Close

Le chemin de la conversion – homélie 3ème dimanche de carême 2019

« Convertissez-vous et croyez à l’Evangile » oui mais, comment on fait pour se convertir ? Ça fait des années et des carêmes que j’essaie et que je n’y arrive pas. Mais il y a des étapes de conversion, des étapes à travers lesquelles Dieu conduit son peuple depuis toujours, des étapes par lesquelles il nous instruit, comme dit saint Paul « Ces événements devaient nous servir d’exemple », car nous avons a passer par ces mêmes étapes, car nous sommes le peuple de Dieu,  lesquelles?

Nous quand nous imaginons ces étapes nous commençons par nous demander qu’est ce que je vais bien pouvoir faire pour me convertir alors que la première des étapes c’est plutôt qu’est ce que Dieu va bien pouvoir faire pour me convertir, la première étape de la conversion c’est au buisson ardent, la première étape c’est Dieu. Le Seigneur dit : « J’ai vu, oui, j’ai vu la misère de mon peuple »  « Je suis descendu pour le délivrer de la main des Égyptiens » la première étape ce n’est jamais nous c’est Dieu qui a l’initiative de ma conversion, c’est Dieu qui voit ma misère et qui vient à ma rencontre comme à celle de Moïse dans le buisson ardent, c’est ¨Dieu qui se penche sur ma misère, sur mon esclavage, sur mon péché, oui mais moi, est- ce que j’ai besoin d’être sauvé ? Est -ce que je connais ma misère ? Est ce que j’ai envie d’être sauvé de l’esclavage de pharaon, de mon esclavage ?

La deuxième étape de la conversion, c’est encore Dieu, Dieu qui se révèle, Dieu qui dit son nom: « Je suis qui je suis. » et son Nom, c’est un programme, c’est à dire « je suis avec toi » et cela ne se démentira jamais dans toute l’histoire du peuple de Dieu, Dieu s’engage avec nous, et il ne reprend pas sa parole. Car Dieu est avec nous, il est avec nous aujourd’hui jusqu’à la fin des temps.

Preuve en est, Dieu prend les commandes de notre vie, il nous conduit comme la colonne de feu « nos pères étaient tous sous la protection de la nuée » est-ce que je me laisse conduire par Dieu ? ou bien, est ce que j’en fait a ma tête ? Est -ce que dés la première épreuve je veux reprendre les commandes de ma vie quitte a me perdre dans le désert ? Ou bien est- ce que j’accepte cette conduite de Dieu de jour comme de nuit ? Car Dieu est avec nous.

Et en effet dès le premier campement, dès la première épreuve le peuple veut renoncer, il veut retourner sous les fouets des chefs de corvée, il n’est pas encore libre, il est encore en Egypte et ça va se répéter à chaque nouvelle difficulté, car le chemin de la liberté, le chemin de la conversion est semé d’embuche car le démon ne nous veut pas libre, il veut nous décourager et le meilleur moyen de nous décourager quand on a choisit de suivre le christ c’est toujours de nous dire c’était mieux avant, avant tu étais tranquille, tu vois si tu renonces, au moins tu auras du pain (il ne précise pas tu seras esclave, tu seras mon esclave). On renonce vite à la terre promise. Mais le Seigneur est avec nous, le Seigneur nous donne toujours un Moïse pour nous accompagner, est-ce que je sais repérer ce frère que Dieu m’envoie pour m’accompagner, m’encourager ? Car Dieu est avec nous.

L’étape suivante, c’est la mer rouge « et que tous ont passé à travers la mer. » ça m’arrive tellement souvent de me retrouver devant la mer rouge, c’est- à –dire, d’être en face d’un obstacle infranchissable et là, il n’y a pas de marche arrière possible puisque derrière c’est l’armée de pharaon en furie et devant c’est la mer infranchissable, qu’est- ce- que je fais quand je suis dans une impasse, face à un mur ? Souvent, je me désole, je me lamente, je pleure sur moi même, « on va tous mourir, je n’y arriverai jamais, c’est mort ! » Alors que Dieu est là, Dieu a un plan et ce plan, il n’est pas loin de nous, il est dans la main de Moîse, c’est ce bâton avec lequel il va fendre la mer rouge en deux parts. Bien souvent la solution est toute proche de moi, je n’ai pas à faire des choses extraordinaires, j’ai juste à faire confiance à Dieu, à chercher de l’aide à portée de main et à me servir des dons que Dieu m’a faits, et Dieu ouvre un passage là où je ne voyais qu’un obstacle. Car Dieu est avec nous.

Et les épreuves continuent: ils ne craignent plus les chars de pharaon, ça y est ils sont libérés mais ils ont beau être libre, maintenant ils manquent de tout et le danger est partout, et au lieu de faire confiance à Dieu, ils récriminent, ils murmurent et il accusent Moïse « Pourquoi nous as -tu fait quitter l’Egypte ? » Mais cette accusation, c’est contre Dieu qu’elle est portée » et nous aussi nous accusons Dieu ? Alors que, chaque épreuve est l’occasion d’un nouvel acte de confiance et la confiance ne trahit pas  « car ils buvaient à un rocher spirituel qui les suivait, et ce rocher, c’était le Christ. » Car Dieu est avec nous

Il reste encore deux étapes pour notre conversion, celle que souligne saint Paul: « Ainsi donc, celui qui se croit solide, qu’il fasse attention à ne pas tomber. » L’étape suivante c’est celle qu’a révélé les épreuves, l’épreuve révèle ma faiblesse, celle que je ne voulais pas voir, celle que je cachais soigneusement aux autres, à Dieu et à moi-même, l’étape suivante c’est l’humilité, reconnaitre ses failles, les accepter et les présenter au Seigneur qui nous relève quand nous sommes tombés. Car Dieu est avec nous.

Et la dernière étape c’est celle de notre parabole « Maître, laisse-le encore cette année, le temps que je bêche autour pour y mettre du fumier. Peut-être donnera-t-il du fruit à l’avenir. » L’ultime étape de notre conversion c’est la patience, la patience et la persévérance, non pas la patience envers les autres,  mais la patience envers nous-même, car nous sommes lents à nous convertir et si nous ne sommes pas patient, si nous espérons des résultats immédiats, des résultats à la mesure de nos efforts, nous risquons d’être déçus mais heureusement plus que nous, Dieu est patient et Dieu est avec nous.

Voici les étapes de la conversion, mais une fois que Dieu a remporté une victoire en nous, une fois qu’il a converti une part de notre coeur il nous reste a chanter comme le psalmiste: « Bénis le Seigneur, ô mon âme, n’oublie aucun de ses bienfaits ! » L’ultime étape, celle qui grave dans notre coeurs les bienfaits de Dieu, c’est de faire mémoire de sa bonté, de sa victoire et particulièrement de ses petites victoires dans ma vie, c’est d’apprendre à la voir, à la dire pour ne pas l’oublier, car nous avons la mémoire courte, « par cette louange construisez-vous une mémoire du bien »