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Homélie du Christ Roi 2020 – Réelle présence

Homélie du Christ Roi 2020 – Réelle présence

J’entends depuis quelques jours les catholiques se déchirer sur la messe. 

Faut il vraiment célébrer la messe? Est-ce qu’on peut ne pas s’en passer quelques temps? Ne serait-ce pas un signe de solidarité  nationale que d’apprendre à s’en passer?  Faut-il manifester pour son retour? Est-ce que le plus important ce n’est pas de vivre de charité? A-t’on vraiment besoin de la messe?

Mais si la messe ne te manque pas c’est que tu es un mauvais catholique, et si tu ne manifestes pas c’est que tu es un mou, et si tu manifestes c’est que tu es un extrémiste ou bien que tu n’aimes pas vraiment ton prochain. 

C’est vrai que nous catholiques, aimons nous diviser, nous aimons nous juger les uns les autres (c’est étonnant je ne me souviens pas d’avoir entendu un tel commandement dans l’évangile? Jugez vous les uns les autres, non je ne vois pas!)

Et pendant ce temps le démon se frotte les mains, il adore (si j’ose dire) il adore voir les fils de Dieu (ses pires ennemis)  se déchirer et sa grande victoire c’est quand leur division est à propos de la messe et de la vie de de charité, opposer l’un à l’autre, alors là c’est sa grande victoire! Chapeau l’artiste.  

Car pendant que nous nous battons, nous ne prions pas, 

Pendant que nous jugeons, nous n’aimons pas, 

Pendant que nous critiquons, nous ne servons pas 

Pendant que nous nous invectivons, nous ne l’écoutons pas 

Nous n’écoutons pas…

Car c’est le même qui nous dit « Ceci est mon corps livré pour vous » et « chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait. » 

le même Jésus Christ, 

le même Christ Roi

Nous ne pouvons pas choisir entre le Saint Sacrement et le « sacrement du frère » comme l’appelait saint Jean Chrysostome, nous ne pouvons pas choisir entre aller à la messe et « aller aux pauvres » saint Vincent de Paul, nous ne pouvons pas choisir entre tendre nos mains pour Le recevoir et tendre nos mains pour le servir. Les séparer c’est démembrer le corps du Christ, les séparer c’est nous stériliser, nous rendre incapable de servir comme lui « car sans moi vous ne pouvez rien faire »

Les séparer c’est nous interdire de reconnaître Jésus dans le pauvre.

Comment le reconnaîtrions-nous, si nous ne commençons pas par le contempler?

Comment le servirions-nous, si nous restons dans nos églises? 

C’est le même agenouillement celui que nous faisons aux pieds du tabernacle et celui qui nous rapproche du malade sur son lit de souffrance ou du pauvre couché sur le bitume.

Il manque de la même foi celui qui ne distingue pas Jésus sous l’apparence du pain et celui qui ne le reconnait sous les haillons du mendiant. 

Les séparer c’est choisir c’est à dire tomber dans l’hérésie .

C’est le même Christ que nous recevons à la messe et que nous servons dans le pauvre, le même réellement présent.

Si nous choisissons nous ne sommes pas disciple de Jésus 

Nous ne pouvons pas servir l’un sans recevoir l’Autre.

Nous ne pouvons pas recevoir l’Un sans servir l’autre .

Nous ferons le Christ Roi du monde à cette seule condition que nous tenions les deux: l’hostie et le pauvre.   

Notre monde ne changera pas seulement parce que nous nous lancerons dans des aventures humanitaires sans fin, toujours épuisantes, parfois désespérantes, il n’y a jamais eu autant d’ONG pour lutter contre la misère, jamais eu autant de générosité déployée et pourtant…

Notre monde ne changera pas seulement parce que nous irons à la messe, fut ce avec la plus grande piété…  

Notre monde ne changera réellement, profondément que si nous tenons les deux: la communion et la compassion 

Alors oui le Christ règnera vraiment partout où la messe sera dite et le petit consolé.

Chaque dimanche Les cloches nous appellent, les cloches nous invitent et nous venons à la messe et la messe commence et en son cœur nous communions.

C’est pour nous la source et le sommet, ce n’est pas une option, c’est essentiel, ça nous est vital, absolument vital.

Chaque dimanche le prêtre nous renvoie, le prêtre nous chasse « allez » et nous partons et nous continuions la messe toute la semaine et en son cœur nous servons et c’est pour nous le chemin, la vérité et la vie, ce n’est pas une option, c’est essentiel, ça nous est vital, absolument vital. 

Dans l’hostie comme dans mon frère c’est le même pauvre, 

le même petit, 

le même humilié, 

c’est le même roi que je reconnais, que j’adore, que je reçois et que je sers. 

 

Abbé Simon d’Artigue