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Le doute et la foi – homélie 2ème dimanche du temps pascal

En sortant de la messe samedi dernier un paroissien me dit « vous savez Toulouse a battu le munster chez eux. » « Non c’est pas vrai !! Je ne peux pas le croire ! »

Ben oui je n’étais pas au match du coup je n’ai pas vu. C’est le problème quand on est absent. Quand on est absent on doit croire ce que les autres nous disent, ou vérifier. Du coup j’ai été voir sur le site du midi olympique et en effet il me disait que Toulouse avait battu les irlandais. Ce qui est dingue c’est que j’ai fait plus confiance à un site internet qu’à un frère, j’ai douté de mon frère et j’ai fait confiance à un inconnu.

Il y a plein d’absents à la messe, il manque beaucoup de monde.

Et comme tous les absents quand on leur raconte quelque chose de trop beau ils se disent « non ce n’est pas vrai ! » « ben quoi tu ne me fais pas confiance ? » Tu ne crois pas ce que je te dis ?

Et le doute s’installe, le doute s’installe entre vous et lui.

Il y a des absents à la messe, comme Thomas qui était absent au cénacle, il n’était pas là alors que les disciples faisaient cette expérience magnifique de la rencontre de Jésus, pas une rencontre extraordinaire, juste une rencontre qui les a fait passer de la crainte à la joie paisible « la paix soit avec vous. »

Et Jésus les envoie témoigner de cette expérience de foi : « De même que le Père m’a envoyé, moi aussi, je vous envoie. » et ils sont partis témoigner.

Mais au fond il n’y a pas que Thomas qui doute, il n’y a pas que les absents qui doutent, qui doutent de ce que nous leur racontons, il faut bien avouer que nous aussi, il nous arrive de douter.

Nous qui pourtant avons fait cette expérience de la présence de Jésus, oh ! des expériences bien différentes évidement : la joie du cœur, la paix de l’âme, une force qui nous gagne quand nous sommes dans la détresse, la lumière qui soudain se fait sur une décision que nous devons prendre, un cœur charitable qui veut se donner, un cœur de pierre qui s’assouplit et s’ouvre. Lors d’une retraite, le jour de ma confirmation, lors d’une confession… à chacun de nous est donnée une expérience différente de la présence de Jésus parce que c’est une expérience personnelle. Et puis nous l’oublions, nous oublions cette expérience alors que sur le moment nous étions absolument certain, mais les soucis, les tracas, le doute reprennent le dessus.

Alors que faire pour ne pas entretenir le doute ? Le doute qui ronge, oui, parce que bien souvent nous nourrissons le doute, plutôt que de nourrir la foi et nous nous étonnons de douter ?

Entretenez le doute vous douterez. Entretenez la foi vous croirez.

Parce que la foi est comme une plante elle ne grandit que si on l’alimente, si on s’occupe d’elle.

Mais comment faire pour faire grandir la foi ?

Accueillir la grâce. Comme les disciples accueillent Jésus « recevez l’Esprit Saint » on peut se blinder, dire au Seigneur, non tu n’entres pas ! Parce que vous savez que ça va tout bouleverser dans votre vie.

Marquer les grâces, les graver, chaque fois qu’elles arrivent : parce qu’on oublie « Préserves nous de l’oubli et du doute. » Faites un cahier.

En faire mémoire souvent.

Ne pas poser des conditions à Dieu : si tu ne fais pas ça je ne croirai, en bref ne pas faire notre Saint Thomas « si je ne mets pas… » et l’Evangile nous dit que 8 jours plus tard Jésus lui apparaît ; on imagine que pendant huit jours il a dû s’énerver de ce que lui racontaient les disciples. – Mais si tu devrais croire ? ou – Mais non, si ? Ne pas poser de conditions péremptoires à Dieu mais plutôt faire confiance à ceux qui croient.

Poser des actes de foi : « mon Seigneur et mon Dieu », l’agenouillement, la prière, demander des choses au Seigneur, apprendre à le reconnaitre dans les événements et quand je le reconnais le dire : rendre grâce.

Faire confiance est ce qu’il y a de plus beau, faire confiance à l’autre celui qui m’annonçait une bonne nouvelle, mais faire confiance à Dieu surtout, à Dieu qui ne peut ni se tromper ni me tromper. A Dieu qui me parle dans son Evangile : « Mais ceux-là ont été écrits pour que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, et pour qu’en croyant, vous ayez la vie en son nom. »

Mais alors pourquoi entretenir la foi plutôt que le doute?

Parce que le doute attriste, parce que nous ne sommes pas fait pour vivre dans le doute, parce que la défiance et la méfiance sont mortelles, mortelles dans nos relations humaines et mortelles dans nos relations divines.

Tandis que la foi, la confiance font des merveilles, la foi change tout dans une vie, regardez les disciples qui ont mis leur foi dans le Seigneur, regardez les Saints, leur vie a été transformée pour une seule raison : parce qu’ils ont cru, ils ont cru de tout leur cœur que Jésus est ressuscité, pas du bout des lèvres, pas du bout du cœur, non, ils ont cru d’un cœur généreux, d’un cœur confiant et, la foi change tout dans une vie :

La foi chasse le doute.

La foi chasse la peur.

La foi fortifie.

La foi rend patient dans l’épreuve.

La foi apaise l’âme inquiète.

La foi éclaire le chemin.

La foi donne un sens à la vie.

La foi nous ouvre à l’inconnu.

La foi élargit les cœurs.

La foi fait grandir la joie.

La foi fait des merveilles.

« Heureux ceux qui croient sans avoir vu »,

Heureux sommes nous.

 

Abbé Simon d’Artigue