est parce que la prière est le lieu où Dieu transformer les vies comme il a transformé celle de Pierre, de Jacques et de Jean, il va transformer votre vie.

 

Abbé Simon d’Artigue