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Michel Dagras, un ami délicieux, un théologien de haut vol, un prêtre hors norme

Michel Dagras, un ami délicieux, un théologien de haut vol, un prêtre hors norme

Voici le texte que Richard Gardes a écrit à l’occasion du décès du père Michel Dagras.

« Michel à la DAURADE ? Que du bonheur !

Un ami délicieux, un théologien de haut vol, un prêtre hors norme.

Pour nous laïcs, Michel a travaillé, jusqu’au bout de ses forces, à nous éveiller, à nous tirer par le haut. Travailler, d’ailleurs, est un mot inapproprié : ce n’était pas du travail, c’était son sacerdoce.

Michel, en effet, ne considérait pas que la vie paroissiale doive se résumer à la messe dominicale.

Certes, l’Eucharistie est un sommet et Michel fut un guide lumineux pour nous faire découvrir ou redécouvrir tous les trésors que recèle ce sacrement. Cette façon de célébrer, avec simplicité mais en profondeur, j’ose dire « jusqu’à l’os ». Cette pédagogie affûtée qu’il mettait, notamment, au service des enfants. Cette homélie, parfois « brute de décoffrage », mais qui ne s’apparentait jamais à un jugement, encore moins à un réquisitoire. L’homélie, chez Michel, prenait plutôt le ton d’une plaidoirie, pour que la Parole vienne percuter nos vies, ici et maintenant, et que nous y trouvions un viatique pour notre quotidien.

Mais justement, nous ne vivons pas toujours sur les sommets. Il faut bien redescendre dans la plaine et celle-ci peut devenir « morne » si nous ne l’habitons pas.

Alors, Michel initiait des réunions sur les sujets qui taraudent la société (ainsi, la guerre, la paix, la souffrance, le mal, la joie, la peur, la puissance de l’argent, les migrations) et l’Église (par exemple la mission, le kérygme, l’eucharistie, le Synode sur la famille dont nous ne voulons pas qu’il reste lettre morte).

Pourtant, Michel n’était pas atteint du syndrome de la réunionite et était tout sauf un penseur en chambre : avec lui, la réflexion tournait toujours aux « travaux pratiques ». Michel « animait », c’est-à-dire au sens étymologique du terme, « donnait du souffle », apportait un « supplément  d’âme ».

Michel était curieux de tout, savait… Presque tout, aimait tout. Ah non !

Michel n’aimait pas tout. Il goûtait fort peu, dans les relations humaines, le  vernis, la posture, le conformisme. Quand il estimait que le destin de l’Homme est en jeu ou que la crédibilité de l’Église peut souffrir, il n’aimait pas que l’on dise : « c’est impossible, il faut être prudent, on verra bien, le temps est un grand maître. » Ce n’est pas que Michel était d’un naturel impatient ou un rebelle sans risque. C’était que cet homme et ce prêtre était profondément pénétré du Mystère de l’ Incarnation : là où il y a Dieu, il y a l’Homme, là où il y a l’Homme, il y a Dieu.

En terminant mon propos, je me comporte comme un enfant. J’imagine que, dimanche dernier, quand le SEIGNEUR a accueilli, bien sûr, Michel à bras ouverts, notre ami a dû râler quelque peu. « Seigneur, tu m’appelles à toi alors que je n’avais pas terminé tout ce que j’avais entrepris. » Et le Seigneur de répondre : « Ecoute, Michel, tu as quand même bénéficié d’une belle tranche de vie pour me servir et tu as été un bon serviteur. Maintenant, c’est à eux, en bas, à poursuivre la tâche ».

Alors, si nous répondons « oui » à cette invitation, ce n’est plus un mort que nous pleurerons, c’est un vivant que nous célébrerons ! »

Richard Gardes

Je me joins aux mots de Richard pour dire que je mesure la chance que j’ai eu de vivre mes trois premières années de curé aux cotés de Michel, sa porte toujours ouverte pour me conseiller chaque fois que je le sollicitais, une parole libre et précise, bienveillante et vigilante à mon égard, un amour de l’Église et plus encore du Christ qu’il savait faire aimer.

Merci Michel.

Abbé Simon d’Artigue