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Homélie Epiphanie 2021 – Trouver Jésus

J’imagine, qu’il y a quelques jours, sous le gui l’an neuf, vous deviez échanger quelques vœux, et le vœu le plus commun que nous avons échangé est que cette année 2021 soit meilleure que la précédente.

Eh bien j’ai une prophétie à vous faire, cette année sera belle! Elle sera belle car le Christ nous y précède et nous y attend.

Nous n’avons qu’à le chercher et Le suivre tout au long de cette année, c’est la condition de sa réussite. Le problème c’est que bien souvent nous prêtons plus d’attention au COVID, à nos soucis, à nos milles occupations plutôt qu’à Jésus et puis, seconde difficulté, Jésus est plutôt discret, il a tendance à se cacher; rassurez-vous c’est une marque de fabrique chez lui, dès sa naissance Jésus est discret, à la crèche il se cache, combien de personnes ne vont prêter aucune attention à sa naissance, passer à coté de Lui sans s’arrêter et nous aussi nous pourrions passer notre année en passant à côté de lui, une année sans lui prêter attention, une année ratée en somme.

Heureusement nous avons des maîtres pour nous aider à chercher Jésus, ceux qui avant nous l’ont trouvé :  les rois mages.

Alors si nous voulons trouver Jésus, il faut apprendre d’eux et comme eux partir.

C’est le début de la vie spirituelle, partir, comme Abraham, comme les disciples, partir.

J’ai été interpellé par quelque chose, une étoile, un ami, j’aurai pu repousser cet importun et lui dire que j’avais mieux à faire, j’aurai pu rester chez moi, j’aurai pu en rester à ma vie d’avant, mon confort. C’était des rois, ce n’est pas rien un roi, un roi ça à tout : le confort, un palais, des serviteurs et pourtant ils sont partis. Et moi aussi je pars, il n’y a pas de vie spirituelle sans cette décision de quitter son confort pour la grande aventure.

Partir sans savoir où l’on va et c’est bien souvent parce qu’on ne sait pas où l’on va que l’on sait que nous sommes dans la vérité. Mais attention, ils ne partent pas le nez au vent, ils partent tendus vers un but, un but que l’étoile leur indique, c’est vague une étoile mais c’est suffisant pour partir. 

Et vous, avez-vous décidé de partir cette année, de vous mettre en route pour suivre l’étoile ? 

Ils sont parti seul, chacun de chez lui et ils se sont rejoints, car nous ne sommes pas seul à chercher le Christ. Dés que je me mets en route je découvre des frères qui sont dans la même quête que moi. Et j’ai absolument besoin de me rendre compte que je ne suis pas seul sur la route, que j’avance avec d’autres et que nous nous y encourageons, c’est ça l’Eglise; non pas une communauté de personnes qui se retrouvent assis sur un banc chaque dimanche, mais des frères debout, qui choisissent d’avancer vers Jésus, ils sont là autour de moi ces frères qui ont fait ce choix.

Comme les rois mages, déjouer les embuches du chemin et les ruses d’Hérode.

Vous imaginez bien que ce chemin ne s’est pas fait sans encombres. Ils partent d’Orient, de l’Orient lointain, ils ont dû en traverser des déserts, ils ont dû éprouver le manque, ils ont dû avoir la tentation de retourner chez eux. 

En effet, à partir du moment où vous choisissez de vous mettre résolument en marche à la suite du Christ, attendez-vous à rencontrer des obstacles, les rois mages eurent à déjouer les ruses du renard Hérode et nous nous aurons à déjouer les ruses de celui qui ne veut pas que nous arrivions au Christ, l’ennemi du genre humain, Satan.

C’est Satan qui va tout faire pour nous empêcher d’arriver au but. Il va nous décourager: « mais à quoi bon faire tout cela? », il va nous faire croire que c’est une illusion: « Celui que tu appelles ton Dieu en fait c’est juste la projection de tous tes désirs » , il va nous tenter en nous disant qu’il y a mieux à faire: « tu t’épuises en vain tu ferais mieux de t’occuper de toi, ça te rapporte quoi d’aller à la messe le dimanche matin? », il va nous faire miroiter le confort d’avant: « c’était mieux avant », il va frapper là où il sait que nous sommes faibles (il ne s’attaque jamais à nos forces car c’est un lâche.) Et comment faire pour déjouer ses ruses? Comme les rois mages: garder le cap en suivant l’étoile, s’appuyer sur mes frères et faire un pas de plus; humblement, juste un pas, un petit pas, car c’est pas à pas qu’ils sont arrivés à Bethléem. Car c’est en faisant le pas de ce jour que nous arrivons à Dieu. 

Comme les rois mages s’interroger « où est le roi des juifs? »

Il n’y a pas de vie chrétienne sans interrogations, sans l’inconfort de ces questions que nous nous posons.

