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Leçon d’évangélisation – Homélie 3 dimanche de carême – la samaritaine

Quel est le grand désir de votre coeur ? Voir les irlandais battre les anglais? Réussir aux examens ? Mettre vos enfants sur de bons rails? Etre riches, beaux et célèbres ? Non, bien sur que non, vous êtes catholiques, notre grand désir à tous, c’est d’annoncer Jésus Christ ? Non ?  De partager ce qui nous fait vivre, de donner à boire à ceux qui ont soif ? Non ? Non, je n’ai pas l’impression de soulever un enthousiasme délirant en disant ça. peut être y en a-t-il quelques uns chez qui ce désir est mort ou éteint ou franchement enfoui au fond, tout au fond, bien rangé sur une étagère, bien caché au fond du placard de votre cœur. Oui de temps en temps on a bien quelques velléités (une petite surchauffe du cœur ou de l’âme parce qu’on a un peu trop prié, c’est comme tout les excès faut faire attention) mais ça nous passe vite, il y a quand même plus urgent que ça  dans la vie? Et puis, peut être y en a-t-il parmi nous qui se disent que non, évangéliser c’est pour les spécialistes il faut des diplômes pour ça, non ! il faut être curé, il faut avoir reçu un appel particulier pour aller faire le guignol sur les places ? peut être y en a t il qui se disent « c’est bon moi j’suis pas charismatique, je vais pas me poser au milieu de la place du capitole et commencer à agresser le pauvre gars qui voulait juste siroter une bière tranquillement en terrasse et lui annoncer la bonne nouvelle. » et pourtant… les gens ont soif (comme la samaritaine), soif de vérité, soif de beauté, soif de justice, soif de bonté, ils ne le savent peut être pas encore mais ils ont soif de Jésus Christ : c’est lui la vérité, c’est lui la beauté, la bonté, la justice, il est la source d’eau vive, il est venu pour les sauver (pour nous sauver nous bien sur mais tous les autres aussi, les païens, les pécheurs, les pauvres. d’ailleurs païens, pécheurs, pauvres c’est un peu nous non ?).

Bien sur qu’ils ne le savent pas, comment le sauraient ils, personne ne le leur a jamais dit, vous le leur avez dit vous ? Et puis ne comptez pas sur les grands médias pour annoncer la Bonne Nouvelle (de toute manière les bonnes nouvelles c’est déjà pas leur fort, alors vous imaginez la Bonne Nouvelle !). « Oui mais mon père, même si j’avais ce désir brulant, même si j’étais embrasé d’un désir ardent, moi je ne sais pas comment faire pour annoncer l’Evangile…

Alors regardez Jésus (c’est lui notre grand pédagogue), comme d’habitude, contemplez le, laissez le vous apprendre, asseyez vous avec lui sur la margelle du puits de Jacob et regardez le faire avec la samaritaine. C’est certain il y a bien des fois où jésus, histoire de capter l’attention il marche sur l’eau ou bien il fait d’immenses discours devant 4000 personnes, ou encore il change l’eau en vin et là on sent bien qu’on ne joue pas dans la même catégorie, que c’est pas pour nous, que c’est bien au delà de nos forces; alors que là, avec cette samaritaine, ça ressemble tellement à une de nos conversations. Regardez-le…

Jésus a soif, il a besoin de la samaritaine pour qu’elle lui donne de l’eau, c’est lui qui le premier se fait le demandeur, c’est lui le fils de Dieu qui se met à son niveau, qui vient s’asseoir sur la margelle. Les disciples lui reprocheront bien cette attitude, parler à une femme une samaritaine : « oh jésus ça ne va pas! » Et vous quand vous vous approchez de quelqu’un dites vous que vous avez quelque chose à recevoir de lui.

Puis jésus va se mettre à l’écoute de cette samaritaine, il est attentif à ce qu’elle vit à ce qu’elle est, à son histoire, à ses blessures, à ses besoins à ce qui habite son cœur, à ses soifs. Il sait bien quelles sont ses soifs, il connait son cœur, il connait tellement bien le cœur de l’homme, il aurait pu se pointer et lui faire un diagnostic en trois point : écoute là je vois bien tu es perdue, ça tombe bien, j’ai la solution : « je suis le chemin la vérité et la vie ». Il est le chemin, la vérité la vie, C’est vrai, mais peut être que cette femme ne peut pas encore l’entendre alors jésus va être plus délicat, plus pédagogue, il va partir de son désir, du désir de son cœur, il va lui permettre de le mettre au jour, il va lui laisser le temps de le découvrir.

