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L’édito – L’envoi des apôtres en mission

L’édito – L’envoi des apôtres en mission

Le deuxième discours de Jésus en saint Matthieu (chap. 10) porte sur l’envoi en mission des Douze. Il commence après l’appel des premiers disciples dont les noms sont donnés. « Ces douze, Jésus les envoya en mission » (10, 5). Ils ne sont pas appelés ici Apôtres, alors que ce mot signifie « envoyé », mais simplement disciples, ce qui montre bien que la mission suppose que l’on soit disciple, fidèle à l’enseignement de Jésus.

Cette mission n’est pas d’emblée universelle; elle commence par une proximité, comme celle que nous voulons avoir dans nos écoles, nos collèges et nos lycées : « Ne prenez pas le chemin qui mène vers les nations païennes et n’entrez dans aucune ville des Samaritains. Allez plutôt vers les brebis perdues de la maison d’Israël » (5-6). On ne peut pas prétendre partir pour une mission universelle si l’on n’est pas d’abord attentif à témoigner du Royaume auprès de soi, dans une proximité de vie.

Il est souvent plus facile, et surtout moins risqué en fait, de s’enthousiasmer pour des causes lointaines que de faire attention à son prochain, dans sa famille, dans son milieu associatif et professionnel. Ceci n’enlève rien, au contraire, au zèle apostolique des missionnaires comme les Jésuites ou les Pères des Missions étrangères. Je suis allé en Inde, l’été de 2017, au Chapitre général des Sœurs des Missions étrangères de Toulouse, car elles sont implantées en Inde surtout, mais aussi à Madagascar, en France, à Hong-Kong, au Japon et en Argentine. Jésus envoie donc ses douze disciples en mission de proximité, non encore au-delà d’Israël, mais dans le concret de la vie de la petite Terre promise qu’il n’a cessé d’arpenter pendant sa vie publique : « Dans chaque ville ou village où vous entrerez, informez-vous pour savoir qui est digne de vous accueillir » (10, 11). Ce qu’ils ont à porter, c’est la paix, en lien avec le bonjour sémite, que Jésus reprendra le soir de la Résurrection. Comment sommes-nous porteurs et transmetteurs de paix, de la paix de Jésus Christ ? Ce n’est pas une paix doucereuse et facile que nous annonçons, mais une paix appelée à vaincre les oppositions ou contradictions : « Voici que je vous envoie comme des brebis au milieu des loups » (16).

Suivre Jésus pour être vraiment son disciple veut dire aussi prendre un chemin où la croix sera présente d’une façon ou d’une autre. Nous n’avons pas à la craindre, mais à nous disposer à recevoir ce qui nous viendra de Dieu, attentifs à ceux qui ont besoin de nous tout près de nous, concrètement : « Celui qui donnera à boire, même un simple verre d’eau fraîche, à l’un de ces petits en sa qualité de disciple, amen, je vous le dis : non, il ne perdra pas sa récompense » (Mt 10, 42). « Nous l’aimons, disait le Cardinal Saliège en parlant de sainte Germaine de Pibrac, parce qu’elle a su mettre de grandes intentions en de petites choses ».

 

+ fr. Robert Le Gall Archevêque de Toulouse