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La santé oui mais pour quoi faire ? – homélie de Pentecôte 2020

La santé oui mais pour quoi faire ? – homélie de Pentecôte 2020

Ces dernières semaines, toute notre attention a été concentrée (voire même obnubilée) sur la santé, notre santé, la santé de nos proches et nous avons tout fait pour préserver cette santé.

Notre santé si précieuse, notre santé qui est un don de Dieu mise en danger par ce virus.

Toutes les mesures de précaution étaient prises pour ne pas attenter à notre santé.

Nos plateaux télé, les antennes des radios ne parlaient plus que de santé. On n’a jamais vu autant de médecins, d’épidémiologistes et autres spécialistes, nous prodiguer leurs bons conseils à longueur de journée. Tout le reste semblait éclipsé par cet impératif unique : la santé.

La santé était devenue notre horizon indépassable, notre espérance.

Bien sûr que nous avons besoin de la santé, bien sûr qu’elle est un bien.

Oui mais enfin, une fois que nous sommes en bonne santé.

La santé n’est pas une fin en soi.

Il y a un risque à ne réduire la vie qu’à la santé.

La santé oui, mais pour quoi faire ?

Pour nous, disciples de Jésus, la santé, tout comme la richesse, la réussite, la liberté, nos projets, nos métiers, nos engagements n’ont qu’un but la sainteté. Ils ne trouvent leur sens qu’orientés vers la sainteté, subordonnés à la sainteté.

La santé ne nous sert à rien si nous ne désirons pas la sainteté ; et je vais même vous dire qu’une très mauvaise santé n’empêche pas une très belle sainteté, voire même que ce creuset de fragilités est un lieu plus favorable pour l’épanouissement de la sainteté.

Or Dieu n’a pas envoyé dans le monde un vaccinateur mais un sauveur.

Jésus n’a pas prêché la santé mais le salut.

A ceux qu’il guérit, il ne dit pas « va et mange 5 fruits et légumes par jour », mais « va ta foi t’a sauvé ».

Et en cette fête de Pentecôte, Jésus ne nous envoie pas un protocole sanitaire : il nous donne son Esprit Saint.

Et c’est ce dont nous avons le plus urgemment besoin : l’Esprit Saint.

Et c’est ce dont notre monde a besoin : des hommes et des femmes habités, conduits par l’Esprit Saint.

Par l’Esprit qui fait les saints.

Oui mais y a-t-il vraiment besoin de demander à nouveau l’Esprit Saint, alors qu’il est venu à la Pentecôte et que nous l’avons tous reçu au baptême ? Est-ce qu’il ne suffit pas de commémorer tranquillement la Pentecôte comme un événement passé, un peu comme on commémore le débarquement et l’armistice ?

Non, il ne faut jamais commémorer tranquillement la Pentecôte ! Parce que c’est une fête de feu ! Ce n’est pas une fête tranquille ! C’est même une fête inquiétante, non pas pour nous qui voulons nous laisser embraser, mais inquiétante pour les esprits qui rodent dans le monde : l’esprit de division, l’esprit de haine, l’esprit de jugement, l’esprit de mesquinerie, l’esprit de comparaison, ces légions d’esprit qui nous diminuent, qui nous rabougrissent, qui nous empêchent de vivre comme le Christ ; contre l’influence de ces esprits dans notre monde et dans nos cœurs, nous voulons accueillir l’Esprit Saint, l’Esprit qui fait les saints !

Alors en ce jour de Pentecôte, en cette messe de Pentecôte, je vous invite à demander à l’Esprit Saint de descendre en chacun de nos cœurs, sur notre assemblée, sur notre ville. Invoquons-le avec foi. Qu’il descende comme il est venu au jour de Pentecôte ; qu’il descende comme il est venu au jour de notre baptême, de notre confirmation ; qu’il descende aujourd’hui ; qu’il descende et renouvelle la face de la terre ; qu’il descende et qu’il fasse son œuvre en nous, car nos cœurs ont besoin d’être renouvelés.

Viens Esprit consolateur, viens sécher nos larmes, viens guérir nos cœurs meurtris par ce temps de confinement, viens soigner nos blessures les plus profondes, les plus secrètes, les plus tues, les plus honteuses.

Viens Esprit Saint, Esprit qui chasse la peur, viens et comme tu as donné aux apôtres de dépasser la peur qui les tenait enfermés au Cénacle, brise nos verrous, éloigne nos peurs, donne-nous l’esprit d’audace.

Viens Esprit qui transforme, viens changer nos cœurs de pierre en cœur de chair, viens renouveler nos vies.

Viens Esprit conseiller, donne-nous de te prier en premier, de te demander conseil en toute chose, d’attendre ta lumière pour ne pas nous jeter trop vite dans l’activisme ou de tout recommencer à l’identique, viens et éclaire nos choix, fais qu’ils soient selon le cœur de Dieu, viens habiter, guider chacune de nos décisions.

Viens Esprit Saint pour assouplir ce qui en nous est trop raide et pour affermir ce qui en nous est trop mou.

Viens Esprit Saint et rebâtis patiemment ce qui est brisé.

Viens Esprit d’unité, viens faire l’unité dans nos cœurs et garde-nous du diviseur, viens faire l’unité dans nos vies et garde-nous de nous éparpiller, viens faire l’unité dans nos familles, dans notre société, fais de nous des artisans d’unité.

Viens Esprit de charité, amour même du Père et du Fils, viens et inscris en nous l’amour de Dieu et de nos frères.

Viens et guéris nos amours blessés.

Viens et apprends-nous à aimer plus.

Viens en nous pour que le premier témoignage que nous rendions dans ce monde où tu nous envoies soit cet amour débordant et convaincant, lumineux et contagieux.

Viens Esprit Saint, viens.

 

Abbé Simon d’Artigue