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L’édito – Octobre, mois du Rosaire

L’édito – Octobre, mois du Rosaire
La dévotion du Rosaire (5 chapelets) tire son nom de la pieuse habitude de couronner les statues de la Vierge Marie de roses. Ce délicat geste de vénération matérielle et parfumée fut transposé en récitation de cycles de prière, comme autant de couronnes tressées en esprit à la Mère de Dieu.
D’anciennes racines de telles formules répétées remontent aux ermites des déserts égyptiens et à la tradition chrétienne orientale. En usage chez les Cisterciens depuis le 12°siècle et développé sous l’influence des dominicains, le Rosaire est attribué à Saint Dominique qui l’aurait reçu de la Sainte Vierge non loin de Toulouse dans la forêt de Bouconne. La victoire des croisés de Simon de Montfort à la bataille de Muret en 1213 fut attribuée à sa récitation par le saint. L’élément constitutif de la couronne consiste en un notre Père et surtout dix « Je vous salue Marie » répétés quinze fois pour atteindre le chiffre des 150 psaumes, base de la prière monastique. Ainsi était mis à la portée d’un peuple priant non muni de la mémoire ou du texte des psaumes, un équivalent du psautier, en associant à chaque dizaine un événement de la vie du Christ à méditer sur le fond scandé de la récitation répétitive des Ave Maria.
Les « mystères » à contempler accompagnés du soutien régulier de la prière à Marie sont autant de passages de la vie du Christ groupés en joyeux, douloureux, glorieux et lumineux. La personne est invitée à la « composition du lieu » de tradition Ignacienne, c’est à dire se représenter en esprit l’épisode évangélique associé à la dizaine en cours de récitation.
  • Joyeux: l’Annonciation, fruit du mystère (fdm) l’humilité; la Visitation, fdm la charité fraternelle; la Nativité, fdm l’esprit de pauvreté; la Présentation de Jésus au Temple, fdm la pureté/l’obéissance; Jésus retrouvé au Temple, fdm la ferveur/la réponse à l’appel de Dieu.
  • Douloureux: L’agonie à Gethsémani, fdm la contrition; la flagellation, fdm la mortification des sens; le couronnement d’épines, fdm la mortification des pensées; le portement de croix, fdm la patience dans l’épreuve; la mort sur la croix, fdm l’amour plus grand pour Jésus mort pour moi.
  • Glorieux : la Résurrection, fdm la foi; l’Ascension, fdm l’espérance et le désir du ciel; la Pentecôte, fdm la venue de l’Esprit-Saint dans l’âme; l’Assomption de la Sainte Vierge, fdm la grâce d’une bonne mort; le Couronnement de Marie au Ciel, fdm une plus grande dévotion à Marie.
  • Saint Jean-Paul II, lors de l’année du Rosaire 2002-2003 a ajouté une 4°catégorie, les mystères « Lumineux » dans une perspective œcuménique: le baptême de Jésus dans le Jourdain, fdm l’état de grâce; les noces de Cana, fdm la confiance en la volonté de Dieu; l’annonce du Royaume, fdm la conversion intérieure/la sainteté; la transfiguration, fdm la contemplation; l’institution de l’Eucharistie, fdm la pratique des sacrements.
Dans sa lettre apostolique « Rosarium Virginis Mariae », saint Jean-Paul II écrivait:
« Chaque mystère du chapelet bien médité met en lumière le mystère de l’Homme-Dieu. En même temps, il devient naturel d’apporter à cette rencontre avec la sainte humanité du Rédempteur les nombreux problèmes, préoccupations, labeurs et projets qui marquent notre vie. « Décharge ton fardeau sur le Seigneur, Il prendra soin de Toi » (ps. 55, 23). Méditer le rosaire consiste à confier nos fardeaux au cœur miséricordieux du Christ et de Sa mère ».
Sous son apparence simple et répétitive, le « Je vous salue Marie » est en fait une prière :
  • angélique (il reprend la salutation de l’archange Gabriel lors de l’Annonciation) Luc, 1,28
  • évangélique (il reprend les paroles d’Elisabeth lors de la Visitation: le fruit de tes entrailles est LE BENI (c’est-à-dire Dieu dans la culture hébraïque) Luc 1, 42
  • ecclésiale et dogmatique (il reprend le dogme d’Ephèse: Marie Mère de Dieu)
  • populaire avec la demande d’intercession « maintenant et à l’heure de notre mort ».
Pourquoi le mois d’Octobre pour la fête du Rosaire et le pèlerinage qui conclut traditionnellement la saison à Lourdes le 7 octobre? En commémoration de la victoire de Lépante remportée sur les turcs en 1571, attribuée à la récitation du Rosaire par le pape dominicain saint Pie V. Il ajouta aussi aux dévotions catholiques la prière de l’Angélus « pour la conversion des musulmans » …

Abbé Jean-Jacques Rouchi – Prêtre référent de ND La Dalbade