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Remettre de l’ordre dans nos amours – homélie 31 TO B 2018

Remettre de l’ordre dans nos amours – homélie 31 TO B 2018

Qu’est-ce que tu aimes ?

«40-0 !! une victoire du Stade Toulousain contre l’UBB ; j’aime aussi la côte de bœuf, et la vue au sommet du Néouvielle. »  Mais, malheureusement, toute côte de bœuf a une fin, le Stade Toulousain est parfois (rarement) défait et il arrive qu’au sommet du Néouvielle, les nuages s’invitent. Du coup, nos amours sont déçus ou, en tout cas, ils ne nous rassasient pas. Nous voulons plus que de la côte de bœuf, nous voulons plus que la victoire, nous voulons plus que la beauté d’un paysage : nous voulons aimer, aimer plus. 

Nous sommes faits pour aimer, pour aimer plus. Nous sommes faits pour aimer et être aimés.

Et quand nous n’aimons pas, pas suffisamment, oubien quand nous ne sommes pas aimés, s’installe une sorte de tristesse, un vide que toutes ces choses que nous aimons ne semble pouvoir combler. 

Du coup, nous compensons ; et pour assouvir cet immense désir d’aimer, nous aimons en désordre. Et on se met à aimer le Stade Toulousain, quelle déchéance !! (Oui, je sais il y a pire déchéance que d’aimer le stade, c’est d’aimer le RCT, mais en ces heures sombres pour nos amis toulonnais je me refuse à tirer sur les ambulances). Alorsque nous sommes faits pour aimer tellement plus. Il faut mettre de l’ordre dans nos amours, mettre de l’ordre dans notre amour, sinon nous vivrons déçus et tiraillés entre ces petits amours.

Jésus nous invite à mettre de l’ordre. C’est même une de ses premières œuvres, remettre de l’ordre dans ce qui est désordonné ; et quand c’est notre amour qui est désordonné, c’est toute notre vie qui perd sa boussole. On est désorienté, car une fois encore nous somme faits pour aimer. 

Et Dieu ne fait pas de l’amour quelque chose d’optionnel, il en fait un commandement impératif – « tu aimeras » -, ce qui veut dire que ne pas aimer, c’est un péché mortel. Vous savez, si souvent nous nous contentons dans nos confessions de dire je n’ai pas tué, je n’ai pas volé, je n’ai pas dit trop de gros mots … nous ne vivons pas à la hauteur de ce que Dieu veut pour nous, est ce que tu as aimé ? C’est le premier commandement, le grand commandement et là encore, Jésus met de l’ordre dans nos amours, car il faut les ordonner :

  • Aimer Dieu
  • S’aimer soi
  • Aimer son prochain

Quel est le premier commandement ? « Tu aimeras le Seigneur », « messire Dieu premier servi ». Aimer Dieu, c’est aimer ce qu’il y a de plus grand et notre cœur désire le plus grand ; aimer Dieu, ça ordonne tout dans une vie, parce que tout s’ordonne autour de ce que j’aime le plus. Si vous aimez beaucoup l’argent, votre travail ou le rugby vous allez voir, tout va s’ordonner autour de cela.  

Ordonnez tout à Dieu et il va faire œuvre de création comme en Genèse et c’est beau la création (c’est beau le Néouvielle) ou œuvre de recréation quand notre vie est désordonnée. Mais le moteur de cette recréation, c’est l’amour.

Dieu ne nous demande pas mille choses, II ne nous en demande qu’une seule : aime, aime-moi.

Et pas à moitié, aime-moi de tout ton cœur… ça veut dire tendre tout notre être vers Dieu.Mettre Dieu au centre, au centre de votre semaine en venant à la messe le dimanche, au centre de vos journées en le priant, oui prendre 5 à 10mn chaque jour, et même au centre de chacune de vos actions, 100 fois par jour en l’invoquant, comme dit le psaume « Quand je fais appel au Seigneur, je suis sauvé de tous mes ennemis »: l’appeler en une phrase « je t’aime Seigneur ma force » , un verset tiré de l’écriture, une toute petite prière qui oriente votre cœur vers Dieu, en puisant parmi les textes de ce jour « Seigneur tu es fidèle » « car tu es toujours vivant » « tu as dit vrai » et comme dit le Deutéronome que nous venons d’entendre « Ces paroles que je te donne aujourd’hui resteront dans ton cœur. ». Il faut tapisser notre cœur de ces paroles afin qu’elles en jaillissent 100 fois par jour. Vous verrez combien ce petit exercice, répété 100 fois, transforme votre journée, parce que Dieu devient le centre, le premier aimé. 

« Tu aimeras Ton prochain comme toi-même » : ça veut donc dire que le deuxième amour, c’est soi. Il faut s’aimer. Pas un égocentrisme, se regarder le nombril mais s’aimer parce que Dieu nous aime, s’aimer comme Dieu nous aime et ce n’est pas si facile que ça de nous aimer, parfois parce que nous n’avons pas été aimé, parfois parce que nous ne nous croyons pas aimable.   

Aimer notre prochain et, là aussi, il y a un ordre de la charité : pour l’époux, c’est d’aimer son épouse puis ses enfants ; pourl’enfant, ses parents ; pour le curé, c’est d’aimer ses paroissiens, tous ses paroissiens. Puis le prochain, c’est à dire celui qui est proche, celui que je ne choisis pas, celui qui est mon voisin de banc ou de pallier, ce pauvre qui est sur mon chemin (qui est plus difficile à aimer que celui qui est au bout du monde et pour lequel je suis pourtant prêt à faire un don).

Voici l’ordre de la charité, celui qui remet de l’ordre dans ma vie. Mais alors, pourquoi est-ce que Jésus dit au scribe qui l’interroge : « Tu n’es pas loin du royaume de Dieu. » ? Qu’est-ce qu’il y a de plus que d’aimer Dieu, son prochain et soi-même ? Rien. Il n’y a rien de plus, mais cet immense désir, nous savons tous combien nous sommes incapables de l’accomplir. Nous avons bien essayé et nous nous sommes heurtés à nos limites, car nous sommes incapables d’aimer correctement, d’aimer vraiment.

Alors ce pas, ce petit pas qu’il reste à faire, ce pas pour entrer dans le royaume de Dieu, c’est de reconnaitre Jésus comme Sauveur, ce que nous dit l’épitre aux Hébreux : ce dont tous les grands prêtres sont incapables, ce dont nos efforts sont incapables, Lui, Jésus, en est capable « C’est pourquoi il est capable de sauver d’une manière définitive » : il est capable de nous sauver, pourvu que nous reconnaissions ce dont nous sommes incapables sans lui : nous sommes faits pour aimer et nous n’arrivons pas à aimer. Seigneur Jésus, toi seul me sauve, toi seul, par amour, me rend capable d’aimer. 

Abbé Simon d’Artigue