Mais attention nous avons trop souvent tendance à confondre doutes et questions. Les questions que je me pose, ne sont pas des doutes. Le doute est un péché, les questions sont un stimulant, elles nous disent que nous n’avons pas encore saisi Dieu, que nous le cherchons, nous le cherchons toujours d’ailleurs, « 1000 questions ne feront jamais un seul doute » disait le cardinal Newman. Notre foi n’est faite ni de certitudes mathématiques ni de doute, elle est faite de questions et de confiance car le doute et la certitude nous rendent totalement rigides, immobiles tandis que les questions et la confiance nous poussent en avant, nous mettent en mouvement. 

Comme les rois mages « entrer dans la maison »

La maison c’est l’Eglise, c’est dans l’Eglise qu’on trouve Jésus 

C’est dans l’Eglise que le Christ enseigne

C’est dans l’Eglise que le Christ soigne

C’est dans l’Eglise que le Christ nourrit 

C’est de l’Eglise que le Christ attire à Lui

Et dans cette Eglise, tous sont appelés à rentrer, ce n’est pas un club de happy few, c’est une vaste tente, ouverte de tous côtés, elle accueille les jeunes comme les vieux, les riches comme les pauvres, les mélenchoniens et les macronistes, « toutes les nations sont associées au même héritage, au même corps » « toutes les nations marcheront vers ta lumière » 

Comme les rois mages adorer

Mais il ne suffit pas d’entrer dans la maison. Il y a tant de personnes qui entrent dans la cathédrale et qui en ressortent comme ils y sont entrés, rien ne s’est passé, pas de rencontre. Et nous, comment entrons-nous dans nos églises ? Est-ce que la première chose que vous faites quand vous entrez, c’est de chercher Jésus? De chercher sa crèche? Cette petite lumière rouge, vous indique le tabernacle et le tabernacle c’est la crèche, le lieu de la présence réelle de Jésus et comme les mages nous nous approchons, nous nous agenouillons, nous adorons un instant en silence avant de vaquer à nos autres occupations: visiter le monument, faire les fleurs ou le ménage, simplement traverser la cathédrale parce que c’est plus court, quoi que vous fassiez, commencez toujours par l’adorer.  Seigneur fais que cette rencontre avec toi ne nous laisse pas indifférent, fais que cette rencontre nous transforme. Et le signe du changement, le signe de la rencontre  c’est l’agenouillement des mages, le signe du changement c’est notre propre agenouillement, cet humble agenouillement, cette position qu’on n’adopte nulle part ailleurs. Car nous catholiques, nous ne nous agenouillons devant personne d’autre que Dieu, l’agenouillement c’est le signe que nous avons rencontré le Christ, pas un enfant braillant dans une mangeoire, mais le Christ, le fils de Dieu, 

le Roi des rois a qui est dû l’or

Le Seigneur des seigneurs a qui est dû l’encens

Le Vainqueur de la mort à qui est dû la myrrhe 

Et c’est l’ultime étape l’offrande, Comme les rois mages offrir

Ils offrent l’or, l’encens et la myrrhe et nous qu’avons-nous à offrir? 

Il n’y a pas de vie spirituelle sans cette offrande. 

Souvent dans nos prières nous demandons des choses à Dieu et il faut le faire, parfois nous le remercions et c’est bon de rendre grâce à Dieu mais au fond je crois que le Seigneur n’attend qu’une chose de nous, au bout de notre vie spirituelle il attend notre offrande.

Pas tant l’offrande de nos richesses, nous en avons si peu,

Pas tant l’offrande de nos talents, pourrait s’y nicher de l’orgueil,

Il attend l’offrande de nos misères puisque nous ne sommes pas des rois, puisque nous n’avons ni or, ni encens, ni myrrhe à offrir, offrons lui nos fragilités, nos faiblesses, celles que nous gardons précieusement pour nous, que nous gardons cachées et nous avons raison de les cacher car si nous les révélions à quelqu’un d’autre qu’a Lui, Jésus, il pourrait s’en servir pour nous blesser, mais lui il les veut pour les habiter, il les veut pour nous transformer.

Car tout cet itinéraire spirituel, l’itinéraire des mages il est pour cette transformation, il est pour nous préparer à la rencontre, il est pour nous disposer à la transformation de nos cœurs, à l’accueil du Christ, l’habitation de sa grâce en nous. 

Ah non, j’oubliais il reste une dernière étape dans notre évangile, une dernière étape dans notre vie spirituelle: comme les rois mages « regagner notre pays par un autre chemin »

Ce chemin, ce combat, ce questionnement, cette rencontre, cet agenouillement, cette offrande les a transformés.  

Mais nous ne sommes pas fait pour demeurer dans l’église, nous ne sommes pas faits pour rester à la crèche,  nous ne sommes pas fait pour rester à genoux. Nous nous tenons à genoux devant Dieu oui, mais debout devant les hommes, nos frères, pour annoncer Celui que nous avons rencontré, pour témoigner de Celui qui nous a transformé: le Christ.

Debout pour les servir, debout pour  les aimer.

Nous sommes faits pour retourner chez nous, dans vos familles, dans vos voisinages, sur vos lieux de travail, dans vos écoles, c’est là que Dieu vous attend, c’est là qu’il vous envoie pour « Servir et Embraser le monde ».

Abbé Simon d’Artigue