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Joseph le silencieux – Homélie 4° dimanche de l’avent A

Joseph le silencieux – Homélie 4° dimanche de l’avent A

Je ne sais pas vous mais moi j’aurai été à la place de Joseph, j’aurai eu de quoi piquer une bonne colère, tout au moins demander quelques petites explications à Marie.

La jeune fille lui était donc promise en mariage, et avant même qu’ils aient habité ensemble (ça en langage biblique et dans tout les langages ça veux dire qu’ils n’ont pas couché ensemble avant le mariage) voila que Marie lui annonce qu’elle est enceinte et de fait joseph est bien placé pour savoir qu’il n’y est pour rien alors qu’en principe il devrait y être pour beaucoup.

N’importe quel homme normalement constitué aurait du réagir (plus ou moins selon le tempérament, mais réagir), il aurait du réagir ou dégoupiller comme on dit sur les terrains, car en plus de tout ça comme si cela ne suffisait pas il faut qu’un ange vienne lui expliquer le pourquoi du comment, de quoi vous rendre chèvre. Oui mais voila joseph dans les évangile c’est le grand silencieux, on l’évoque mais il ne dit jamais un mot, Oui joseph n’est pas n’importe quel homme (tout comme Marie d’ailleurs n’est pas n’importe quelle femme.) Joseph est ce que la bible appelle un homme juste, un de ces hommes simple et droit qui ont mis leur confiance en Dieu une fois pour toute et qui ne la reprendront pas quelles que soient les circonstance, quels que soient les événements. Joseph il est de la race des justes, de la trempe de ses pères qui depuis des siècles lisent les saintes écritures, scrutent la bible et attendent la venue de celui qui les délivrera, le Messie. 

Chaque semaine à la synagogue, chaque jour même il lit la parole de Dieu, il lit dans les prophètes ce portrait du Messie. Il a lu comme nous ce matin le livre d’Isaïe qui annonce que le Messie naîtrait d’une jeune vierge et qu’on l’appellerait Emmanuel et cette parole de Dieu tous les jours il la médite en silence, il la laisse pénétrer son cœur et son âme, il s’en nourrit dans le silence, il n’a pas besoin de faire des phrases ou de beaux discours, la promesse de Dieu lui suffit, ce que Dieu dit il le fait, et lui il sait que Dieu ne ment pas, il a confiance en lui , alors il se tait et il attend et un jour le Messie annoncé viendra, il le sait. Avec ses pères depuis trois milles ans il attend, patiemment, sans s’exciter, sans trépigner, en silence.

Pendant cet avent nous nous rappelons l’attente du Seigneur mais plus profondément nous devons nous rappeler que le peuple juif, nos pères dans la foi ont attendu le Messie pendant trois mille ans, depuis Abraham jusqu’à Joseph.

C’est cette patience, c’est ce silence millénaire qui a façonné l’âme du peuple juif, c’est cette fidélité qui a trempé le cœur de Joseph, alors vous savez quand Marie lui annonce qu’elle est enceinte, quand l’ange vient le lui confirmer, Joseph il ne s’emballe pas, il a les pieds bien planté sur la terre de Palestine, les yeux tournés vers le ciel et surtout le cœur enraciné en Dieu. Alors dans le silence il accueille tout ça et dans le silence il le médite, et lui revienne en mémoire les parole d’Isaïe : « voici que la vierge concevra et elle mettra au monde un fils auquel on donnera le nom d’Emmanuel, c’est-à-dire Dieu avec nous. » cette parole qui a résonné il y a huit siècle déjà, joseph sait dans son cœur que c’est aujourd’hui qu’elle s’accomplit, il sait intimement que l’attente de ses pères qui dure depuis 3000 ans c’est aujourd’hui qu’elle se réalise. 

Mais plutôt que de sauter sur les toits, plutôt que d’aller crier sur les places, Joseph parce que c’est un juste, il se tait et il attend encore un peu, encore quelques temps, qu’est ce que c’est neuf mois quand, on attends depuis trois millénaire.

C’est donc cette figure de saint joseph que nous offre l’Eglise en ce quatrième dimanche de l’avent ce dernier dimanche avant Noël, et si elle le fait ce n’est pas par hasard, l’Eglise ne fait jamais rien par hasard, (Dieu non plus d’ailleurs) si elle le fait c’est parce que Joseph nous révèle l’attitude profonde dans laquelle nous devons nous mettre pour attendre le messie, pour attendre la venue de Jésus. 

Cette attitude c’est la confiance d’abord, parce que Dieu sait ce qu’il fait, et le silence ensuite parce que rien de grand ne se fait dans le bruit. Peut être que dans le monde il faut du bruit et de la fureur pour se faire entendre, mai ce n’est pas la manière de travailler de Dieu, Dieu travaille dans le calme et le silence, il n’aime rien tant que la paix, voila pourquoi joseph est ce grand silencieux, parce qu’il est aussi le grand chantier de Dieu, parce qu’avec lui Dieu veut faire de grande chose. 

Alors comme joseph en cette dernière semaine avant noël nous nous tournons vers le seigneur pour lui demander de nous préparer à sa venue, nous lui demandons de ne pas nous laisser étourdir par le bruit et les néons des enseignes, mais de tourner notre cœur vers cette crèche toute simple, toute calme, toute paisible, cette crèche où viendra bientôt celui qu’Israël attend depuis si longtemps, celui que nous attendons.

Oui plus que jamais en ce temps de l’avent Saint joseph, maître intérieur, apprenez nous le silence.

 

Abbé d’Artigue