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Je suis le chemin – homélie 5ème dimanche du temps pascal 2023

Je suis le chemin – homélie 5ème dimanche du temps pascal 2023

« Acclamons la parole de Dieu.  » « louange à toi Seigneur Jésus. » ça devrait éclater de nos coeurs, ça devrait soulever un rugissement à faire trembler les murs de la cathédrale, les personnes de la place saint Etienne qui prolonge leur grasse matinée devraient tous être réveillé quand ils entendent les coeurs catholiques répondre à cette invitation du prêtre chaque dimanche « acclamons la Parole de Dieu » et au lieu de ca nous avons un tout petit « louange à toi Seigneur Jésus » peut être parce que nous nous sommes habitué à la parole de Dieu jusqu’à la rendre banale, une parole entendue, usée, on la lit comme on lit le monde, l’express, le midi olympique ou Closer, avec un oeil distrait, une oreille peu attentive, c’est normal alors de répondre un petit « louange à toi seigneur Jésus »

Mais ce n’est pas la Parole de Dieu qui est usée, ce sont nos cœurs.

Ce n’est pas le Verbe qui est fade, ce sont nos vies.

Ce n’est pas la parole de Dieu qui a vieilli, c’est nous, mes frères !

Il y a quelques temps on a découvert dans une église d’alsace un vieux crucifix au dos duquel il y avait une inscription qui reprenait le verset que nous venons d’entendre dans notre Evangile, cette parole si forte de jésus « je suis le chemin, la vérité et la vie » une parole forte, puissante mais à laquelle trop souvent nous nous sommes habituée, une parole qui n’a pas soulevé vos coeurs, alors le graveur, l’artiste avait ajouté au dos du crucifix comme une glose, comme s’il voulait réveiller nos coeurs assoupis:

« Je suis le chemin… Et vous ne m’avez pas suivi.

Je suis la vérité… Et vous ne m’avez pas cru.

Je suis la vie… Et vous ne m’avez pas vécu.

Si vous êtes malheureux, ne me le reprochez pas ! »

Car chacune des paroles de Jésus est pour nous.

Pour nous qui les écoutons, elles ne sont pas des paroles à discuter ou à étudier, j’oserai même dire qu’elles ne sont pas des paroles à méditer, mais elles sont des paroles à vivre, car l’Évangile n’est pas un livre à lire, mais un livre à vivre et c’est la première des invitations de Jésus : je suis la vie. Il est la vie en abondance comme nous l’entendions dimanche dernier, il est la vie qui coule dans nos veines, qui irrigue notre âme depuis le jour de notre baptême, il est la vie et cette vie doit être vécue. Etre chrétien c’est vivre en chrétien et cette vie est belle, elle resplendit dans le Christ et elle trouve sa traduction concrète dans la vie des saints, des saints de tous les temps et des saints de notre temps ceux qui peuplent cette cathédrale, tout ceux qui veulent laisser le Christ vivre en eux, comme disait saint Paul « ce n’est plus moi qui vit, c’est le Christ qui vit en moi »

Il est la vie et il est aussi la vérité, celle qui demande à être crue. Dans une époque de relativisme ou tout se vaut, ou l’on craint d’affirmer qu’il y a une vérité, ou les réseaux sociaux sont le lieu ou règne les vérités, vérités arbitraires, vérités contradictoires, peu importe, la tolérance nous enjoint de toutes les accepter. Alors affirmer comme le fait Jésus « je suis la vérité » semble le sommet de l’intolérance et par conséquent le péché mortel par excellence; le péché contre la modernité par excellence ! Et pourtant, Jésus est la vérité, sa personne est la vérité ; attention nous ne croyons pas en une doctrine d’abord, nous croyons en jésus Christ, nous croyons comme il l’affirme qu’il est la vérité et ensuite, parce qu’il est la vérité, nous croyons que sa parole est la vérité, que son enseignement est la vérité. Et cette vérité nous éclaire, elle éclaire notre intelligence pour nous aider à comprendre le monde, le monde dans lequel nous vivons, pour nous aider à comprendre l’homme, à comprendre qui nous sommes, quel est le sens de notre vie. Et comment le saurions-nous autrement ? En fouillant Wikipedia? en scrollant rageusement sur Internet ? Voire même en épuisant les bibliothèques ? Non ! Ce n’est qu’en écoutant celui qui est la vérité, en croyant en lui et en le suivant.

Car il est la vie,

Car il est la vérité

Car il est aussi le chemin et c’est peut-être le plus rassurant, il est le chemin et il attend que nous le suivions, c’est la première invitation qu’il fait à ses disciples : « suis moi »

C’est l’invitation qu’il nous fait aujourd’hui : Antoine, suis-moi, Camille suis-moi, Typhaine suis-moi, Étienne suis-moi… À chacun de nous, il fait cette invitation : suis-moi, suis moi aujourd’hui, c’est-à-dire fait un pas, un pas à ma suite. Parce que comprendre la vérité ça nous fait trembler, parce que vivre une vie de sainteté ça nous fait hésiter, « je n’y arriverai pas, c’est trop difficile », c’est pour cela que Jésus ne nous indique pas le but, qui nous semble trop loin, qui pourrait nous décourager, il nous montre le chemin « je suis le chemin » et le chemin c’est beau, c’est progressif, le chemin il nous façonne on y avance pas à pas, un pas après l’autre. on y avance avec des grands élans, ce sont ceux des premiers jours, des premiers temps de l’amour, c’est le coeur tout brulant des disciples d’Emmaüs. Sur ce chemin on tombe parfois, c’est le reniement de Pierre et le pardon de Jésus, car aucune de nos chutes ne décourage le Christ de nous relever, de nous encourager. Sur ce chemin on s’égare aussi, comme la brebis perdue, comme le fils prodigue et le Père vient à notre rencontre, il va nous chercher pour nous ramener sur le chemin. Sur ce chemin on apprend la persévérance et l’humilité.
Sur ce chemin on goute surtout la joie, le joie du chemin, la joie de cheminer avec celui qui est le chemin, avec Jésus qui est notre compagnon de route, celui qui nous enseigne, qui nous façonne patiemment, celui qui comme à Pierre adresse un double appel, un double suis-moi, il y a celui de la jeunesse quand il quitte ses filets et il y a celui de la fin de l’Evangile, après qu’il ait trahit, qu’il ait renié et qu’il ait réaffirmé son amour « tu sais tout tu sais bien que je t’aime » et Jésus de lui redire « suis moi » et pierre de reprendre le chemin.

Il y avait donc ce crucifix provocant.

Je suis le chemin… Et vous ne m’avez pas suivi.

Je suis la vérité… Et vous ne m’avez pas cru.

Je suis la vie… Et vous ne m’avez pas vécu.

Si vous êtes malheureux, ne me le reprochez pas !

Et il y a maintenant Jésus qui se plante devant chacun de nous aujourd’hui, laissez sa parole vous toucher.

Je suis le chemin… Suis-moi.

Je suis la vérité… Crois-moi.

Je suis la vie… Vis-moi.

 

Abbé Simon d’Artigue