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La joie: le désespoir surmonté – Homélie Laetare 2018

Pour le dimanche de la joie on a décidé de vous désespérer en sélectionnant un choix de lecture particulièrement noires:

L’évocation de l’immense drame de la déportation du peuple à Babylone

La destruction du temple de Jérusalem par Nabuchodonosor

Les pleurs du peuple en exil qui se souvient de Jérusalem avec nostalgie

Et pour finit la croix

On va d’échec en échec et avec ça paye ta joie

On aurait pu choisir des choses plus guillerettes, des choses qui donnent le moral, de la pensée positive, je sais pas vous montrer des images de chatons, des soleils couchants, de beaux paysages ou bien se répéter en boucle: tout va bien, tout va bien…

En fait il y a une seule référence à la joie, c’est dans le psaume « Je veux que ma langue s’attache à mon palais, si je perds ton souvenir, si je n’élève Jérusalem au sommet de ma joie. »

Et de fait c’est dans ce psaume que se trouve la clé de la joie

Oui mais la joie chrétienne ce ne sont pas des chatons, la joie ce n’est pas l’optimisme béat et mensonger, la joie elle n’est pas dans la fuite du réel, la joie elle n’est peut être même pas dans la victoire présente, la joie chrétienne c’est le désespoir surmonté, habité, la joie chrétienne elle est dans la certitude de la présence de Dieu à nos cotés, avec nous.

Et dans le psaume il y a 4 références à la mémoire: « nous souvenant de sion », « si je t’oublie Jérusalem que ma main droite m’oublie », « si je perds ton souvenir ». Serait ce à dire que la joie ressemblerait à une sorte de nostalgie, on retrouverait la joie en se souvenant du passé? cette joie là, la joie nostalgique est venimeuse, car elle nous fait peut être du bien un instant,  mais elle ne change pas le présent, au contraire elle l’empoisonne, le stérilise, interdit le changement, la conversion.

Parce que ce désespoir il n’est pas que celui du peuple de Dieu en exile à Babylone il y a trois mille ans ou des disciples aux pieds de la croix il y a deux milles ans, nous aussi nous sommes parfois la tête au fond du seau, nous aussi nous pouvons éprouver l’angoisse, l’échec, la tristesse, l’envie de baisser les bras, d’abandonner et dans ces moment le Seigneur nous semble bien loin, c’est à ce moment précis qu’il faut faire cet exercice de mémoire, ceux que les lectures du jour nous proposent:

« Dieu est riche en miséricorde ;

à cause du grand amour dont il nous a aimés,

par sa bonté pour nous dans le Christ Jésus. »

« Car Dieu a tellement aimé le monde

qu’il a donné son Fils unique,

afin que quiconque croit en lui ne se perde pas,

mais obtienne la vie éternelle.

Car Dieu a envoyé son Fils dans le monde,

non pas pour juger le monde,

mais pour que, par lui, le monde soit sauvé. »

Et il se trouve que ce qui es vrai dans l’histoire sainte, dans l’histoire du peuple de Dieu  et vrai aussi dans mon histoire (parce qu’au fond je suis du peuple de Dieu) nous oublions trop souvent les bienfaits de Dieu, sa présence à nos cotés.

Il y a donc l’acte de mémoire et l’acte de foi

L’acte de mémoire pour nous souvenir des bienfaits de Dieu dans notre vie, de tous ses bienfaits et c’est important avant d’en faire mémoire de les célébrer, d’en rendre grace habituellement dés qu’ils arrivent, de les graver dans nos coeurs pour ne pas les oublier.

Mais l’acte de mémoire ne suffit pas il faut aussi L’acte de foi; car si Dieu nous a fait miséricorde autrefois, Dieu qui est riche en miséricorde ne renonce pas à ses bienfaits, Dieu fait miséricorde, le souvenir au passé ne se conjugue en fait qu’au présent Dieu fait miséricorde, c’est la certitude à laquelle nous pouvons nous accrocher et elle est là notre foi, notre joie et notre vie.

 

abbé Simon d’Artigue