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Appeler à notre tour – Homélie 14 janvier 2018

On manque de catéchistes à la cathédrale, on manque de couples pour préparer au mariage, de chantres et on manque de prêtres aussi.

Oui et alors en quoi ça nous concerne ? C’est le job de Dieu d’appeler et c’est vrai c’est Dieu qui appelle habituellement, il n’y a qu’à voir le jeune Samuel, c’est Dieu en direct qui l’appelle. Et puis dans les évangiles c’est bien Jésus qui appelle ses apotres, c’est bien lui qui se pose devant eux et leur dit: « viens et suis moi »? non ?  Et il faut bien avouer que ça nous arrange, ça nous permet de rester tranquillement installé sur notre banc d’église à roupiller en attendant que Dieu nous fasse un signe assez fort, assez évident pour nous engager à le suivre, à le servir, comme prêtre, comme carmélite, (mais là ça ne concerne qu’une toute petite part de cette noble assemblée), mais à le suivre aussi comme catéchistes, chantre…  et on attend… et rien ne vient c’est donc que je peux rester tranquille. Alors cette manière d’appeler elle vaut pour le jeune samuel, elle est vraie chez saint matthieu, chez saint marc, chez saint luc, mais là, pas de bol,  aujourd’hui l’église nous donne saint jean, l’appel des disciples chez saint Jean.

Et chez saint jean c’est une autre histoire, là ce n’est pas Jésus qui appelle, jésus nous dit saint jean « allait et venait. » là jésus n’appelle pas et pourtant ses disciples le suivent : André et un autre disciples, puis Pierre. Cette deuxième manière d’appeler, est d’un importance capitale pour notre paroisse aujourd’hui, pour la croissance de notre Eglise car en effet, tant que nous nous disons (fermement appuyé sur l’Evangile) que l’appel des disciples est du seul ressort de Jésus, tant que nous nous disons que c’est Jésus et Jésus seul qui convertit, que nous nous n’avons rien à faire ni dans la conversion de nos frères ni dans l’appel de nouveaux disciples il ne faut pas nous étonner que notre église se vide, si Jean Baptiste, si André si Simon n’avaient rien fait, s’ils n’avaient pas appelé à leur tour nous ne serions pas là aujourd’hui, l’Evangile ne serait jamais arrivé jusqu’à Toulouse, parce que l’Eglise grandit quand des hommes répondent à l’appel d’autres hommes à suivre le Christ.

Regardons alors ce qu’ils ont fait, comme 4 étapes:

  • La contemplation
    • Jean baptiste, le premier: « posa son regard sur Jésus »
    • « Que cherchez vous »: ces disciples ont soif, ils cherchent
    • « Ils allèrent et ils virent »: faire l’expérience de jésus
    • « Ils demeurèrent »: pas juste passer mais rester, c’est une expérience transformante qui demande du temps, se laisser faire, se laisser transformer. Il n’y a pas d’appel possible tant que nous n’avons pas rencontré le Christ, non seulement rencontré mais tant que nous n’avons pas demeuré avec lui. Avant de parler de Dieu il faut commencer par parler à Dieu ou plutôt à l’imitation du jeune Samuel laisser Dieu nous parler et l’écouter.
  • La désignation et l’appel
    • « Voici l’agneau de Dieu »
    • « André amena son frère  à jésus »
    • Il montre jésus, il le désigne, ils amènent, qu’est ce que ça veut dire pour nous ? J’entends souvent dire que nous ne devons surtout pas faire de prosélytisme en imposant notre foi, notre religion et c’est vrai que du coup il suffirait que nous vivions en chrétien pour que notre vie parle d’elle même et qu’elle attire automatiquement à Jésus. Mais alors comment se fait il que notre cathédrale ne soit pas bondée ? Comment se fait il qu’en nous voyant vivre les gens ne se disent pas « ils sont d’authentiques disciples de Jésus Christ ? » C’est peut être parce que nous ne vivons pas une vie suffisamment évangélique, (mais je ne me permettrai pas de vous faire ce reproche), c’est peut être aussi parce que nous ne désignons pas Jésus Christ, parce que nous n’amenons pas nos frères à Jésus, croyant qu’ils pourront faire le chemin eux même. Et bien non. C’est très compliqué quand on s’est éloigné de l’Eglise d’y retourner. Imaginez un de vos collègues de bureau ou un de vos voisins de pallier qui entrerait à l’église parce qu’il a été touché par votre témoignage, il arrive aujourd’hui à la cathédrale, à la porte rouge là bas, à votre avis est ce qu’il va être touché par notre accueil, par l’intensité de notre prière, par la ferveur de nos chants ? Il convient donc me semble t il de témoigner par notre vie certainement, mais aussi de désigner Jésus, de dire son Nom et d’amener jusqu’à lui.
  • Mais ensuite vient le temps de L’effacement
    • « Les deux disciples entendirent ce qu’il disait et ils suivirent Jésus »
    • Ils suivaient Jean jusque là mais Jean s’efface, parce que quand nous appelons quelqu’un nous ne l’appelons pas à nous, nous n’avons qu’un désir qu’il rencontre ce Jésus que nous avons rencontré, qu’il le rencontre et qu’il le suive, finalement qu’il fasse le même chemin que celui que nous avons fait, grâce à un frère.
  • Et c’est l’effacement qui permet La rencontre et la suite du Christ
    • « Tu t’appelleras kepha »: il change de nom, il change de vie car Jésus change nos vies, la rencontre du Christ change une vie, chacun de nous peut en témoigner.

Dieu veut avoir besoin de nous, Dieu passe par des médiations pour appeler. Hier soir j’étais avec un groupe de paroissiens et tous témoignaient qu’ils se sont mis à servir ici dans notre paroisse parce que quelqu’un les avait appelé à servir et ce quelqu’un ce n’était pas Dieu (comme pour Samuel) ce n’était pas le curé qu’on risquerait alors de voir comme un sergent recruteur (faites gaffe dès que le père Simon s’approche de vous ça va être pour vous demander un service et si par malheur vous l’invitez à diner vous ne ressortez pas sans une mission!) Non ils ont été appelés par un autre paroissien : un frère, une soeur comme Simon par André. Nous pouvons tous appeler.

Et je vais même vous dire c’est comme ça que l’Eglise grandit, en appellant et depuis le début c’est comme ça que ça fonctionne : Jésus a touché le coeur de Jean baptiste et Jean Baptiste appelle André, André appelle Simon, Simon appelle… Et attention il ne s’agit pas d’un processus de recrutement sophistiqué, il ne s’agit pas de faire du nombre, il ne s’agit pas de faire tourner l’Eglise ou de remplir des cases, non il s’agit de permettre à la vie de se répandre, la vie du christ. Car le plus fort, et c’est encore une des personnes hier soir qui témoignait de cela, le plus fort c’est que répondre à l’appel ça donne une joie, comme il y a 2000 ans,  oui parce qu’appeller au nom de Jésus, à servir son Eglise et répondre à cet appel c’est permettre à la joie du ciel de se répandre dans les coeurs, car se mettre à la suite du Christ c’est ça qui change une vie.

Ce chemin se répète depuis deux mille ans et depuis deux mille ans il porte du fruit : c’est parce que quelqu’un m’a appelé que j’ai rencontré le Seigneur et que j’ai pu demeurer auprès de Lui, c’est parce que je demeure avec lui que j’en appelle d’autres à le rencontrer.

Jésus, Jean baptiste, André, Simon, moi, qui est ce que je vais appeler ? Qui sera le suivant ?

 

abbé Simon d’Artigue