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Homélie pour le 6e dimanche de Pâques 2021 , «Ce que je vous commande, c’est de vous aimer les uns les autres»!

Homélie pour le 6e dimanche de Pâques 2021 , «Ce que je vous commande, c’est de vous aimer les uns les autres»!
Comment peut-on commander l’amour? L’amour est un sentiment que l’on a ou que l’on n’a pas,que l’on éprouve ou que l’on n’éprouve pas, que l’on sent reçu ou pas par celui ou celle qu’on aime. Comment peut-on commander l’ amour?!
C’est bien pourtant ce que Jésus nous dit dans cet évangile! La langue française, si riche par ailleurs en vocabulaire et en tournures précises,est singulièrement pauvre lorsqu’il s’agit de parler des diverses nuances de l’amour. La langue originelle de l’évangile et beaucoup plus riche.
L’amour que Jésus commande ici à ses disciples d’avoir les uns pour les autres est désigné par le mot agapê.ce mot comporte une signification de don, celui de l’amour oblatif, l’amour qui donne, l’amour qui se donne jusqu’à livrer sa propre vie, l’amour qui trouve sa joie et son achèvement dans l’existence de l’autre et qui trouve sa joie dans le fait que l’autre nous fait exister nous-mêmes pendant que nous le faisons exister.
C’est un amour si l’on peut dire entièrement altruiste c’est l’amour qui se réjouit du bien de l’autre sans chercher son propre bien ou plutôt qui est sûr lorsqu’il cherche le bien de l’autre de procurer son propre bien.
C’est l’amour qui unit le Père au Fils dans l’éternel échange de l’Esprit Saint.
C’est l’amour où l’on se fait exister réciproquement l’un l’autre.Le Christ va employer dans cet évangile un autre terme qui évoque l’affection,l’attachement,un lien profond:«Vous êtes mes amis si vous faites ce que je vous commande ce mot philosami, philia,amitié désigne le fait d’être cher C-H-E-R,pour quelqu’un d’avoir du prix à ses yeux ou plutôt que l’autrea beaucoup de prix à nos propres yeux.Un autre terme est plus rarement employé à propos de Dieu le terme érosqui désigne l’élan de l’amour avec tout ce que cetélan peut comporter de désir bienveillant, mais aussi, dans la réalité humaine, de violence,de risque de domination,d’utilisation d’instrumentalisation de l’objet aimé.Le pape Benoît XVI dans son encyclique «Dieu est amour»dit que le Seigneur a Lui aussi une certaine forme d’éros,un désir profond d’être aimé par les hommes mais c’est alors de Sa parttoujours offert, malgré tous les rejets, l’amour qui fait exister l’autre,l’amour qui se réjouit du bien de l’autre.L’amour dont Jésus nous parle principalement dans cet évangile est une autre manière de désigner une attitude fondamentale de la Bible et donc de l’évangile, l’alliance.
Aimer c’est véritablement faire alliance.
Mais une alliance qui est toujours à l’initiative de Dieu. Ce n’est pas nous qui avons aimé Dieu c’est Lui qui nous a aimés-et l’on peut même dire qu’il nous aime toujours-le premier.L’amour désigne donc cette relation privilégiée entre Dieu et le peuple d’Israël. Avec certainement, une conception un petit peu trop automatique où la possession tranquille de la terre par le peuple de la Bible est suspendue à l’application exacte de la loi donnée par Moïse. Si le peuple est fidèle à l’alliance Dieu lui garantit le don de la terre. S’il y est infidèle, ses ennemis sont les plus forts ou même, il finit par la perdre,comme lors de l’Exil à Babylone.La longue histoire d’Israël a prouvé que cette lecture était un peu sommaire un peu trop automatique et que,au fur et à mesure de l’avancée de l’histoire du peuple de Dieu,va se révéler une réalité beaucoup plus complexe mais où Dieu est toujours fidèle surtout lorsqu’Il pardonne à Son peuple. La fidélité aux613 commandements de la loi est quelque chose d’impossible et Paul dira que ni nous (en parlant des juifs du premier siècle),ni nos pères n’avons été capables de la porter de l’appliquer intégralement d’autant plus que ces613 commandements ne sont pas,en rigueur de terme,des cases qu’il faut toutes cocher exactement et entièrement.
Ces commandements dessinent une qualité de relation. De relation avec Dieu,de relation avec soi-même,de relations entre les membres du peuple,de relations aussi,pourquoi pas,avec la nature et avec les autres peuples.Au fur et à mesure de l’avancée de l’histoire d’israël,les pharisiens en particulier avaient fait de la loi un absolu dont l’application stricte et méticuleuse de tous les articles finissait par éreinter l’esprit.Ce qui compte,ce n’est pas d’appliquer intégralement l’énoncé écrit de tous les commandements,mais d’entrer dans la posture,dans l’attitude,dans la forme de relation que la loi veut promouvoir entre les hommes.