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Sainte Marie mère de Dieu

Sainte Marie mère de Dieu

C’est donc la saison des vœux, vous savez de ceux que l’on prend le premier janvier dans l’euphorie d’un réveillon arrosé et que l’on oublie le matin venu. Bien souvent, d’ailleurs, avec l’âge, on a la prudence … ou la sagesse … de ne plus formuler trop de vœux, question d’expérience sans doute.

Ecoutons les vœux les plus communs qui auront été échangés sous le gui de l’an neuf : des vœux de santé, de réussite scolaire et professionnelle, des vœux de richesse et de joie. Rien que des bonnes choses, que nous nous échangeons généreusement tous les 31 décembre et qui, il faut bien l’avouer, ne changent pas fondamentalement nos vies. Pourquoi ? Parce qu’il ne suffit pas de souhaiter du bien, il faut le faire. En fait, un chrétien ne se paie pas de mot ; d’ailleurs, à bien y regarder, un chrétien ne formule pas de vœux !

Prenez ces deux grandes prières chrétiennes : le Notre Père et l’Angélus. Dans le Notre Père que disons-nous ? « que ta volonté sois faite » : ce n’est pas nous qui souhaitons, c’est Dieu qui nous souhaite du bien, c’est Dieu qui nous bénit. Et dans l’Angélus, que répond Marie à l’invitation de l’ange : « je suis la servante du Seigneur, qu’il me soit fait selon ta parole ». Et elle a bien fait Marie de ne pas faire sa volonté propre, elle a bien fait de ne pas formuler trop de vœux pour son enfant : « je voudrais qu’il soit blond, riche, qu’il ait une bonne situation qui le mène haut, et qu’il rencontre une femme qui me donnera plein de beaux petits-enfants ». Rien que de très normal pour une mère me direz-vous ! Eh bien non ! Marie s’est contentée de répondre « qu’il me soit fait selon ta parole », c’est-à-dire : je ne fais aucun vœux ou plutôt tout ce que tu veux, je le veux ! Elle a accepté de renoncer à sa volonté propre pour laisser la volonté de Dieu prendre toute la place dans sa vie, et alors quelle merveille ! elle se voyait déjà en grand-mère attentive entouré d’une flopée de gamins, Dieu en fera la mère de son Fils, rien de moins.

Ce qu’il a fait pour Marie, Dieu veut le faire pour chacun de nous. Si nous acceptons de le suivre, si nous acceptons de lui faire confiance plus qu’à nous même, si nous choisissons sa volonté plus que la nôtre, notre Dieu élargit notre champ de vision, il nous donne de voir les choses en grand, il dilate notre cœur et notre âme, pour que nous aimions, non pas à notre mesure, mais à sa mesure.

Comme dit Marie dans son magnificat : «  le Seigneur fit pour moi des merveilles » ; et quelle merveilles, quelle merveilles plus grandes que celle que nous fêtons aujourd’hui  ! Sainte Marie Mère de Dieu, une merveille qui dépasse complètement notre entendement, une merveille qui dépasse tout ce que les hommes avaient pu imaginer ; Marie, cette jeune paysanne de Palestine est devenue sous l’action de l’Esprit Saint la mère de Jésus, la mère de Dieu, mère de son créateur.

Que Marie soit la mère de Jésus, ça, ça va. Notre intelligence est encore capable de le comprendre. Que Jésus soit Dieu, c’est déjà autre chose. Mais alors, si Jésus est Dieu et que Marie est sa mère, c’est à juste titre que nous pouvons dire que Marie est la mère de Dieu !

Ce que nous fêtons aujourd’hui, ce n’est pas tant Marie, qu’un nouvel aspect de la fête de Noël, de la fête de l’incarnation : sainte Marie mère de Dieu, c’est la fête de Noël vue non plus du coté de Jésus mais du côté de Marie. Vous savez ce mystère de Noël est si grand, si profond et insondable qu’on n’aura jamais fini d’en déployer les merveilles. C’est une de ces merveilles que nous célébrons aujourd’hui : Dieu, le créateur du ciel et de la terre, de l’univers visible et invisible, celui qui façonna Adam de la terre, a voulu se faire l’un d’entre nous, le fils de Marie.

Alors est-ce Marie ou Jésus que nous fêtons aujourd’hui ? Est-ce la mère ou l’enfant ? Ils sont indissociables ! Quelle mère accepterait qu’on la sépare de son fils ? Quel fils jalouserait sa mère des honneurs qui lui sont rendus ? Et d’ailleurs chaque honneur, chaque prière, chaque rose que nous déposons aux pieds de la mère, elle s’empresse de les porter à celui à qui seul ils sont dus : Jésus, son fils.

Voilà pourquoi, en ce début d’année, nous fêtons Marie. Voilà pourquoi, en ce début d’année, nous venons nous remettre entre ses bras, pour y être au plus près de son fils, notre Dieu et seigneur. Voilà pourquoi, en ce début d’année, nous fêtons sainte Marie mère de Dieu, pour mettre notre année non pas sous le patronage de quelques druides coupeurs de gui, non pas pour nous souhaiter seulement la réussite et la fortune, mais pour infiniment plus ! Pour faire la volonté de Dieu ! Pour que sa volonté se fasse en chacune de nos vies ! Pour qu’avec sa grâce, il nous donne infiniment plus que la richesse, la gloire et la puissance, plus que la tranquillité et la santé, ce que lui seul peut donner : la sainteté.

Abbé Simon d’Artigue