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Homélie 32ème dimanche du TO C 2022

Homélie 32ème dimanche du TO C 2022

Pour que la parole de Dieu poursuive sa course !

« Vous en pensez quoi vous du préservatif, et du mariage des prêtres et de l’euthanasie et des croisades et de l’inquisition et du sexe des anges et de savoir si mon hamster ira au paradis ? » C’est à peu prés le genre de questions auxquelles vous aurez à répondre si par mégarde vous affirmez au milieu d’un diner en ville que vous êtes catholiques. Ben oui si vous êtes  catholiques vous devez pouvoir rendre compte de la position de l’Eglise (ou plutôt de la prétendue position de l’Eglise) sur tous ces sujets fondamentaux.

Eh oui, que des questions fondamentale qui engagent notre vie et le salut du monde.

Et nous, parce que nous avons un immense désir au cœur de témoigner de notre foi, nous répondons, plus ou moins habilement, en général très maladroitement, on s’embrouille dans des explications fumeuses et puis il y en a toujours un en face pour nous prendre un exemple improbable, pour nous coincer. Du coup devant l’échec et la non conversion radicale de la tablée vous avez l’impression d’être un païen, incapable de témoigner ou de rendre compte de votre foi et vos amis ressortent ricanant, fort de leur non foi ou de leur indifférence.

Mais comment voulez vous rendre compte de votre foi avec de telles questions, elles ne portent pas sur la foi ! Elles portent sur l’histoire, sur les erreurs des hommes, sur la morale (et de vous à moi, la morale c’est pas franchement premier dans notre foi) ce n’est pas qu’on la délaisse, mais ce n’est pas le cœur de notre foi, c’est même très loin du coeur de notre foi. 

Alors comment faire autrement avec de telles questions ? vous croyez très sincèrement que c’est Dieu qu’ils cherchent en vous posant ces questions ?? bien sur que non. C’est juste un petit exercice intellectuel, juste histoire de ressortir quelques poncifs éculés sur l’église et sur la morale, qui leur permettent surtout de ne rien remettre en cause dans leur vie.

Les questions que nous posons disent quelque chose de notre quête, elles disent quelque chose de ce qui nous anime. 

Et ces questions elles ressemblent un peu à celle de nos saducéens de l’évangile, l’histoire de la veuve et des 7 maris.

Une question bien tordue qui n’a d’autre but que d’embrouiller Jésus, d’essayer de le faire tomber. Vous en connaissez de ces questions, de celle qu’on pose pas tant pour s’informer, pas tant pour avancer, pas tant pour bâtir que pour prendre l’autre en défaut, le coincer.

Et que fait Jésus devant cette question , il ne rentre pas dans la discussion , il ne tombe pas dans le piège tendu par les saducéens (parce que vous ne convertirez pas quelqu’un avec des arguments intellectuels, vous ne convertirez pas quelqu’un qui ne cherche pas Dieu d’un cœur sincère)

Que fait Jésus, il renvoie les saducéens à la parole de Dieu, il leur dit ce n’est pas par des raisonnements fumeux que vous parviendrez à connaître Dieu, ce n’est pas en tordant sa parole, c’est en la lisant avec un cœur simple, un cœur droit, que vous le trouverez 

Finalement perdre notre temps en débat et en discussion stérile c’est mortel. c’est ce que dit Jésus, et il ne veut pas la stérilité, ni pour nos intelligences, ni pour notre vie de foi, il veut que nous vivions, il veut que nous le connaissions, il ne veut pas nous laisser nous égarer dans des discussions byzantine sur le sexe des anges, il veut que nous allions au cœur et le cœur c’est de le connaitre lui : Jésus-Christ !

Mais Comment connaissons nous Dieu ? par notre intelligence oui pour une part. par notre intelligence  nous savons qu’il existe, qu’il est tout puissant, qu’il est infini, créateur.

Mais par révélation surtout, c’est Dieu qui se fait connaitre à nous, c’est lui qui nous révèle qui il est, et par ce moyen nous en savons beaucoup plus que par nos petites intelligences : nous savons qu’il nous aime, qu’il ne nous abandonne pas à la mort.

Sans vouloir faire offense à personne, qui est plus puissant : notre raisonnement ou l’évangile ? en qui avez-vous le plus confiance en votre opinion ou en la parole éternelle de Dieu ?

Si notre foi repose sur notre seul raisonnement ne vous étonnez pas qu’un jour elle vacille.

Si par contre elle repose sur Dieu, sur sa parole, alors vous grandirez, alors vous approfondirez votre foi, vous vous enracinerez en Dieu.

Attention ! il ne suffit pas de lire l’évangile comme on lit Closer, ou bien comme on étudierait un texte pour le bac. Bien sur qu’on peut lire la parole de Dieu en cherchant l’erreur, la faille, mais alors vous n’y trouverez rien ou plutôt si, vous y trouverez ce que vous voulez, des erreurs (eh oui il y a des erreurs dans la bible, des erreurs factuelles, des erreurs scientifiques, des erreurs historiques) mais dans ce cas là vous vous servez de la parole, vous ne vous mettez pas à son service.

Le texte devient un prétexte et vous pouvez lui fais dire ce que vous voulez, on le tord on le plie on l’amène à notre misérable opinion.

Ces saducéens il me font penser à ces gars qui prendraient un verset de la bible et qui lui feraient dire n’importe quoi : par exemple le psaume qui dit : « il n’y a pas de Dieu ». « vous voyez c’est la bible elle même qui le dit, Dieu n’existe pas. je vous l’avais dit ». oui excepté qu’il faut prendre toute la bible, il faut prendre tout le psaume celui qui dit : « dans son cœur le fou déclare : il n’y a pas de Dieu ».

Donc on peut soit comme les saducéens se servir de la parole de Dieu, soit se mettre à son service. 

On peut accueillir ce que Dieu a à nous dire, on peut se laisser enseigner, ne pas chercher en elle l’erreur (que nous trouverons parfois), mais chercher la parole de vie (que nous trouverons toujours) parce que notre Dieu n’est pas le Dieu des morts mais le Dieu des vivants ! il se donne à ceux qui le cherchent !

Priez comme dit saint Paul « priez pour que la parole de Dieu poursuive sa course » pour qu’elle poursuive sa course dans chacune de nos vies, peu importe si elle vient bousculer des choses : 

elle viendra briser nos certitudes, tant mieux ; 

elle viendra renverser notre confort, tant mieux ; 

elle viendra ébranler nos conformismes, tant mieux ; 

elle viendra révéler nos compromissions, tant mieux ; 

elle viendra réchauffer nos tiédeurs, tant mieux, 

notre Dieu est le Dieu des vivants.

Ouvrez votre évangile ne trichez pas avec lui, ouvrez-le, laissez-vous subvertir par la parole de feu, ouvrez-le pas seulement pour le lire mais pour le vivre.

 

Abbé Simon d’Artigue