C’est maintenant la samaritaine qui est demandeuse « Seigneur donne la moi cette eau », c’est elle qui a soif, à travers cette conversation sur la margelle du puit, à travers les paroles bienveillante de Jésus, à travers l’accueil qu’il a manifesté, il a permis à la femme de découvrir une autre soif plus profonde, une soif qui habitait son cœur blessé depuis toujours. Et elle est prête à entendre la grande révélation, celle à laquelle son cœur aspire, celle qui la comblera : « je sais qu’il vient le messie, celui qu’on appelle Christ, quand il viendra c’est lui qui nous fera connaitre toute chose » « moi qui te parles je le suis ». Sérieusement ! Tout ça pour ça ! Est ce qu’on avait besoin de 6 pages pour en arriver là ? Sincèrement jésus c’est bien sérieux d’obliger tes fidèles à lire un évangile de 6 page un dimanche juste pour ça, tu aurais pu abréger un peu, par exemple : tu arrives au puits de Jacob, tu vois la samaritaine et tu lui dis « moi qui te parles je le suis » « euh vous êtes qui? » «le messie! ». oui, ça ne colle pas, vous voyez bien qu’on ne peut pas abréger, on ne peut pas abréger ce temps de la rencontre, ce temps de l’amitié gratuite, ce temps de l’apprivoisement mutuel, ce temps passé sur le trottoir, à la sortie de l’école, à la machine à café, ou à pousser dans la même mêlée (ca crée des liens quand on goute à la même boue sur le terrain), ce n’est pas du temps perdu, c’est même du temps gagné, c’est là que vous préparez les cœurs à pouvoir entendre la parole du Christ, celle qu’a entendu la samaritaine « moi qui te parles je le suis ». Parce qu’en effet ce temps passé par Jésus sur la margelle, ce temps passé avec vos amis c’est pour répondre à leur soif, c’est pour annoncer le Nom de Jésus.

Mais alors ça veut dire que toutes nos relations doivent être intéressées ? qu’on doit toujours avoir dans un recoin de la tête une petite intention du style «  dés que j’ai une ouverture, dés que je peux je lui case que jésus est la solution à tout ses problèmes et s’il n’accroche pas je le laisse tomber. »

Oui bien sur que c’est intéressé, mais ce n’est pas votre intérêt, c’est le sien, ce que jésus recherche ce n’est pas son intérêt, ce n’est pas une espèce de sergent recruteur, ce qu’il désire c’est le bonheur de la samaritaine. Et nous est ce que nous croyons que jésus est vraiment capable de combler une vie ? Est-ce que vous croyez profondément « que celui qui boira de l’eau que jésus lui donnera n’aura plus jamais soif et que cette eau deviendra en lui source jaillissante pour la vie éternelle » si vous le croyez alors vous n’avez pas le droit de le taire, si vous ne le croyez pas : approchez-vous de jésus vous êtes  encore comme la samaritaine. La samaritaine première version, parce que vous avez vu dans l’Evangile il y a la samaritaine qui vient chercher l’eau au puits de Jacob  c’est la première version et la samaritaine qui a puisée l’eau vive, l’eau jaillissant du cœur du Christ, c’est la samaritaine deuxième version.

C’est cette samaritaine qui se fait apôtre, c’est elle qui retourne chez elle et qui dit à tous ses amis de venir au puit pour rencontrer Jésus Christ et ils y vont, ils y vont parce qu’eux aussi ils ont soif. C’est que son cœur, le cœur de la samaritaine  est tout brulant, c’est que son cœur est vivifié par la rencontre qu’elle vient de faire, et ça se voit ! bien sur qu’ils croient ce que leur a dit la femme, mais ce qu’ils veulent c’est eux aussi gouter à cette eau.

Combien il y en a de personnes dans votre entourage, parmi vos amis, vos voisins, vos collègues qui ont soif, prendrez-vous la responsabilité de les laisser mourrir la bouche ouverte sur le bord du chemin, ou bien comme la samaritaine oserez-vous les amener jusqu’au puit de Jacob, jusqu’à Jésus Christ la source d’eau vive.

 

Abbé Simon d’Artigue