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Se convertir comme Zachée – homélie 31 TO C 2019

En ce moment, le débat est un peu tendu sur le voile, la laïcité, l’islam et sa place dans notre société ; et, nous, catholiques, nous ne savons pas trop quelle position prendre entre un état trop laïc qui nous rappelle de mauvais souvenirs, 1905 et cet anti-catholicisme, et un islam trop visible qui nous fait nous replier frileusement sur notre identité. Alors que la réponse est simple, tellement simple,  la seule réponse qui vaille et qui ne soit pas une réponse politique mais une réponse spirituelle : c’est la conversion. La conversion des musulmans qui habitent en France (ou ailleurs) bien entendu, et la conversion de ceux de nos concitoyens qui ne connaissent pas Jésus Christ. Mais il se trouve que ni les premiers, ni les seconds ne sont dans cette église. Je ne vais donc pas parler des absents … il reste donc les catholiques, nous paroissiens de la Dalbade, et notre conversion. Il n’y a donc pas d’autre solution que notre propre conversion ; c’est elle qui entrainera toutes les autres conversions. Mais si par contre je ne me convertis pas alors rien ne changera autour de moi. 

Le problème de la conversion, c’est qu’on l’envisage assez facilement pour les autres mais beaucoup moins pour soi et quand, par grâce, nous avons un éclair de lucidité sur nous-mêmes, nous ne savons pas trop par quoi il faut commencer pour se convertir tant le chantier nous semble immense. 

Alors je vais vous aider : pour se convertir il faut commencer par lire l’Evangile… et chercher à suivre Zachée qui se convertit en 4 étape, 4 étapes préparatoires à la conversion, 4 étapes qui aboutissent à la conversion de Zachée et à la nôtre.

« Entré dans la ville de Jéricho, Jésus la traversait. » Jésus traverse nos vies, et c’est la première étape. Croire que, comme il y a deux milles ans, Jésus traverse nos vies, comme il a traversé Jericho, Jésus traverse Toulouse aujourd’hui. Et, nous, nous pouvons le manquer parce que nous ne lui prêtons pas la moindre attention, les yeux rivés sur nos portables, parce qu’il y a trop de bruit, parce que nous ne savons pas le reconnaître, nous ne savons pas reconnaitre Jésus qui passe dans nos vies. Nous l’entendions hier dans le jugement dernier de saint Matthieu, « j’avais faim, j’étais nu, malade, un étranger et vous ne m’avez pas reconnu » 

Seigneur, donne-moi de te reconnaitre quand tu passes dans ma vie. 

« Il cherchait à voir qui était Jésus » et c’est la deuxième étape : s’approcher de lui. Autant la première étape est celle de la prise de conscience, de l’acte de foi, une étape toute intérieure, autant cette seconde étape demande un effort, ou plutôt un mouvement, un déplacement ; et ce mouvement est le signe de notre soif, de notre désir. Zachée voulait voir Jésus, tout ses efforts pour se hisser sur le sycomore disent son désir ; et moi, qu’est-ce que je suis prêt à faire pour m’approcher de Jésus ? Si je n’ouvre jamais ma bible, si je ne fais jamais silence dans la prière, si je manque négligemment une messe sur deux, si je ne me suis pas confessé depuis plus d’un an (et je ne prends là que les moyens fondamentaux de la rencontre avec le Dieu vivant), c’est donc que je n’ai pas soif de Dieu. Mais, à l’inverse, comme Zachée, il me suffit de peu pour dire ma soif : grimper sur un sycomore c’est à dire pour moi choisir de lire chaque jour l’évangile par exemple ou n’importe lequel de ces actes qui disent mon désir de mieux connaitre Jésus. 

Seigneur, fais grandir en moi ce désir de m’approcher de toi .

« Jésus leva les yeux et lui dit :« Zachée, descends vite : aujourd’hui il faut que j’aille demeurer dans ta maison. » Et c’est la troisième étape : se laisser interpeller par Jésus, c’est à dire entendre sa parole, lui prêter attention et ne pas se dérober, car la parole du Christ est bien souvent dérangeante et moi je n’aime pas être dérangé. Je peux faire celui qui n’a pas entendu et manquer alors la quatrième étape.  

Lui obéir : « Vite, il descendit et reçut Jésus avec joie ». Jésus vient de demander trois choses à Zachée et Zachée s’est exécuté. Fidèlement, il a obéi à Jésus et chacune des trois attitudes de Zachée nous enseigne, ou plutôt elles sont trois obstacles que Zachée a franchi pour se convertir :

  • vite : Zachée ne retarde pas son obéissance, il ne tergiverse pas, « j’y vais, j’y vais pas, j’hésite, je me tâte… » non, Zachée agit sans délai, ce n’est pas une  précipitation, une impréparation ou un manque de discernement, bien au contraire, nous en sommes à la quatrième étape, le coeur de Zachée est prêt et, ce qui pourrait le faire hésiter à ce moment, ce n’est pas la prudence, c’est le démon. Seigneur, fais taire ce démon qui me fait repousser à demain cet acte d’obéissance,  je veux te suivre, vite !
  • Il descendit : c’est le premier pas qui coute le plus ! Zachée aurait pu rester spectateur de Jésus qui passe, il aurait pu s’émerveiller, s’exclamer, applaudir avec la foule et le laisser s’éloigner, comme nous, nous pouvons rester spectateurs du Christ, même en venant à la messe, sans nous engager à sa suite, sans descendre de notre sycomore. 
  • Il reçut Jésus chez lui : recevoir Jésus chez soi, c’est donc considérer qu’il n’est plus seulement à l’Eglise et que je ne lui accorderai qu’une heure par semaine. Non, il vient chez moi, c’est à dire qu’il est présent à tout ce que je fais, toutes mes activités. Recevoir Jésus chez soi, c’est engager toute sa vie, c’est Le laisser unifier toute votre vie. Seigneur, débarrasse-moi de cette peur de trop te donner, donne moi cette audace de Zachée. 
  • Il y a une note supplémentaire dans notre évangile, Jésus demande « Zachée, descends vite : aujourd’hui il faut que j’aille demeurer dans ta maison. » Vite, il descendit et reçut Jésus avec joie ». Avec joie. La joie, elle est en plus ; la joie, c’est un fruit de l’obéissance à Jésus, c’est un signe, comme un encouragement que je suis sur le bon chemin. Alors, quand j’éprouve cette joie, il faut la goûter bien sûr mais il ne faut pas s’y arrêter. 

Il a fallu ces quatre premières étapes pour que la conversion s’opère et la conversion vient ensuite, les actes suivent la grâce « Voici, Seigneur : je fais don aux pauvres de la moitié de mes biens, et si j’ai fait du tort à quelqu’un, je vais lui rendre quatre fois plus. » Sans ces premières étapes, nous sommes bien incapables de faire le moindre bien. Sans la grâce de Dieu, l’accueil de Jésus chez nous, tous nos efforts sont voués à l’échec. 

Le changement de vie de Zachée est radical, 

le mien le sera tout autant,

Pourvu que je reconnaisse Jésus qui passe dans ma vie,

Pourvu que je cherche à le voir,

Pourvu que je me laisse bousculer,

Pourvu que je lui obéisse. 

Seigneur, tu passes dans ma vie, j’ai soif de toi, viens me déranger, je veux te suivre. 

Abbé Simon d’Artigue